Plusieurs chauffeurs et marchands de bétail en provenance de Djibo ont envahi le commissariat central de police de la ville de Kongoussi le 10 mars aux environs de 17 h 00 pour protester contre l’incarcération d'un des leurs.
Selon les informations recueillies par l'AIB sur place, un chauffeur de camion 10 tonnes en provenance de Ouagadougou a été arrêté et gardé à vue dans le les locaux du commissariat central.
«Le chauffeur est tombé en panne sur la déviation de l'ancien péage de Sabcé ( 7 km de Kongoussi). Il a stationné son camion et balisé les lieux avec des branches. Malheureusement, une fille en provenance de Sabcé dimanche nuit a voulu éviter le camion et a chuté seule sans toucher le véhicule. Elle a une fracture.
Après le constat de la police, le chauffeur a été invité à Kongoussi et après son audition mardi, il a été incarcéré.
Et quand nous sommes arrivés, on nous a fait savoir que c’est le Procureur qui a ordonné sa détention. La fille n'a pas cogné le camion.
Elle est tombée seule devant le camion et le chauffeur était en règle de ces documents.
C’est pourquoi nous avons immobilisé nos camions en guise de solidarité pour exiger la libération du conducteur» nous a relaté un conducteur qui fréquente régulièrement l'axe Djibo-Ouagadougou.
l'AIB a pu dénombrer une vingtaine de camions chargés de bétail stationnés entre l’école Centre A et la direction provinciale de l'Action sociale non loin du commissariat.
De 18 h 30 et 19h environ, le commissaire central était entre coups de fil et entretiens avec les représentants des conducteurs dans l'enceinte du commissariat.
Ces derniers exigeaient la libération de leur collègue sans condition.
«Le commissaire est un bon type. Nous voulons créer une situation pour que le Procureur sache que nous connaissons aussi les textes. A moins que Kongoussi n'ai inventé ses propres lois, nous n'avons jamais vu une telle situation. Est-ce que le chauffeur a tué quelqu’un » ? s'offusquait un des manifestants devant le commissariat.
Les tractations ont permis d’apaiser la situation et les manifestants ont convenu de rencontrer le procureur ce matin 11 mars 2021.
Contacté par l'AIB, le Procureur du tribunal de grande instance de Kongoussi Wendyam Lambert Sanfo a confirmé les faits et relate la situation en ces termes :
«La victime est grièvement blessée et évacuée à Ouagadougou. Je ne connais pas son état de santé pour le moment.
Seulement, faut-il rappeler qu' au cours d'un accident, si la victime se retrouve avec une incapacité de travail de plus de 3mois, ça devient un délit. A titre illustratif, l'article 522-2 du code de procédure pénale prévoit une peine d'emprisonnement allant de 3 mois à 2 ans ferme et d'une amende allant de 250 000 fcfa à 2 000 000 de FCFA pour quiconque qui, par inobservance d’une loi ou d'un règlement, cause une blessure ou une maladie à quelqu’un et dont l’incapacité totale de travail atteint les 3 mois».
Selon toujours le procureur du Faso, son parquet a commencé à sévir en la matière parce que de nombreux dossiers d'accidents sont restés sans suite du fait que les auteurs d'accidents graves deviennent souvent introuvables à la phase du jugement.
«Si un conducteur te cause un tord en circulation et on le laisse partir.
Ca devient très difficile de le retrouver après pour le jugement.
Nous avons des dossiers ayant causé mort d'homme qui datent de 2 ans et qui sont toujours en instance parce que les conducteurs sont introuvables. Depuis lors, nous avons décidé de juger les cas similaires en flagrant délit » a-t-il précisé.
Lambert Sanfo a ajouté que la même route ( nationale 22) a fait au moins 3 morts depuis que les travaux ont commencé.
Il a lancé un appel aux usagers de la route et particulièrement la route nationale 22 Ouagadougou- Kongoussi) de redoubler de prudence pour éviter d'endeuiller des familles.
Jeudi en milieu de journée, aucun représentant de conducteurs ne s'est présenté chez le Procureur.
Agence d’information du Burkina