La polémique actuelle autour d"un soupçon de l' immixtion du ministre de la communication dans le traitement de l'information n'est pas nouvelle en soi.
Les medias de service public ont été dans tous les régimes politiques objet d une convoitise permanente des pouvoirs politiques. Le petit frère Djandjinou dont je connais ses combats antérieurs pour la liberté de presse et les innovations qu'il a apportées alors qu'il était dans le privé en matière de traitement de l'information dans l'audiovisuel doit mesurer dans ses nouvelles fonctions la complexité de la gestion des médias publics entre devoir de garantir la liberté d expression et celle de protéger les intérêts de l'exécutif censés être ceux du peuple. Comme dit l'adage qui détient l'information détient le pouvoir.
Ce qui a changé au Burkina est que les medias ont gagné en maturité, les journalistes de la presse publique se sont presque affranchis de la tutelle politique et une véritable opinion publique existe tant sur les medias classiques que sur les réseaux sociaux. L' espace publique n'est plus le monopole de personne et nul ne peut l'apprivoiser même en y déversant beaucoup d'argent.
Mais entre l'obligation pour l'État de garantir le service public pour tous les citoyens, ses velléités de propagande somme toute compréhensible- on peut ne pas être accord mais c'est une réalité même dans les démocraties les plus avancées- et son obligation de garantir les intérêts et les opinions contradictoires de ses citoyens, que faire ?
Des grands spécialistes à l'instar de l'émérite professeur Serge Theophile Balima ont déjà publié des écrits de référence mondiale sur le sujet.
Pour ma part, jetant mon pavé dans la marre j'ai trois pistes de réflexion. Premièrement, s'agissant de la gouvernance des medias publics, ne faut il pas évoluer vers le modèle britannique avec la BBC en mettant en place un conseil de gouverneurs indépendants pour veiller à l'impartialité du traitement de l'information de l'audiovisuel public et à garantir l'indépendance des journalistes ? Deuxièmement apporter des innovations dans la régulation des médias dont l'organe de régulation doit acquérir plus d'indépendance et exercer un vetirable pouvoir sur les médias audiovisuels. Pouvoir prendre dans le sens de la veille de liberté des sanctions en cas de faute professionnelle avérée.Troisièmement l'éducation aux médias favorisera l"émergence d une opinion publique plus avertie et plus responsable. Quatrièmement, ramener au coeur de la formation des journalistes, les problèmes d'éthiques, de déontologie et de la responsabilité sociale des médias.
La liberté d'expression est une dynamique politico-sociale. Elle sera toujours fonction de la dynamique sociétale, des rapports de force en présence, du niveaue de développement economique , culturel et surtout de la réalité démocratique
Puisse le débat actuel sur la RTB soit fécond et non stérile.
Beyon Tiao
Ancien journaliste
Diplômé du Centre d'etudes diplomatiques et stratègiques de Paris.
Docteur ès sciences de la communication de l'université de Bordeaux Montaigne.
Nos lecteurs ont lu ensuite :
Le gouvernement burkinabè reçoit un don de véhicules électriques
Nationalisation et création de nouvelles sociétés: Le conseil des ministres adopte des mesures strat...
Renforcement de la résilience : près de 28 milliards F CFA investis dans la Boucle du Mouhoun
Burkina Faso : Attaque du système informatique de la Sofitex, les techniciens travaillent pour la re...
e-CMC : La digitalisation douanière au Burkina Faso pour des immatriculations sécurisées et rapides
L'avant-projet de loi sur le statut de l'artiste bientôt devant l'Assemblée au Burkina Faso
Le Président Ibrahim TRAORE reçoit les membres du Conseil d'orientation de la Commission de régulati...
Les Initiateurs de la Mascotte du Président au SIAO 2024 font un don de plus d'un million de F CFA p...