Message du Comité Exécutif à l’occasion de la parade du chef de file de l’impérialisme français et de son valet au Burkina Faso sur le campus universitaire de Ouagadougou
Camarades étudiantes et étudiants,
Ce 28 novembre 2017, le président de la république française Emmanuel Macron, accompagné de son homologue Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, s’adresse à la jeunesse d’Afrique et du Burkina Faso ici à l’université Ouaga1 Pr Joseph Ki Zerbo.
Cette visite se tient dans un contexte sous régional marqué par la remise en cause de l’influence de la France bousculée par des puissances rivales notamment les USA, l’Allemagne et les pays émergents du BRICS dans son pré carré.
Au niveau national, elle se tient dans un contexte d’insécurité généralisée, d’aiguisement de l’esprit de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et de la résistance au putsch de septembre 2015 chez des milliers d’hommes et de femmes du peuple Burkinabè, qui contestent les intérêts stratégiques de la France tels que la présence de ses troupes militaires sur le sol du Burkina Faso et des pays d’Afrique, les accords secrets de domination franco-Burkinabè, le Programme d’Ajustement structurel avec sa nouvelle variante PNDES. Elle se tient également dans un contexte marqué par la montée des luttes populaires qui rejettent la mise en œuvre de la feuille de route de l’impérialisme français par les autorités du MPP.
Dans un tel contexte, que peuvent attendre le peuple et la jeunesse populaire notamment estudiantine burkinabè de la politique africaine du président Emmanuel Macron, représentant en chef d’une puissance en perte de vitesse? Viendrait-t-il pour annoncer la fin du pillage des ressources des pays africains par les firmes françaises Bolloré, Bouygues ou Total ? Viendrait-t-il annoncer le départ des troupes militaires françaises du sol des pays d’Afrique ? Assurément non car l’Afrique et le Burkina notamment restent le cœur de l’influence française dans le monde et elle n’entend pas se laisser faire sur son pré carré par ses puissances rivales et les peuples d’Afrique en lutte. Par ailleurs, le Burkina Faso présenté depuis l’insurrection populaire et la résistance au putsch comme une source d’exemple pour les peuples d’Afrique et du monde en lutte, est cependant regardé par la France comme un enfant rebelle de son pré carré qu’il faille coute que coute maitriser et garder dans le giron de sa domination.
C’est sous cet angle qu’il faut inscrire sa visite au Burkina Faso, où il lancera sa politique africaine.
Camarades étudiantes et étudiants,
Cette visite du président de la république française donc, contrairement aux gesticulations des élites et des intellectuels de service, n’a rien à voir avec l’amitié des peuples franco-burkinabè. Au contraire la visite d’Emmanuel Macron vise à sauvegarder les intérêts géostratégiques, militaires, économiques et politiques de son pays fortement ébranlés par l’insurrection populaire et la résistance au putsch. Comme le disait un des présidents de la France impérialiste : la France n’a pas d’amis elle n’a que des intérêts. Et les intérêts de la France ce sont les ressources énergétiques et minières stratégiques d’Afrique, les régimes dictatoriaux à ses services qui répriment leurs peuples pour sauvegarder ses intérêts, etc. Il en sera ainsi, tant que la France restera une puissance impérialiste.
Camarades étudiantes et étudiants,
Le discours d’Emmanuel Macron est livré à l’Université Ouaga1 Pr Joseph Ki Zerbo qui, à l’image des autres universités publiques du Burkina Faso, est plongée dans un chaos où les années académiques sans tête ni queue se chevauchent, les étudiants manquent d’infrastructures, d’enseignants, de connexion internet de qualité etc. Cette situation est due en grande partie à l’application des politiques telles que le Programme d’Ajustement Structurel (PAS), le système Licence-Master-Doctorat (LMD) qui sont pilotées par les grandes puissances notamment la France et leurs officines que sont la Banque mondiale et le FMI. L’on a en mémoire en effet qu’à travers ses mesures dites de structuration et de stabilisation, le FMI qui curieusement a eu pour la plupart du temps un premier responsable de nationalité française, a poussé nos Etats à se désengager du secteur éducatif ouvrant la porte de l’enfer à nos universités publiques. Ces politiques antisociales qui ont détruit le système éducatif et les universités publiques de notre pays ont été appliquées par certains animateurs actuels de la vie politique nationale dont le président du Faso. Lui qui a tenu les portefeuilles ministériels tels que le ministère des finances et le premier ministère pour appliquer le PAS.
Alors que des milliers d’étudiants espéraient que cette visite soit l’occasion pour eux d’interpeller les deux dirigeants et de dénoncer leurs politiques anti-étudiantes et anti-démocratiques à travers une participation et des échanges démocratiques à la rencontre, les organisateurs n’ont réservé que quatre (4) questions à des étudiants triés sur le volet.
Est-ce acceptable camarade?
Est-il acceptable que nous manquons cette occasion d’interpeller le président français sur sa politique impérialiste vis-à-vis de nos pays ? Lui qui a ouvertement déclaré à la face du monde que l’Afrique a un problème de civilisation. Non, cela n’est pas acceptable car nous vivons de mauvaises conditions de vie et d’études du fait principalement de la politique de son pays et voulons dénoncer un certain nombre d’aspects de cette politique. Cela est d’autant plus inacceptable que nous avons tous en mémoire l’injure de son prédécesseur Nicolas Sarkozy envers l’Afrique devant des étudiants de l’université Cheik Anta Diop de Dakar. Pour la jeunesse populaire, celle qui est victime des politiques de domination de la France notamment, la visite d’Emmanuel Macron ne doit pas être célébrée comme celle d’un Messie. Son arrivée au Burkina Faso doit être perçue comme une volonté affichée de la France de consolider le système de la France-Afrique camouflé désormais dans le partenariat dit Europe-Afrique.
C’est pourquoi elle est l’occasion pour nous, de poser nos préoccupations réelles aux deux dirigeants à travers des actions d’interpellation. Nous voulons plus d’infrastructures, plus d’enseignants, plus de bourses pour étudier dans de meilleures conditions. Nous comprenons qu’aucune jeunesse estudiantine n’a d’avenir dans un pays dont la souveraineté est aliénée par la présence des troupes militaires étrangères, qui exfiltrent des dictateurs comme Blaise Compaoré et son clan afin qu’ils échappent à la justice. Aucun épanouissement véritable n’est possible pour nous avec la domination monétaire, les accords secrets de soumission et d’exploitation, le PAS, qui impactent négativement sur nos conditions de vie et d’études, empêchent nos dirigeants d’avoir une vision autonome pour le système éducatif et d’y investir des moyens conséquents. Nous comprenons également que nous ne pouvons pas étudier dans la paix et la tranquillité avec des troupes militaires étrangères à nos portes, des interventions militaires françaises en Afrique tout azimut sources d’insécurité pour nous et d’instabilité pour nos Etats. C’est pourquoi nous exigeons du président de la république française Emmanuel Macron et du président du Faso Roch Marc Christian Kaboré:
le départ des troupes militaires françaises du Burkina et d’Afrique
la cessation immédiate des interventions militaires d’agression des peuples d’Afrique
la fin de la monnaie coloniale FCFA
la rupture des accords secrets de domination et du PAS.
Vive la jeunesse patriotique et révolutionnaire en lutte !
Pain liberté pour le Peuple !
Le comité Exécutif
Je vous remercie.
Ouagadougou le 28 novembre 2017