Dans une interview accordée au quotidien d’Etat, Sidwaya, le procureur militaire Alioun Zanré revient sur l’affaire Dénise Auguste Barry. D’entrée de jeu, il informe qu’un « projet de soulèvement populaire était prévue » et la date retenue était le 30 décembre 2017.
Objectif : « contraindre le régime légalement élu du président Roch Marc Christian Kaboré à démissionner », indique-t-il. Mais comment cela allait-il se passer ? « Il y avait des relais au niveau de la société civile et de la classe politique également. Il consistait dans un premier temps à recruter des jeunes, selon ce qui est ressorti des témoignages des personnes appréhendées », affirme le procureur militaire.
L’on devait faire croire à ces jeunes « que c’était pour obtenir des financements pour mener des activités génératrices de revenus ». « Le responsable de ce financement, appelé le « boss », devait rencontrer les jeunes dans plusieurs quartiers, dès le 27 décembre, mais cela n’a pas été possible, compte tenu de son indisponibilité. Le 28 décembre au soir, on a signifié aux jeunes en question que le « boss » demandait à ce qu’ils aillent à la place de la Nation pour manifester en vue d’exiger le départ du régime légalement élu », poursuit Alioun Zanré.
Outre ces jeunes, « des officiers ont été approchés pour demander leur appui à l’insurrection en cours contre de l’argent » et c’était entre le 25 et le 27 décembre 2017. Certains officiers ont reçu un million ou 1,5 million de francs CFA, et l’un d’entre eux a même perçu la somme de 20 millions de francs CFA pour la logistique.
Au stade actuel de l’enquête, Alioun Zanré ne peut pas établir que des hommes politiques ont pris part au complot. « Nous sommes à quatre inculpés détenus à la maison d’arrêt et de correction, un inculpé non détenu et deux autres inculpés », précise-t-il. A la question de savoir si le colonel Barry a reçu des soutiens étrangers, le procureur militaire signifie que « Certaines personnes entendues ont dit que lors de leurs échanges avec le colonel Barry, il aurait pris des contacts avec des pays africains et européens, des hommes politiques et des religieux, mais pour le moment le juge d’instruction n’a entendu aucun des intéressés ».
Source : Sidwaya