Muhammadu Buhari est mort ce dimanche 13 juillet 2025 à Londres, à l’âge de 82 ans. L’ancien président du Nigeria s’est éteint des suites d’une longue maladie, selon un communiqué publié sur les réseaux sociaux par Garba Shehu, son ancien porte-parole. Ce décès marque la fin d’un parcours politique marqué par le pouvoir militaire, la rigueur autoritaire et une présidence civile controversée.
Militaire devenu président démocratiquement élu, Buhari laisse derrière lui un héritage contrasté. Si certains le saluent comme un homme de principe, d’autres se souviennent d’un dirigeant austère et rigide, parfois coupé des réalités du pays.
Une carrière marquée par l’armée et l’autorité
Né en 1943 à Daura, dans le nord du Nigeria, Muhammadu Buhari est mort après une vie entièrement dédiée à son pays. Dès l’âge adulte, il s’engage dans l’armée. Il participe au coup d’État de 1966, combat lors de la guerre du Biafra, puis devient chef d’État en 1983 après un nouveau putsch. À 41 ans, il incarne déjà l’ordre et la discipline.
Sa courte présidence militaire est marquée par une lutte féroce contre la corruption et une répression brutale. Il fait même emprisonner Fela Kuti, figure de l’afrobeat et critique acerbe des militaires. Son programme “War Against Indiscipline” impose un autoritarisme sans nuance. Le général Buhari sera renversé en 1985, mais sa volonté de diriger ne s’éteindra jamais.
En 2015, il revient au pouvoir par les urnes, battant le président sortant Goodluck Jonathan. C’est une première dans l’histoire démocratique du Nigeria. Alors âgé de 72 ans, Muhammadu Buhari est mort dix ans plus tard, après deux mandats civils. Son accession au pouvoir par les urnes restera une étape importante dans l’histoire politique du pays.
Un président austère, un bilan mitigé
Durant sa présidence (2015–2023), Muhammadu Buhari est mort fidèle à lui-même. Peu bavard, rigide, il promettait la fin de la corruption et de Boko Haram. Mais les résultats sont en demi-teinte. S’il a mené des offensives militaires contre les groupes armés, l’insécurité persiste. Les attaques de Boko Haram et les enlèvements de masse, comme celui des lycéennes de Chibok, continuent de marquer l’opinion.
Sur le plan économique, la crise s’installe. Le chômage des jeunes explose, l’inflation est galopante. Les pénuries d’essence deviennent récurrentes. Le mouvement #EndSARS contre les violences policières cristallise la colère de la jeunesse. Buhari reste silencieux face aux manifestants. Pour beaucoup, cela symbolise sa coupure avec la rue.
Muhammadu Buhari est mort, mais laisse derrière lui un Nigeria épuisé, plus divisé que jamais. Pourtant, ses partisans louent son intégrité. Il n’a jamais été accusé d’enrichissement personnel. Pour eux, il reste un modèle de rigueur et de discipline, même s’il a échoué à transformer le pays en profondeur.
Muhammadu Buhari est mort : réactions et héritage politique
Les réactions à l’annonce de son décès ont été nombreuses. Le président Bola Tinubu a salué un “patriote et un homme d’État”. Plusieurs chefs d’État africains, comme Julius Maada Bio (Sierra Leone) et Umaro Sissoco Embaló (Guinée-Bissau), ont exprimé leur tristesse.
Mais Muhammadu Buhari est mort sans jamais réconcilier tous les Nigérians. Le politologue Afolabi Adekaiyaoja résume : “sa mort suscite de la tristesse chez certains, de la désillusion chez d’autres”. C’est le reflet d’un homme à la fois respecté et critiqué.
Son héritage reste complexe. Il a permis l’alternance démocratique, mais sa gouvernance autoritaire a souvent déçu. La jeunesse, majoritairement en rupture avec ses idées, réclame aujourd’hui un renouveau. Le “buharisme”, mélange de nationalisme économique, de moral conservateur et de rigueur militaire, semble en déclin.
Muhammadu Buhari est mort, mais son empreinte sur l’histoire politique du Nigeria restera forte. Figure du passé pour certains, il aura incarné, pendant plus de 50 ans, une certaine idée du pouvoir.
