PNDES: « notre ambition n’était pas de revenir de Paris avec des chèques »Paul Kaba THIEBA

Le Premier Ministre Son Excellence Paul Kaba THIEBA a animé une Conférence de presse cet après-midi du lundi 19 décembre 2016 à Ouagadougou. Cette rencontre avec les hommes de médias avait pour objet de faire le bilan de la conférence de Paris sur le financement du PNDES et les perspectives. L'intégralité de la déclaration liminaire de Paul Kaba THIEBA.

Mesdames et messieurs les journalistes
Permettez-moi avant tout propos, de condamner une fois de plus, l’attaque survenue ce vendredi 16 décembre à Nassoumboudans le Soum. En cette circonstance douloureuse, je voudrais tout d’abord m’incliner pour saluer la mémoire des valeureux soldats tombés pour la défense de la patrie et exprimer à mon nom propre, à celui de mon gouvernement et du peuple burkinabè, ma compassion et ma solidarité, aux familles des victimes ainsi qu’à l’ensemble des Forces Défense et de Sécurité. Et comme l’a dit le Président du Faso Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian KABORE, cette septième attaque, lâche et barbare, depuis le 15 janvier 2016, vient une fois de plus nous rappeler que le combat contre le terrorisme est loin d’être gagné. Car nos ennemis veulent détruire notre modèle de société et notre démocratie. Chaque fois qu’ils sentent que nous sommes en train de gagner la victoire dans la lutte pour le bien-être de nos populations, ils relancent leur manœuvre de déstabilisation.
Nous en avons conscience et c’est pourquoi le Peuple burkinabè est et restera debout pour défendre la sécurité des biens et des personnes et l’intégrité du territoire national.

Mesdames et messieurs les journalistes,
Je voudrais vous remercier pour votre grande mobilisation qui m’offre l’opportunité d’échanger avec vous surles résultats de la conférence de Paris pour le financement du PNDES, tenue les 07 et 8 décembre dernier. Cette conférence comme vous le savez était un rendez-vous majeur dans l’agenda de mon gouvernement, puisqu’il devrait permettre de partager la nouvelle vision de développement du Burkina Faso avec l’ensemble de ses partenaires, d’obtenir leur adhésion pour la mobilisation des 36% de financements extérieurs nécessaires à la mise en œuvre de cet ambitieux plan.
Les enjeux étaient donc énormes et portés au plus haut niveau par son ExcellenceMonsieur Roch Marc Christian KABORE, Président du Faso lui-même qui a présidé l’ouverture des travaux, afin de dire de vive voie, la nouvelle vision qu’il compte impulser au développement du Burkina.
La conférences'est déroulée en deux étapes. La première a eu lieu le 7 décembre 2016 et a été consacrée au secteur public c’est à dire les partenaires publics bilatéraux et multilatéraux, ainsi que les organisations non gouvernementales. La seconde, tenue le 8 décembre 2016, a été consacrée au forum des investisseurs privés nationaux et internationaux.Au terme de ces deux jours de travaux, le bilan est largement au-dessus de nos attentes, au regard des résultats engrangés. Ce succès ce situe à plusieurs niveaux.
D’abord au niveau de la mobilisation, nous avons enregistré une participation record.
Au total, près de 800 participants provenant de pays amis, d'institutions publiques multilatérales et bilatérales, du secteur privé national et international, ainsi que de la société civile, ont pris part aux travaux alors que nous escomptions au départ environ 300 participants. Cette forte participation a été la manifestation du grand intérêt porté au Burkina Faso, à la crédibilité retrouvée du pays et au leadership du chef de l’Etat au plan international.
Du point de vue du financement du PNDES, il est important de préciser que notre ambition n’était pas de revenir de Paris avec des chèques ou de la liquidité, mais d’obtenir un engagement des PTF pour accompagner le gouvernement dans la mise en œuvre du PNDES. Le montant du financement à rechercher était de 5 570 milliards de FCFA. Dès le premier jour de la conférence, les intentions de financement s’élèvent à 8352 milliards de FCFA soit 150% du besoin de financement. Le deuxième jour, les manifestations d’intérêt des acteurs du secteur privé s’élevaient à 10 062 milliards de FCFA.
En conséquence, le montant agrégé des intentions de financement publics et privés présentées à la conférence, s'élève à 18 414 milliards de francs CFA, soit un taux de couverture de 330%. Cespromesses de financements émanent d’institutions des nations-unies, de pays amis, d’institutions bancaires internationales, africaines, sous-régionales, mais également d’acteurs privés internationaux et nationaux. Une lecture des annonces donne une forte proportion d’engagements de financement pour les secteurs de l’énergie, de l’agro-alimentaire des infrastructures, des transports, de l’agriculture et de l’eau,del’environnement, de l’habitat, de la santé, et de l’éducation. Tous les trois axes du PNDES sont concernés par ces financements.
Après ce succès éclatant, le prochain défi de mon gouvernement est de travailler à la matérialisation des engagements. Il s’agit pour nous dans un bref délai, de préparer des dossiers et de rentrer immédiatement en contact avec chaque partenaire en vue de remplir les conditions préalables pour le décaissement des montants promis. Ce n’est qu’après ce travail qu’il sera aisé de connaitre la nature des financements, qu’il s’agisse de dons, d’appuis budgétaires, de prêts concessionnels ou de projets à réaliser dans le cadre du Partenariat Publique Privé. Le temps presse et j’ai donné des instructions afin qu’on travaille avec diligence pour gagner en efficacité.
Mesdames et messieurs les journalistes
Si les partenaires ont marqué leur adhésion totale au PNDES, c’est parce qu’ils ont cru aux réformes structurelles que nous sommes en train d’opérer pour assoir les bases d’un développement durable du Burkina Faso avec une croissance forte, durable et inclusive. Ces réformes structurelles couvrent tous les secteurs de l’économie nationale. Elles portent notamment sur la qualité de la gouvernance, la politique de décentralisation, la lutte contre la conception et le bon fonctionnement de la justice.
Elles portent également sur les secteurs de l’énergie, de l’eau et des transports. Mon Gouvernement s’engage également à entreprendre de profondes réformes au niveau des régies financières, impôts, et douanes, notamment en vue d’améliorer leur efficacité.
Comme vous le savez, le PNDES ambitionne un niveau d’investissement important qui sera réalisé à travers les projets et programmes, instruments privilégiés d’opérationnalisation de notre référentiel.

Le succès de la conférence de Paris est celui du Peuple burkinabè, singulièrement celui de la jeunesse. C’est la reconnaissance du prix du sang payé par la jeunesse pour recouvrer la liberté et la démocratie. C’est la crédibilité retrouvée du Burkina sur la scène internationale à la suite des élections réussies et des progrès en matière de gouvernance. C’est la crédibilité du programme du gouvernement notamment du PNDES. C’est la crédibilité personnelle du Président du Faso.
Comment faire pour absorber toutes ces ressources ? C’est la question que se posent certaines personnes sceptiques.
La mise en œuvre réussie du PNDES passe nécessairement par une bonne exécution des projets et programmes de développement qui ont eu l’adhésion de nos partenaires. Cela passe également par une bonne organisation de tous les acteurs de la chaine de la partie nationale avec l’accompagnement de nos partenaires. A cet effet, l’anticipation, la bonne préparation des projets et programmes, leur programmation, le suivi et la mise en œuvre diligente des reformes restent les maîtres mots pour un bon niveau d’absorption des ressources.
Dans cette optique, tous les projets structurants n’ayant atteint un niveau de maturité, feront l’objet d’un processus accéléré de réalisation des études de faisabilité.
A cet égard, nous avons abondé le FONEPP, le Fonds National des Etudes de Préparation des Projets et Programmes, au cours de cette année 2016, le FONEPP recevra une dotation budgétaire de 5 milliards de fcfa en 2017. A la conférence de Paris, certains partenaires ont du reste exprimé leur disponibilité à soutenir le gouvernement dans la réalisation des études des projets, pour permettre de gagner du temps.
A cela s’ajoute, l’adoption au cours de cette année de l’Assemblée nationale de la loi d’habilitation pour accélérer les processus de ratification des conventions ainsi que des mesures d’allégements pour l’exécution des dépenses d’investissement. Il convient également de citer, la récente adoption le 02 décembre dernier,de la loi portant réglementation générale de la commande publiquequi permet d’accélérer l’opérationnalisation du PNDES. Comme vous le savez, parmi les goulots d’étranglement dans l’exécution des projets et programmes de développement figuraient les procédures de passation des marchés publics et cette loi va permettre plus de célérité et d’efficacité de la dépense notamment d’investissement dans les projets structurants pour amorcer la transformation structurelle de notre économie.
Il est aussi important de souligner que la mise en œuvre du PNDES de façon générale,sera optimisée par un dispositif de suivi-évaluation rigoureux comprenant un certain nombre d’organes et d’instances. Un décret a été adopté en novembre dernier par le conseil des ministres, et qui consacre un ancrage institutionnel fort, puisque le comité national du pilotage du PNDES sera personnellement piloté au plus haut niveau par le Premier Ministre, président des organes.
Des membres du gouvernement, des représentants des collectivités locales, les organisations de la société civile, les organisations non-gouvernementales, les représentants du secteur privé et les partenaires techniques et financiers feront également partie de ce dispositif de suivi-évaluation.Le comité National de pilotage sera à son tour appuyé par un comité technique national présidé par le Secrétaire Général du Premier Ministère et comprenant les secrétaires Généraux des départements ministériels, les directeurs généraux des études et statistiques sectorielles des ministères, les représentants des collectivités territoriales, les directeurs régionaux de l’économie, entre autres. Par ailleurs, les cadres sectoriels de dialogue et les cadres régionaux de dialogue permettent d’assurer le pilotage du plan.
Des rencontres périodiques sont prévues pour l’ensemble des organes, à savoir la revue annuelle du PNDES, la revue technique ou pré-revue semestrielles, les revues sectorielles au niveau des ministères et enfin, les revues régionales.
A ce dispositif institutionnel, s’ajoute le secrétariat permanent du PNDES, rattaché au Premier Ministère ;c’est l’organe administratif et technique qui fonctionne à temps-plein et qui est chargé de la coordination de l’ensemble du dispositif de suivi-évaluation du PNDES.
Mesdames et messieurs les journalistes
Si les intentions de financement dépassent largement le montant total du financement de l’ensemble du PNDES, la mobilisation des 63,6% de ressources propres reste un défi. Comme je l’ai toujours dit, nous devons compter en premier lieu, sur nos propres ressources pour imprimer notre développement. La communauté internationale à travers le succès de la conférence des partenaires de Paris a donné le ton et le Burkina devra relever le pari de mobiliser les 9 825,2 milliards de ressources propres. Pour y arriver, nous comptons sur le civisme patriotique de notre peuple à payer l’impôt et sur la poursuite des réformes ainsi que des mesures concrètes pour atteindre notre objectif.

Dans cette optique, les actions suivantes seront de mise :
- l’élargissement de l’assiette fiscale, tout en veillant à améliorer l’équité, la transparence, l’efficacité et le rendement de la fiscalité ;
- l’amélioration de l’administration fiscale par des systèmes fiscaux modernisés et progressifs, par une politique fiscale mieux conçue et par une collecte plus efficace des impôts ;
- le renforcement de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, etc.
D’ores et déjà, la loi de finances 2017adoptées par le Parlement imprime cette dynamique qui sera renforcée au cours de la mise en œuvre du PNDES.

Peuple burkinabè

Ce succès de la conférence de Paris nous impose également de nouveaux défis :
- l’insurrection contre la pauvreté et la résignation ;
- les défis vis-à-vis du civisme, du civisme fiscal, et du respect du bien public;
- les défis vis-à-vis de notre engagement patriotique, au-delà des divergences politiques et idéologiques ;
- les défis par rapport à la responsabilité sociale de tous ;
- le défi de la restauration des valeurs du travail, de l’honnêteté et de la justice, qui figurent parmi les fondements de notre société.
Je ne saurai terminer mon propos sans évoquer cette autre victoire pour mon gouvernement, l’élection de notre pays pour un autre compact du MCC.
Cette victoire signifie que le Burkina Faso sous le leadership du Président du Faso, a franchi les deux étapes du processus mis en place par MCC :
En effet, pour être éligible le Burkina Faso a été performant sur 13 des 20 critères notamment en matière de :
 la lutte contre la corruption ;
 la garantie des droits démocratiques.
Ces performances sont établies de manière indépendante par des tierces parties constituées d’institutions disposant de solides références en la matière, tels que le FMI, l’OMS, l’UNESCO, le Groupe de la Banque mondiale, le FIDA, Freedom House, la Société Financière Internationale (IFC).
Pour l’étape de la sélection, le Conseil d’Administration de MCC a passé en revue, pour tous les pays candidats éligibles au compact : (i) notamment, l’opportunité d’un compact pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté et (ii) la disponibilité des fonds.
Sur 20 pays candidats éligibles pour un compact, 3 pays ont été retenus dont le Burkina Faso.
Cette sélection à un second Compact confirme donc la crédibilité retrouvée du Burkina Faso.
Le retour à une situation démocratique normale avec l’organisation des élections, les reformes dans la lutte contre la corruption et en matière de santé sont des défis majeurs relevés par le Gouvernement.
En matière de gouvernance, les différents indicateurs suivi par MCC montrent que le pays s’est lancé dans une dynamique qui lui a valu d’être performant dans les critères tels que la Liberté civile, les droits politiques, liberté d’information, l’Etat de droit, l’efficacité des pouvoirs publics et la lutte contre la corruption.

En matière d’incitation de la liberté économique, les reformes en politique budgétaire et la qualité de la règlementation ont été bien appréciées.
Cette sélection nous projette dans une phase de développement du Compact au cours de laquelle les projets à financer doivent être identifiés.
Notre vision c’est d’articuler le Compact au PNDES en vue de l’amplifier pour l’atteinte des objectifs en matière d’amélioration des conditions de vie du Peuple burkinabé.
Je voudrais une fois de plus, réitérer les remerciements du gouvernement et de l’ensemble du peuple burkinabè à l’endroit de nos partenaires techniques et financiers qui ont joué un rôle déterminant dans le succès de la conférence de Paris, à travers leurs conseils, leurs appuis multiformes et leur participation active. Ces remerciements vont également à l’endroit du comité d’organisation, qui a travaillé d’arrache-pied à mes côtés pour que cette conférence soit un succès.
Pour finir, permettez-moi à l’orée de la nouvelle année, de vous adresser ainsi qu’à l’ensemble du peuple burkinabè, mes vœux de santé et de prospérité. Bonnes fêtes de fin d’année à tous.

Discours du Premier Ministre

Ajouter un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *