Fond commun au Burkina: la réaction de Bassolma Bazié

Ceci est une tribune de Bassolma Bazié sur le fonds commun.

« …La ministre de l’Economie et des Finances, Rosine Hadizatou Coulibaly/Sory, qui répondait à une question orale posée par le député Ousséni Tamboura le 23 mars dernier à l’Assemblée nationale. ».

« …A la fin de son discours, elle réitérera le vœu suivant : «Je souhaite que la grève soit l’exception et non la règle. Sinon, nous allons mettre le pays à genoux.»

« Son hôte du jour paraissait tout aussi révolté au cours de son mot de la fin. Alassane Bala Sakandé : «Pendant que le pays est attaqué de toutes parts et que nos soldats sont au front, certains ne voient que leur intérêt. Je demande que nous ayons un peu de patriotisme. Essayons de différer les revendications. Pendant les attaques, il y en avait qui manifestaient à côté de l’ambassade de France (Ndlr : sit-in des agents de l’Administration territoriale). Ils n’ont pas fui sans demander leur reste ? Quand les fous de Dieu arrivent, ils ne cherchent pas à savoir qui est syndicaliste ou pas. »

« …L’ambiance était tellement à l’émotion que la question orale destinée au ministre de l’Agriculture, qui était venu avec tout son staff, n’a pu être posée. ». Confère Observateur Paalga du 25 mars 2018, Issa K. Barry

Dans un pays en construction démocratique, dont son peuple a fait preuve dans l’histoire de témérité, d’exemplarité et d’esprit de sacrifices hors normes, en principe aucun sujet ne devrait être tabou ! Mieux, qu’il y ait par « lucidité » des questions parlementaires posées au gouvernement sur des sujets d’intérêts appréciable, et que le gouvernement y réponde avec une promptitude légendaire, quoi de plus louable !?

C’est du reste pour le souci de bonne gouvernance qu’en alerte, une fois de plus, et ce depuis le 5 novembre 2015 le mouvement syndical a adressé une correspondance à l’endroit de tous les candidats en lice pour la présidentielle du 29 novembre 2015 ; Et de même, il vient de signifier au Gouvernement qu’au lieu de convoquer « des forces vives » pour « une conférence sur une remise à plat des rémunération », il faut plutôt les convoquer pour « une conférence nationale sur les ressources nationales et leur gestion ; Thème qui prend en compte toutes les rémunérations mais aussi les fonds de souverainetés, les caisses noircies ou de tout autres colorations, les institutions budgétivores, le nombre de députés et de ministres convenables à une telle économie et leurs émoluments, la loi votée par l’Assemblée Nationale et révélée dans «Courrier confidentiel» N° 132  du 25 mai 2017 et titré « gestion des finances publiques : comment Salif DIALLO et sa « clic » ont effacé des traces… », le budget de l’Assemblée Nationale qui est passé de 8 à au moins 14 milliards de F CFA, de même que l’élucidation des résultats des différentes commissions d’enquêtes parlementaires etc. ». En effet et parlant de commissions d’enquêtes parlementaires, nous pouvons  rappeler parmi tant d’autres :

  1. La liste des personnalités qui doivent à l’Etat burkinabé à la date du 31 décembre 2014, dont certains ont des arriérés datant 2008; Montants estimés à au moins 49 milliards de Francs CFA. (Cf Le Journal LE REPORTER N°2011 du 1er au 14 avril 2017) 
  2. La commission d’enquête parlementaire sur la fraude  fiscale, l’impunité fiscale, les restes à recouvrer des régies de recettes ainsi que les chèques revenus impayés du trésor sur les années 2012, 2013 et 2014 qui a officiellement remis son rapport général le 16 octobre 2015 au gouvernement ; « Cette enquête a permis au niveau des administrations fiscales de prendre conscience qu’il y a un problème et que beaucoup d’administrations étaient assises sur ce phénomène. Au niveau des dettes à recouvrer nous avons vu des dettes de 10 ans, 15 ans et même 20 ans. On a vu un seul contribuable qui a émis 102 chèques impayés», s’alarmait le vice-président de la Commission d’enquête, Alexandre Sankara qui confiait que « des cas de complicités existent entre les contribuables et les administrations ». Le manque à gagner a été estimé à au moins 29 milliards 876 millions 366 935  F CFA. (Cf. 226 INFO du 16 octobre 2015). « Il y a des milliers de chèques que les gens émettent qui arrivent au trésor et qui ne passent pas. » a annoncé le vice-président. (Cf Burkina 24, le 16 octobre 2015 Par Oui Koeta).
  3. La Commission d’Enquête parlementaire sur le foncier urbain, installée le 14 juin 2016, qui a rendu ses résultats le 13 septembre 2016, les résultats validés en session plénière le jeudi 13 octobre 2016, et indiquant qu’il y a eu des malversations sur le foncier qui s’évaluent à 105 408 parcelles et donc une perte pour le Trésor public de 100 milliards de Francs CFA.
  4. La Commission d’enquête parlementaire sur les titres miniers et responsabilité sociale des entreprises, sur la période 2005-2015, ayant rendu ses conclusions le 25 octobre 2016 indiquant qu’il y a eu un manque à gagner évalué à plus de 551 milliards de Francs CFA.
  5. La Commission d’enquête parlementaire sur les réalisations d’infrastructures publiques et l’acquisition d’équipement pour les maîtrises d’ouvrages délégués (CEP-MOD), sur la période 2010-2016, ayant livré ses résultats le 7 décembre 2017, et indiqué qu’il y a 502 chantiers publics en souffrance, et que sur seulement 11 ouvrages enquêtés le manque à gagner relatif au non versement à l’Etat des pénalités appliquées par les MOD, aux reliquats dégagés par les conventions et la mauvaise réalisation des infrastructures sont chiffrés à 7 milliards 839 millions de Francs CFA.
  6. Les résultats d’enquêtes indiquant que des dignitaires doivent 15 milliards de factures impayées à la SONABEL (cf « site : Burkina Faso en Image » du 18 février 2015). Etc.

C’est par là, la vraie voie de la soutenabilité et de la justice sociale tant brandies par nos autorités.

Toute autre chose n’est que de la diversion et de la culture de la confrontation sociale en vue de détruire toute force de Contre-Pouvoir et cacher une incapacité dans la gestion de l’appareil d’Etat. En effet, sur le propos de Madame la Ministre « «Je souhaite que la grève soit l’exception et non la règle. Sinon, nous allons mettre le pays à genoux.», je lui rappelle qu’une délégation des centrales syndicales en marge de la Conférence Internationale du Travail, le 5 juin 2016 à l’ambassade du Burkina à Genève a interpellé la délégation Gouvernementale conduite par Monsieur Clément P. SAWADOG, ex Ministre de la Fonction Publique, d’attirer votre attention sur votre façon de gérer le dialogue social avec les partenaires au MINEFID ; cela fait 2 ans 10 mois ! Parce que bien gouverner c’est savoir prévoir ou prévenir !

Par ailleurs, n’est-ce pas paradoxale qu’un Président d’une Assemblée Nationale décrive bien une situation sécuritaire dramatique dans son pays et en même temps s’éclipse hors des frontières du même pays sur plus d’une vingtaine de jours ?

De même, après sa posture sur « Pendant les attaques, il y en avait qui manifestaient à côté de l’ambassade de France (Ndlr : sit-in des agents de l’Administration territoriale). Ils n’ont pas fui sans demander leur reste ? », espérons qu’il se soit bien assuré que certaines de ses collègues autorités n’ont pas virgulé devant des ambassades qui sont aussi des territoires étrangers pendant les mêmes attaques: quel patriotisme ?

Et c’est en cela que cette dernière sortie parlementaire semble avoir exactement le même contenue et ambition que celles de:

  1. Monsieur Paul Kaba THIEBA, le Premier Ministre (Cf NetAfrique .Net du 23 février 2016 : « Les vérités de Thiéba aux syndicats…  »;
  2. Feu Salif DIALLO, Ex Président de l’Assemblée Nationale (Cf LEFASO.NET | Moussa DIALLO • jeudi 2 mars 2017 à 11h30min «  Grèves à répétition : Le président de l’Assemblée nationale dénonce des manœuvres d’officines politiques pour déstabiliser le pouvoir. »).
  3. Monsieur Clement P. SAWADOGO, Ex Ministre de la Fonction Publique, et actuel Ministre de la Sécurité : (Cf : « Donc parlant d’insurrection, si on continue dans ce sens, la prochaine insurrection sera celle des paysans, de ces 40% contre tous les fonctionnaires réunis. Ce n’est pas un cas d’école, car cela s’est déjà produit ailleurs. » dans le Journal SIDWAYA du 21/12/2017, 20:30 et celui du 02/07/2017, 22:10).

Il est important dans ce cas de rappeler que depuis sa création en 1946 dans la ville de Bobo-Dioulasso, donc bien avant la proclamation de la république de Haute-Volta le 11 décembre 1958 et de l’indépendance formelle le 5 août 1960, le Mouvement Syndical a vu chaque régime arriver, avec pour la plus part des gesticulations et dans un fond de culture de division, d’opposition, de confrontation sociale, et par la suite périr de ses propres turpitudes.

En invite, la situation sécuritaire « bien décrite » par son Excellence Alassane Bala SAKANDE demande plus que de « l’émotion » à nos « représentants du peuple » : le patriotisme !

Par ce que «  Toutes les émotions sont contagieuses. L’orateur doit d’abord éprouver celles qu’il veut faire partager. », selon une Citation de Gustave Le Bon ; Les aphorismes du temps présent (1913) ;

Et à Louis-Philippe Robidoux ; Lueurs (1951) d’ajouter que : « Ce que l’émotion gagne en superficie, elle le perd en profondeur. » ;

D’où  Grégoire Lacroix ; Les euphorismes de Grégoire (2006), a conclu que : « Ceux qui prennent leurs émotions pour des sentiments ne sont pas loin de prendre un serment d’ivrogne pour un engagement formel. ».
Chers camarades travailleurs et travailleuses au Burkina Faso et ailleurs et ailleurs, notre force, c’est notre unité et notre solidarité!

Bassolma BAZIE

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