Le président malgache Andry Rajoelina a annoncé, le lundi 29 septembre 2025, le limogeage de son Premier ministre et de l’ensemble du gouvernement. Cette décision est intervenue après plusieurs jours de manifestations marquées par une violente répression ayant fait, selon l’ONU, au moins 22 morts et plus d’une centaine de blessés.

Dans une allocution télévisée de 17 minutes, le chef de l’État a affirmé avoir entendu la voix de la jeunesse et a promis de former un gouvernement « qui travaillera pour le peuple ».

Un appel inédit aux compétences nationales

En attendant la nomination d’un nouveau Premier ministre, l’équipe sortante assurera l’intérim. Andry Rajoelina a invité les Malgaches, en particulier les jeunes et la diaspora, à proposer leurs candidatures pour intégrer le futur gouvernement.
« Ceux qui veulent servir le pays loin de la corruption, avec les compétences nécessaires, peuvent déposer leurs CV au palais d’Ambohitsorohitra ou via des canaux numériques », a-t-il déclaré.

Le président a également promis des aides pour les entreprises victimes de pillages, avec des prêts à taux zéro et des subventions.

Une jeunesse toujours mobilisée contre Andry Rajoelina

Malgré ces annonces, la Génération Z, principal moteur de la contestation, a exprimé sa déception. Dans des messages publiés sur les réseaux sociaux, elle reproche au président de ne pas avoir reconnu la responsabilité de la gendarmerie dans les violences. Un nouvel appel à manifester a été lancé dès le lendemain.

Depuis jeudi, des milliers de jeunes descendent quotidiennement dans les rues d’Antananarivo et d’autres villes comme Diego-Suarez, Fianarantsoa et Antsirabé. Initialement mobilisés contre les coupures d’eau et d’électricité, ils réclament désormais la démission pure et simple du président sous le mot d’ordre « Miala Rajoelina ».

L’ONU dénonce une répression disproportionnée

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme s’est dit « choqué » par la réponse des forces de sécurité. Selon Volker Türk, plusieurs manifestants et passants auraient été tués par balles réelles, dans une répression jugée « non nécessaire et disproportionnée ». L’ONU appelle à des enquêtes « indépendantes et transparentes » afin de traduire les responsables devant la justice.

Andry Rajoelina fragilisé face à la colère populaire

Si le président Rajoelina espère calmer la contestation en renouvelant son gouvernement, la colère populaire ne faiblit pas. Le collectif Gen Z maintient la pression et réclame désormais une véritable transition politique. Entre promesses de réformes et accusations de répression, Madagascar se trouve à un tournant décisif de son avenir démocratique.