Politique: Nana Thibault reçu de nouveau par Blaise Compaoré

Ce week-end où il a été reçu samedi pour la seconde fois par l’ex-président. Avant son départ, ce dimanche 26 novembre pour Ouaga, Informateur.info a rencontré le président du Rassemblement Démocratique Populaire pour comprendre ses motivations. Entretien.

Informateur.info : Entre le Cfop, la Coder et la Mouvance présidentielle, où se situe votre parti, le Rassemblement Démocratique Populaire au Burkina Faso ?

Nana Thibaut : Merci pour l’opportunité que vous me donnez de m’exprimer à travers votre site. Le Rassemblement Démocratique Populaire est un parti politique que j’ai créé en 1999. Dès sa création, le parti a eu la confiance d’une bonne frange de la population. Cela m’a permis d’être élu conseiller municipale durant deux mandats sous Simon Compaoré alors maire central de la ville de Ouagadougou. Pour répondre à votre question, je dirai que le RDP , sans être membre des coalitions que vous avez citées, demeure un parti qui entretient de bons rapports avec tous les autres partis politiques. Quand dans un pays l’horizon s’assombrit, il est bon que l’on réfléchisse aux solutions pour éviter que le pire n’arrive. C’est pour vous dire qu’avec la Coder, et le Cfop nous avons la même vison pour notre pays.

  • Depuis quelques temps, vous faites du retour du Président Compaoré au Burkina Faso une fixation. Qu’est- ce qui vous motive à ce point?

Ce qui me motive, c’est une reconnaissance personnelle vis-à-vis du président Compaoré. Au Burkina Faso, c’est moi Nana Thibaut qui ai organisé la première manifestation contre la vie chère. Le mouvement avait été mal interprété par les autorités Burkinabè et cela m’avait coûté 3 ans de prison ferme. Après la manifestation de Ouaga, il y a eu un éveil ailleurs comme en Côte d’Ivoire par exemple où les populations ont aussi commencé à dénoncer à la vie chère.

  • Quel est le rapport avec la reconnaissance dont vous parlez ?

Quand j’ai été arrêté, le président Compaoré était en déplacement en Guinée. A son retour, il a trouvé un pays mouvementé et on lui a fait un rapport indiquant que c’est Nana Thibaut qui a organisé des journées ville morte et mis le pays dans un tel état. Après quelques temps, le président Compaoré m’a gracié en disant qu’il reconnaissait lui-même que la cherté de la vie était une réalité. C’est ainsi que j’ai été libéré et j’ai pu retrouver ma famille et mes amis. Je ne peux pas oublier cette parenthèse de mon histoire. Tout comme je ne peux rester aujourd’hui inactif devant la situation que vit le président Compaoré. C’est donc en homme engagé, responsable et reconnaissant que je milite aujourd’hui pour le pardon, pour la réconciliation et pour le retour du président Compaoré au Burkina Faso et pour la paix sociale et durable dans notre pays. C’est une démarche pacifique et républicaine.

  • Vous militez pour le retour de Compaoré mais est-ce que l’idée fédère les Burkinabè ?

J’ai rencontré des autorités coutumières, et même politiques avec qui j’ai échangé sur la nécessité de la réconciliation. Je leur ai dit que Blaise Compaoré en sa qualité de chef d’Etat a des qualités et des défauts. Il ne mérite pas la situation qu’il vit aujourd’hui. Une vie en exil. Regardez ceux qui sont aux affaires aujourd’hui, ce sont les «petits» de Compaoré. Ils ont vécu ensemble pendant 30 ans, depuis le Front Populaire jusqu’à l’insurrection populaire en passant par le CDP. Trente ans d’amitié et de camaraderie ne peuvent pas être sacrifiés à cause de la politique. Ils ont partagé bien de choses au-delà de la politique. Je ne peux pas assister à cette situation sans tenter d’apporter ma contribution à la réconciliation et à l’unité nationale. Ça ne sert à rien que le Burkina s’entredéchire.

  • Vous qui venez de rencontrer le président Compaoré pensez- vous qu’il est dans les dispositions d’un retour au pays maintenant?

Blaise Compaoré est un croyant, un homme sage, un grand homme. Au regard de ce qu’il a fait chez lui et ailleurs en Afrique. Ma visite au président Compaoré s’inscrit donc dans le cadre de la paix et de la réconciliation. Ça fait ma deuxième visite, j’étais là le 14 septembre dernier et je suis arrivé encore hier (ndlr vendredi 24 novembre) pour le rencontrer. Moi ma démarche vise à créer les conditions de son retour au pays et je peux vous assurer que c’est son souhait. Beaucoup pensent que je suis motivé par autre chose mais ils se trompent. Je ne viens pas pour son argent ou pour lui dire qu’il pourra revenir au pouvoir au Burkina. Mon souhait, c’est de voir Compaoré revenir au Burkina et contribuer par ses conseils au développement et au rayonnement de son pays. C’est un homme d’expérience et ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir sont ses élèves.

  • Pensez-vous que les autorités Burkinabè qui ont été les élèves de Compaoré comme vous le dites, soient ouvertes à votre démarche sur son retour ?

Depuis que j’entreprends cette démarche, je n’ai pas encore rencontré de difficultés. Et je voudrais d’ailleurs profiter de l’occasion pour saluer les autorités burkinabè, notamment le président Roch Kaboré. Même si, aujourd’hui, la politique a fait que lui et son doyen ne parlent plus le même langage, ils doivent pouvoir faire la paix des braves. L’essentiel, c’est d’être capable de surmonter les dissensions du passé et de construire ensemble l’avenir.

  • Vous faites déjà beaucoup mais est-ce que les choses n’iraient pas plus vite si vous associez d’autres personnes à votre démarche plutôt que de porter ce fardeau tout seul?

On a toujours dit que l’union fait la force. Et je suis entièrement d’accord avec cet adage. Avant de venir ici, j’avais en projet d’organiser un grand rassemblement de tous les partisans de la paix, de la réconciliation nationale. Un rassemblement où les associations, les OSC et les partis politiques qui souhaitent voir le Burkina vivre dans la paix sociale seront présents. Aujourd’hui, si je dis qu’à moi tout seul je pourrai faire revenir le président Compaoré au Burkina, si je dis que je peux réconcilier les Burkinabè, j’aurais menti. Il faut le soutien de tout le monde et j’essaie de tracer le chemin.

  • Un appel à lancer ?

Je voudrais d’abord remercier le président Alassane Ouattara pour son hospitalité vis-à-vis de Compaoré. Je salue sa grande compréhension et son humanisme. En deuxième position, je voudrais saluer Guillaume Soro, le président de l’Assemblée Nationale. Ensemble, les deux ont tout mis en œuvre pour accueillir le président Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire a un moment critique. C’est la preuve qu’entre la Côte d’Ivoire et le Burkina, il n’y a que l’amour et l’amitié. L’appel que j’ai à lancer, c’est de demander au président Ouattara de s’impliquer davantage pour le retour de son frère Blaise Compaoré chez lui, au Burkina Faso. Je lance le même appel à tous les chefs d’Etat africains afin qu’ils s’impliquent pour le retour du président Compaoré au Burkina Faso. Aujourd’hui, c’est Compaoré mais demain ce sera le tour de qui ? Je ne souhaite pas que Blaise Compaoré meurt un jour en exil. S’il devrait mourir, ce qu’à Dieu ne plaise, qu’il meurt sur la terre de ses ancêtres. Le contraire serait un déshonneur pour le Burkina Faso.

Propos recueillis par Jean François Fall

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