Nous commémorons cette année le 1er mai dans un contexte tout particulier, marqué aux plans aussi bien international que national par la pandémie du Coronavirus. Cette pandémie impacte très négativement les différents domaines de la vie socioéconomique, financière, politique et sociale et dévoile les limites et les échecs des systèmes qui gouvernent jusque-là notre monde.
En raison de cette situation exceptionnelle, l’UAS, tout comme de nombreux syndicats frères dans le monde ne pourra pas commémorer le 1er mai comme d’habitude. Elle se contente d’adresser le présent message à ses militantes et militants, aux travailleuses et travailleurs du Burkina Faso et d’ailleurs.
Camarades travailleuses et travailleurs,
Au plan international, comme nous l’avons annoncé, la situation est fortement marquée par les effets terribles de la pandémie du Covid-19 qui, apparue en Chine en décembre 2019, s’est propagé depuis lors et continue de se propager dans le monde entier. Les conséquences de cette pandémie sont catastrophiques pour les travailleuses et les travailleurs, pour l’économie et pour toute l’humanité. Elle a pour conséquence l’arrêt total ou partiel des entreprises et donc de la production, le ralentissement des activités, la fermeture totale/partielle des marchés, des écoles et universités, des restrictions aux libertés et droits des citoyens. De ce fait, ce sont des millions de travailleurs qui ont perdu leurs emplois sans être assurés d’un minimum de protection sociale. Cette crise dévoile toute la perversité du système capitaliste qui a placé la recherche du profit et l’accumulation effrénée de richesse au-dessus des intérêts des hommes : désengagement des Etats de la production et des secteurs sociaux de l’Education et de la Santé, privatisations tous azimuts, protection sociale régulièrement soumise à des réductions, robotisation à outrance, …
Au plan national,
En lien avec la pandémie, l’UAS a, en date du 26 mars 2020, produit une déclaration dans laquelle elle soumettait au gouvernement un ensemble de propositions. Si nous pouvons nous réjouir de la prise en compte de celle relative à la suspension des factures d’eau et d’électricité, nous observons que bien d’autres propositions sont jusque-là ignorées. Il s’agit en l’occurrence de la suspension des loyers, de la baisse des prix des produits de première nécessité, de la mise à disposition des tests du Covid-19 et de l’augmentation de la capacité d’accueil des structures sanitaires.
Nous saisissons l’occasion de ce message pour interpeller une fois encore le gouvernement pour une gestion plus conséquente de la pandémie. Dans ce sens, il importe :
- de donner plus de cohérence à l’action de riposte notamment en impliquant les différents niveaux du système sanitaire ainsi que les partenaires sociaux;
- de veiller à une dotation conséquente des personnels de la santé en matériel de travail et de protection ;
- de protéger les travailleurs contre les violations de leurs droits par certains employeurs qui tentent de tirer profit de la pandémie ;
- de veiller à une gestion saine, uniforme et non partisane des aides apportées aux personnes vulnérables ;
- d’organiser la levée des restrictions (réouverture des marchés et des classes) avec toute la prudence requise.
Camarades militantes et militants,
Travailleuses et travailleurs,
Hormis la pandémie et ses effets, la situation nationale reste marquée par une recrudescence des attaques terroristes avec leurs lots de victimes et de déplacements des populations et par la poursuite des attaques contre les libertés démocratiques et syndicales.
Concernant les attaques terroristes, nous observons que les régions du Sahel, de l’Est, du nord, de la Boucle du Mouhoun et du centre Nord sont aujourd’hui très éprouvées par des attaques répétées des terroristes. Ce qui est regrettable, c’est l’impression que donnent les autorités de s’accommoder de la situation. En effet, dans de nombreuses localités de ces régions, les terroristes se sont installés et dictent leurs lois aux populations abandonnées à elles-mêmes. De nombreux villages se sont vidés de leurs populations qui vont grossir les rangs des déplacés internes de Kongoussi, Barsalogho, Djibo, Arbinda, Titao, Kaya, … Ces déplacés internes dont le nombre ne cesse de croître sont confrontés à des problèmes de logis, d’alimentation, d’eau potable, de santé, d’éducation et d’occupation professionnelle. Avec le début de la saison pluvieuse, les risques de catastrophe humanitaire prennent une ampleur réelle pour ces populations, sans compter qu’elles ne pourront pas avoir accès à leurs champs pour les travaux champêtres.
Quant aux attaques contre les libertés démocratiques et syndicales, marquées au début par des tentatives d’adopter des lois liberticides, elles se sont poursuivies et ont pris un relief particulier en 2020 avec :
• l’interdiction et/ou la répression de marches-meetings malgré la contestation des travailleurs, la saisine et l’avis de la commission des experts pour l’application des conventions et recommandations (CEACR) en 2014 ; ;
• le blocage de la révision du code du travail livrant ainsi les travailleurs du privé pieds et poings liés au patronat ;
• la révision par l’Assemblée nationale du code pénal intégrant de nouvelles dispositions visant en fait à museler la presse et la liberté d’expression ;
• les agressions contre les droits des travailleurs, cas des mesures prises contre l’Alliance Police Nationale (APN) en violation non seulement des textes nationaux et internationaux concernant la liberté syndicale mais aussi des décisions de justice prononcées par le tribunal administratif et le Conseil d’Etat.
Ces derniers mois, le front social a été marqué par des luttes multiformes et multisectorielles des travailleurs. Comme nous l’avons dit l’an passé, nous réitérons notre appel aux travailleurs du public comme du privé à maintenir et à développer l’unité d’action à la base autour des préoccupations communes qui s’accumulent malheureusement. A titre d’exemple, on peut citer la relecture du Code du Travail, la mise en œuvre de l’AMU en ignorant les réserves de l’UAS, l’opérationnalisation du check off, la mise en place des permanents syndicaux et de la représentativité syndicale, la relecture du kiti AN IV-023 du 23 août 1986 portant fixation des modalités et des tarifs des transports par voie terrestre, la réfection du Centre d’Education Ouvrière et son équipement, sans compter les nombreux autres engagements que le gouvernement a pris et qu’il traîne à mettre en œuvre.
Camarades militantes et militants,
Travailleuses et travailleurs,
En cette période de pandémie, il nous plaît de rendre hommage aux personnels de la santé et des autres secteurs d’activités de première ligne qui se dévouent et même se sacrifient pour sauver des vies et fournir des services essentiels aux populations.
Aux travailleurs et aux peuples du monde, qui, confrontés aux mêmes défis que nous, mènent des luttes pour de meilleures conditions d’existence, pour plus de justice et de liberté, nous exprimons toute notre solidarité et notre ferme soutien.
Bonne fête du Travail à toutes et à tous !
Vive le 1er mai !
Vive l’Unité d’action syndicale !
Vive la solidarité internationale des travailleurs !
Ont signé :
LES CENTRALES SYNDICALES :
CGT-B – CNTB – CSB – FO/UNS – ONSL – USTB
LES SYNDICATS AUTONOMES :
SAIB–SATB–SBM-SAMAE–SATEB–SNEAB–SNESS–SYNATEB–SYNATIC–SYNTAS–SYNTRAPOST–SYNAPAGER–SYNATIPB–SYNATRAD–SYSFMAB–SYNATEL –UGMB
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