La bonne gouvernance économique fait partie des conditions qui garantissent la réalisation de l’objectif de la transformation structurelle de l’économie. Dans ce domaine, l’action de mon gouvernement a permis, comme je le soulignais dans mon introduction, de consolider la reprise de la croissance économique enregistrée depuis 2016. En effet, en dépit d’une situation sécuritaire nationale et sous régionale difficile et d’une pluviométrie déficitaire, le taux de croissance économique est ressorti à 6,7% en 2017 contre 5,9% en 2016.
Ces performances prouvent que notre économie est en construction. Oui, le Burkina se redresse dans la perspective de l’émergence.
L’amélioration du niveau du produit national est le fruit du dynamisme observé dans le secteur secondaire qui a réalisé une progression de 10,5% en 2017 contre 3,9% en 2016, en lien avec une bonne orientation de l’activité dans le secteur des mines et l’intensification des investissements dans les BTP.
L’accélération de la croissance économique résulte également de la bonne tenue des activités marchandes du secteur tertiaire qui s’est accru de 6,6% et de la progression de la valeur ajoutée du secteur primaire qui, en dépit de la baisse du rythme de sa croissance, a enregistré un accroissement de 3,6%.
Du côté de la demande, la croissance du PIB réel en 2017 a également été tirée par la consommation finale qui a contribué à hauteur de 4% et par l’investissement dont la contribution a été de 2,9%.
Les actions du gouvernement ont également permis de maintenir la stabilité macroéconomique en 2017. En effet, le taux d’inflation est ressorti à 0,4% donc en dessous de la norme communautaire de 3%.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
S’agissant de la mobilisation des ressources propres, des efforts ont été enregistrés même si l’ambition du Gouvernement est de porter le taux de pression fiscale au-dessus de 20% avant 2020.
Les recettes totales et dons ont été mobilisés à hauteur de 1583,6 milliards de FCFA à fin décembre 2017 contre 1412,5 milliards en 2016, soit une progression de 12,1 %.
L’amélioration du niveau des recettes totales est essentiellement tirée par la croissance des recettes propres qui sont passées à 1 389, 4 milliards de F CFA en 2017 contre 1 230,5 milliards de F CFA en 2016, soit un taux d’accroissement de 12,9%. Cette augmentation est consécutive à la hausse des recettes fiscales de 15,1% contribuant ainsi à améliorer le taux de pression fiscale qui passe à 16,6% contre 15,8% en 2016.
Concernant les ressources extérieures, au 31 décembre 2017, un montant total de 77,9 milliards FCFA a été décaissé au titre des appuis budgétaires sur une prévision annuelle de 124,9 milliards FCFA, soit un taux de décaissement de 62,5%. Au titre des appuis projets, 201 milliards FCFA ont été décaissés sur une prévision annuelle de 388 milliards FCFA, soit un taux de 51,8% au titre de la mobilisation des ressources extérieures.
Les bonnes performances dans la mobilisation des recettes propres résultent des réformes entreprises par mon Gouvernement au titre de l’année sous revue. Il s’agit entre autres de :
- l’opérationnalisation, en février 2017, de la facture normalisée au niveau des contribuables du réel normal d’imposition avec un taux d’utilisation estimée à 69% ;
- la création de nouvelles recettes de service ;
- la modernisation du mode de gestion de certaines recettes de services, notamment des recettes du secteur minier, la délivrance des titres de transport, des passeports etc. ;
- la modernisation de la législation fiscale et la revue des procédures fiscales et douanières ;
- la prise de mesures permettant de limiter les abus en matière de prix des transferts et de renforcer l’action en recouvrement ;
- la rationalisation et le suivi des exonérations fiscales et douanières ;
- le renforcement du contrôle, de la lutte contre la fraude et la corruption ;
- l’implémentation des outils moderne de travail (Sylvie, SIGU, géolocalisation des marchandises en transit, paiement par orange monnaie etc. ;
- l’apurement partiel des restes à recouvrer estimé à 21,5% pour les recouvrements d’assiettes et 5% des redressements liés aux contrôles ;
- l’externalisation de l’évaluation des véhicules d’occasion confiée à la CCVA ;
- la mise en œuvre des télé-procédures avec notamment le déploiement en cours de l'application télé-déclaration ;
- des efforts de recouvrement additionnels déployés durant le dernier trimestre 2017, afin de rattraper les contreperformances consécutives aux mouvements de grèves des agents des régies de recettes.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
La hausse du déficit budgétaire, malgré une nette amélioration des capacités de mobilisation des ressources résulte de l’augmentation des dépenses publiques en 2017. En effet, les dépenses totales et prêts nets ont été exécutés à hauteur de 2 180,4 milliards de FCFA à fin décembre 2017 contre 1 636,5 milliards de FCFA à fin décembre 2016, soit une hausse de 33,2%. Cet accroissement est imputable principalement à l’augmentation des dépenses en capital de 49,8%, en lien avec la ferme volonté du Gouvernement de mettre en œuvre les projets porteurs de croissance et à même de permettre une transformation structurelle de l’économie.
Pour leur part, les dépenses courantes se sont accrues de 17,8% résultant essentiellement de la hausse des dépenses de personnel.
De même, relativement à la gestion budgétaire, à la tenue des comptes publics et à l’exercice de la tutelle, les principaux résultats engrangés sont entre autres :
- l’opérationnalisation de 25 unités de vérification des dépenses du budget de l’Etat, portant leur nombre total à 30. Cela a contribué à la réduction des délais de traitement et de paiement de la dépense. A la fin décembre 2017, le délai moyen entre la liquidation et le paiement des dépenses est de 37 jours et le délai moyen de paiement des dépenses après visa du Payeur général est de 4 jours pour des cibles respectives de 47 jours et 30 jours ;
- la poursuite de l’adaptation du système d’information à la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) ;
- la prise des textes d’application de la loi portant réglementation générale de la commande publique adoptée par votre auguste Assemblée le 02 décembre 2016 ;
- la poursuite de l’optimisation du dispositif de gestion des marchés publics. En 2017, le pourcentage des marchés publics conclus dans le délai de validité des offres est de 97,9% pour une cible d’au moins 90%. ;
- Le pourcentage des marchés publics conclus suivant les procédures de droit commun est de 87,5% pour une cible d’au moins 85%. Le pourcentage des marchés publics conclus suivant les procédures exceptionnelles est de 12,5% pour une cible inférieure à 15% ;
- l’élaboration et l’adoption des documents de politique immobilière et d'équipement.
Au vu de ces bonnes performances et des dispositions prises pour assurer la stabilité macro-économique, le Conseil d’Administration du FMI a approuvé le 14 mars 2018 un nouveau programme économique et financier 2018-2020 soutenu par la Facilité Elargie de Crédit (FEC) d’environ USD 157,6 millions soit l’équivalent de 90 milliards de FCFA.
Cette décision du FMI a permis un décaissement immédiat d’environ USD 26,3 millions, 14,3 milliards de FCFA.
Toutefois, au-delà du volet purement financier de cet accord, cette décision du Conseil d’Administration du FMI crédibilise notre pays vis-à-vis de la communauté internationale, singulièrement les partenaires bilatéraux et multilatéraux.
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
La résilience de notre pays aux chocs adverses tient à la capacité de mon gouvernement à piloter l’économie et le processus du développement. En particulier, elle tient à la formulation et à la mise en œuvre de bonnes politiques de développement.
Ainsi, dans une perspective d’efficacité et d’efficience dans la mise en œuvre du PNDES et du Budget-programme, le Gouvernement s’est attelé à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques sectorielles.
Par ailleurs, mon gouvernement poursuit l’opérationnalisation du second compact du Millenium Challenge Corporation (MCC) avec la finalisation de l’analyse des contraintes à la croissance et l’identification des secteurs prioritaires. Ces études préalables ont permis de porter notre choix sur le sous-secteur de l’énergie comme contrainte prioritaire à lever en vue d’asseoir la transformation structurelle de notre économie.
A cela, il faut ajouter :
- la mise en place de l’observatoire national du dividende démographique ;
- la mise en place du Programme d’appui au développement des économies locales ;
- le démarrage du processus d’élaboration des schémas régionaux d’aménagement et de développement durable du territoire des régions du Centre, du Sahel et de l’Est.
Pour un renforcement des performances dans l’exécution des projets et programmes de développement, une nouvelle règlementation générale y relative a été élaborée et adoptée. Dans ce domaine précis, les résultats exposés lors de la 8ème édition des assises de l’Assemblée générale des projets et programmes de développement sont très encourageants. En effet, il est ressorti que 82,1% des projets et programmes sont très performants ou moyennement performants contre 17,9 % qui enregistrent des résultats insatisfaisants.
La prise en compte des recommandations issues de cette rencontre ainsi que l’application de la nouvelle réglementation permettront d’améliorer significativement les performances des projets et programmes.
Par ailleurs, la mise en place des pôles de croissance s’est poursuivie avec le recrutement de cabinets pour les études socio-économiques et spatiales complémentaires du Pôle de croissance du Sahel et l'étude de préfaisabilité des agropoles du Sourou et de Samandéni.
Une des orientations majeures de la politique de pilotage de l’économie est la prise en compte des disparités spatiales dans le processus de développement. Ainsi, dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’urgence pour le Sahel, le gouvernement a entrepris:
- la construction de 9 préfectures, 8 résidences de préfets et une résidence de secrétaire général de province ;
- la réhabilitation de 7 préfectures et 4 résidences de préfets ;
- la construction et la réhabilitation de clôtures de hauts commissariats et de préfecture.
Enfin, dans le domaine de l’environnement des affaires et de la promotion du secteur privé, en dépit de nombreuses réformes entreprises en 2017, le classement Doing Business du Burkina Faso est passé de 146ème sur 189 en 2016 à 148ème sur 190 en 2017, soit un repli de deux places.
C’est pour pallier cette insuffisance qu’un décret portant révision du dispositif institutionnel de suivi du climat des affaires a été adopté en 2017 avec la mise en place d’un comité de pilotage que je préside personnellement.
Dans le même esprit de créer un environnement favorable à l’éclosion d’un secteur privé dynamique, le Gouvernement a œuvré au maintien du dialogue permanent avec les acteurs privés, à travers notamment la tenue de la rencontre annuelle Gouvernement/Secteur Privé du 05 au 08 mai 2017 à Bobo-Dioulasso.
En termes de résultats, le nombre d’entreprises nouvellement créées a progressé de 8,2% par rapport à l’année 2016 passant de 11 661 en 2016 à 12 619 en 2017.