Tabaski à Bobo-Dioulasso Un business autour du mouton

La Tabaski est prévue pour le 1er septembre 2017 au Burkina Faso. A Bobo-Dioulasso comme dans d’autres localités du pays, un business se développe autour d’un animal : le bélier, utilisé pour le sacrifice de l’Aïd el-kébir. Son prix à l’approche de la fête, reste très élevé.

Comme les fleurs annoncent que l’arbre va bientôt porter des fruits, le mouton annonce l’approche d’une des grandes fêtes musulmanes : la Tabaski ou l’Aïd el-kébir. Vendredi 25 août 2017, à une semaine de cette fête prévue pour le 1er septembre 2017, à Bobo-Dioulasso, le bélier est présent au bord des rues en troupeau ou seul attaché à un piquet, à proximité d’une maison. A l’abattoir frigorifique, ce marché s’est développé. En effet, le mouton est le principal objet du business. Amado Gadiaga, un vendeur de mouton explique les tendances des prix comme à la bourse des marchés financiers.  « Le marché de mouton-là, c’est un marché de dollars : souvent ça baisse, souvent ça augmente »,explique-t-il. « Actuellement, le marché est en équilibre », dit-il avant de nous montrer des béliers en troupeau derrière lui, dont les prix varient de 50 000 à 90 000 F CFA.  Connaisseur du marché, Amado Gadiaga fait savoir que les prix vont flamber à deux jours de la fête, et qu’un bélier pourrait alors être vendu à plus 200 000 F CFA. Son voisin Abdoul Ouattara se réjouit de sa vente : « On ne se plaint pas. Par jour, je peux vendre six à sept moutons ». Il renchérit en ces termes : « Actuellement le mouton n’est pas cher. A 50 000 F CFA, tu peux avoir un bon mouton ».Mais les clients ne sont pas de cet avis. Un peu plus loin de ces vendeurs, Yacouba Traoré est en train de discuter le prix de bétail avec un vendeur. Venu s’acheter un bélier pour fêter en famille, il déplore les prix élevés.

Le bélier vacciné, un danger pour le consommateur

« Les moutons sont extrêmement chers », crie-t-il devant un vendeur de bétail. « Le prix minimum est à 115 000 F CFA. Il y a moins que ça, mais si tu as une grande famille ? On ne peut même pas payer », fait-il savoir avant de se demander si le trafic en direction de la Côte d’Ivoire ne joue pas sur les prix. « …. Les gens préfèrent vendre en Côte d’ivoire. Le peu qui reste ici devient cher », affirme Yacouba Traoré. Afin d’amoindrir le coût, il demande au gouvernement de prendre des mesures, tout juste pour la période de la fête de Tabaski. Effectivement, la destination ivoirienne est prisée par les vendeurs de bétails. Moussa Sanga, venu de Rambo, convoie ce 25 août 2017, une centaine de bétail dans un camion en direction de la Côte d’Ivoire. « J’ai acheté mes béliers à Titao. Au Burkina Faso, je ne peux pas dire que le marché n’est pas bien. Mais en Côte d’Ivoire, nous espérons avoir plus de bénéfice. Il y a des moments où nous ne réalisons pas de bénéfice », explique M. Sanga. « Si j’achète un bélier à 75 000 F CFA au Burkina Faso, je peux le revendre à 100 000 F CFA en Côte d’Ivoire », déclaré-t-il. Selon le vendeur de bétail, au moins 20 camions par jour sortent du Burkina Faso avec des béliers. Pour éviter des surprises désagréables, Moussa Sanga dit faire vacciner son bétail. C’est dans cette activité que Moussa Fofana s’est spécialisée. Agent vétérinaire, analphabète, il dit avoir appris son métier sur le tas. « J’ai suivi des gens qui faisaient la vaccination. J’ai observé et je me suis lancé dans cette activité », dit-il. Sa prestation coûte 200 F CFA par mouton. « Par jour, je peux vacciner entre 5 à 30 moutons. J’achète les produits en pharmacie »,dit-il. Mais selon Edith Traoré, agent technique d’élevage exerçant dans un cabinet vétérinaire, la vaccination faite par Moussa Fofana présente des risques pour les consommateurs. « A l’approche de la Tabaski, pour ne pas causer des effets secondaires aux consommateurs, nous ne traitons pas de bétail. Il y a des traitements dont le délai d’attente est 14 jours après ». Edith Traoré demande à l’Etat de prendre ses responsabilités face aux concurrents qui agissent illégalement. « C’est à l’Etat de prendre des mesures. Les gens cherchent le moins cher. On va dire quoi ? »,se demande cette dame.

Source: AIB

 

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