Politique: Léonce Koné écrit à Blaise Compaoré et souhaite se retirer du CDP

 Dans une correspondance adressée à Blaise Compaoré, Léonce Koné, a manifestement annoncé son retrait du CDP. « Je souhaite, avec votre accord, me retirer du CDP », a-t-il écrit à l’ex-chef de l’Etat réfugié à Abidjan. Nous vous proposons in extenso ladite correspondance datée du 14 mars dernier. Comme quoi, il n’y a pas de fumée sans feu. Lisez ! 

Monsieur le Président, 

Il y a quelques semaines, le Bureau politique national du CDP a décidé de réinstaller notre camarade Eddie Komboïgo dans les fonctions de président du parti, en même temps qu’il a fixé la date du prochain congrès ordinaire aux 5 et 6 mai 2018. Le BPN a confirmé également la décision qu’il avait prise antérieurement de proroger le mandat de la Commission ad hoc, sous ma présidence, jusqu’à la tenue du congrès.

Bien que résolument hostile au retour de Eddie Komboïgo à la tête du parti, en raison de la légèreté et de la fuite de responsabilité qu’il a montrées dans l’exercice de ses fonctions, je me suis plié à cette décision, dans l’intérêt de la cohésion du parti, choisissant d’observer comment il se comporterait. Je m’étais engagé dans la conduite de la mission de la Commission ad hoc, avec enthousiasme, en visant deux objectifs :

– contribuer à remettre les organes de base du parti sur pied, en favorisant un choix consensuel et démocratique de leurs membres par les militants concernés eux-mêmes ;- avec l’idée que ce processus aboutirait à confier la direction du CDP à une nouvelle équipe dirigeante crédible, dont la loyauté envers le Fondateur et la ligne politique du parti seraient confortées par des dispositions statutaires appropriées.

Je crois, humblement, que la Commission ad hoc a rempli sa mission sur le premier point, aidée en cela par la volonté d’une multitude de militants de voir renaître leur parti, sur de bonnes bases.

En revanche, le retour à la direction du parti de Eddie Komboïgo et de ses amis me fait craindre, comme à de nombreux autres camarades, que nous ayons accompli tout ce travail pour remettre finalement le CDP entre les mains de personnes qui ont déjà donné la preuve de leur inconstance et de leur duplicité.J’ai reçu récemment la visite de Eddie Komboïgo, qui est venu m’assurer de ses bonnes intentions et de sa loyauté.

Je l’ai invité, à cette occasion, à démontrer cette disposition d’esprit, d’une part, en intégrant dans le comité d’organisation du congrès les cadres les plus emblématiques qui ont défendu la cause du parti au cours des dernières années, y compris ceux qui étaient réticents à son retour, d’autre part, en évitant de remettre en cause la composition des structures territoriales mises en place sous l’égide de la Commission ad hoc.

Dès le lendemain, à une réunion du Bureau exécutif national, j’ai pu observer qu’il ne tenait pas parole. De façon inexplicable, Ambroise Tapsoba, qui est l’un des hommes de média les plus actifs du parti, se trouvait mis à l’écart du comité d’organisation du congrès.

Dans le même temps, j’assistai à une tentative concertée de modifier la composition de la Section provinciale du Houet, contre l’avis majoritaire des militants de la province et celui d’un responsable politique loyal, de la trempe de Salia Sanou.

Par devoir et par solidarité envers tous ceux qui ont placé leur confiance dans le travail de redressement entrepris par la Commission ad hoc, j’aimerais parachever le mandat qui nous a été confié en poursuivant, aussi loin que possible, la mise en place des structures territoriales, notamment les Sections provinciales du Kadiogo et du Houet, qui sont soumises à de fortes rivalités, ravivées par la nouvelle direction du parti.

Après cela, ayant fait de mon mieux pour être utile au parti dans une phase critique de son existence, je souhaite, avec votre accord, me retirer du CDP. Il va de soi que, ce faisant, j’entends néanmoins continuer fidèlement mon engagement politique à vos côtés. Je reste donc disponible pour toute autre mission que vous jugerez utile de me confier.Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération et de mes sentiments respectueux.

Ouagadougou, le 14 mars 2018

Léonce B. KONE

 

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