L'enquête engagée en France sur les accusations d'agressions sexuelles sur mineurs en Centrafrique mettant en cause des soldats français n'a débouché sur aucune mise en examen, a-t-on appris hier mardi 3 janvier.
La fin des investigations a été notifiée le 20 décembre, a-t-on appris mardi 3 janvier par l’AFP, citant une source judiciaire. Six militaires désignés comme pouvant être les agresseurs des enfants ont été entendus, mais aucun n’a été mis en examen. Ils ont affirmé aux enquêteurs avoir donné des rations alimentaires aux mineurs, mais nié tout abus sexuel.
Le dossier pourrait s’acheminer vers un non-lieu. Les parties disposent toutefois d’un délai de trois mois pour demander de nouveaux actes d’enquêtes avant les réquisitions du parquet de Paris et une décision définitive des juges.
Une enquête complexe
Depuis mai 2015, trois juges d’instruction enquêtaient sur des accusations de viols commis dans le camp de déplacés de M’Poko, près de l’aéroport de Bangui, entre décembre 2013 et juin 2014, et visant au départ quatorze militaires français de la force Sangaris. Cette enquête a pris fin en octobre 2016.
En juillet 2015 puis à l’été 2016, les enquêteurs se sont rendus en Centrafrique, notamment pour y recueillir les témoignages d’une dizaine d’enfants. Un travail complexe d’autant que des variations sont apparues dans certaines versions.
Mais, selon une source de l’AFP proche de l’enquête, les magistrats et la gendarmerie prévôtale, chargée d’enquêter sur les crimes et délits commis par des militaires lors d’opérations extérieures, ne sont pas parvenus à corroborer les accusations portées contre les soldats.
Une autre enquête classée sans suite
Depuis cette première affaire – restée secrète jusqu’à ce qu’elle soit révélée fin avril 2015 par le journal britannique The Guardian – deux autres enquêtes, portant également sur des allégations d’abus sexuels potentiellement commis par des militaires français en Centrafrique, ont été ouvertes sous l’autorité du parquet de Paris.
Sur ces deux enquêtes, la première, qui concernait le cas d’une jeune fille se disant victime d’un viol en 2014 avant d’évoquer un rapport consenti non protégé, a été classée sans suite le 25 novembre. En revanche, la seconde est toujours en cours, a-on appris mardi par l’AFP, citant une source judiciaire.
Ouverte en avril dernier après un signalement de l’ONU, elle porte sur de potentielles agressions sexuelles sur trois mineures, entre 2013 et 2015 à Dékoa (centre). La note de l’ONU faisait alors état de six témoignages, ceux de quatre enfants se disant victimes et de deux témoins. D’autres enfants se sont signalés depuis, et ceux qui se disaient témoins se sont par la suite déclarés victimes, relate l’AFP.
Militaires étrangers
Pour dénoncer l’impunité des militaires français, le site d’information Mediapart a publié mardi 03 janvier une enquête intitulée « Les exactions impunies de l’opération Sangaris », dans laquelle plusieurs personnes disent avoir subi des abus sexuels de la part de militaires français.
Alors que les soupçons d’abus sexuels pèsent lourdement sur des militaires étrangers basés en Centrafrique, d’autres accusations ont été portées, notamment contre des Casques bleus de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca).
Une enquête de l’ONU a récemment permis d’identifier 41 Casques bleus gabonais et burundais servant dans la Minusca. Ils sont soupçonnés d’avoir commis des agressions sexuelles dans la préfecture de Kemo (centre) en 2014 et 2015.
Source: Jeune Afrique
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