On était invité à attendre le rapport de l'ASCE ou l'inculpation de Zida, avant de l'accuser. Zida facilite la tâche à tout le monde. Il a avoué qu'il avait acquis des parcelles à Ouaga 2000 et décide d'y renoncer. Le 5 avril, il a adressé une lettre au ministre de l'Habitat pour rénoncer aux parcelles. Son épouse en a fait de même. La meilleure preuve n'est-elle pas l'aveu?
C’est officiel, Zida et son épouse renoncent aux parcelles et demandent à être remboursés des sommes avancées. Le gouvernement a pris acte. La procédure délictueuse doit-elle être abandonnée pour autant ? La jurisprudence de la transition rattrape forcément l’ancien premier ministre.
Le sort est parfois impitoyable. Il se joue toujours de ceux qui veulent ruser avec les valeurs. Sous la transition et en application de l’article 135 du code électoral, un débat nourrie et violent a eu lieu à propos de la criminalisation de « l’intention ». Les juristes pro transition avaient vaillamment défendu et soutenu, qu’en matière criminelle « l’intention vaut l’acte ». Certains pour donner chair à leur démonstration utilisaient l’allégorie du « voleur surpris dans la maison avant qu’il n’ait eu le temps de voler ». Or dans le cas présent non seulement Zida est rentré dans la maison, mais il a effectivement volé. Donc on n’est plus dans « l’intention », mais dans la « renonciation ». Une renonciation faite, non pas parce que le voleur, Zida, a été pris de remord, mais parce que l’étau de la justice a commencé à l’enserrer. Ici, il est même difficile de parler de circonstances atténuantes. Mais admettons que la restitution du bien volé, vaut absolution. Dans ce cas les procureurs doivent aller dans toutes les maisons d’arrêt du pays, demander à tous les voleurs, s’ils veulent restituer les butins contre pardon et oublie de leur crime. Il n’est pas concevable que cette disposition nouvelle de notre code pénal ne profite qu’à Zida seul. Même si ses inconditionnels pérorent à longueur de journée « qu’il s’est sacrifié pour le pays ». Que dira alors l’honorable Halidou Ouédraogo qui a sacrifié sa santé pour la démocratie et les droits humains dans notre pays.
Zida a violé l’article 173 de la constitution en usant de sa position et de son pouvoir pour s’octroyer indument les biens de l’Etat et en faire bénéficier toute sa famille. C’est un acte grave, que la renonciation sous la pression de l’opinion publique ne peut pas éteindre. Zida a écrit cette lettre de renonciation parce que forcé et contraint par les évènements.
Il a devancé une inéluctabilité. La procédure engagée aurait de toute façon aboutie à rétablir l’Etat dans ses droits. Un bien acquis illégalement ne peut pas donné droit à une jouissance. Les parcelles allaient de toute façon lui être retirées, en sus des peines prévues par le code pénal.
Les partisans de général Zida sont dans le désarroi. Certains vont finir par totalement se discréditer parce que il n’est pas possible de soutenir un tel acte criminel sans se couvrir d’opprobre. Le vol et la cupidité sont les plus détestables perversités humaines. Gênés aux entournures ses affidés voudraient diluer la veulerie de leur champion en se cachant derrière une carence des pratiques qui ont toujours prévalu dans la gestion des terrains de Ouaga 2000. Une dérobade immorale s’il en est. A-t-on vraiment besoin d’un audit général qui remonterait à Mathusalem pour savoir que les pratiques sous le régime Compaoré étaient condamnables ? Si justement Blaise Compaoré et son régime avaient tout fait bien, est-ce que l’insurrection aurait eu lieu ? Est-ce que Zida aurait eu la chance de diriger ce pays ? Il n’était ni le plus qualifié, ni le plus intelligent. Ceux qui en doutent, ses partisans aveuglés, peuvent demander à ses promotionnaires. Zida a tellement de promotionnaires à force de redoubler les classes.
Que sous le régime de Blaise Compaoré la gestion des parcelles de Ouaga 2000 l’ait été en violation de toutes les règles n’étonnerait personne. Sauf qu’il ne peut pas excuser les vols de Zida. Mais à regarder de plus près, chacun s’agite n’ont pas en pensant à sauver Zida, mais à lui-même. Dans cette affaire de parcelles de Ouaga 2000 trop de monde se sont compromis ou impliqués. On parle même de l’épouse d’un dirigeant d’une nos organisations les plus crédibles de la place. Organisation insoupçonnable. Une bonne dame qui serait dans tous les tripatouillages des parcelles de Ouaga 2000. Nous y reviendront en temps opportun. Donc aujourd’hui chacun se démène non pas pour Zida, mais pour lui-même. Vivement que le rapport de l’ASCE tombe.
L’honorable Luc Ibriga est très mal à l’aise, pas pour lui-même, parce que ce monsieur est l’un des rares à garder la tête hors des eaux souillées de la transition Zida. Mais il est gêné par l’ampleur des turpitudes de ceux avec qui il a été contraint de cheminer. Selon certaines indiscrétions, pour le président Roch Kaboré « la renonciation n’empêche pas que la procédure suive son cours ». Ceux qui ont cru qu’une enquête générale pourrait gêner « les RSS », pourraient en avoir pour leur frais.
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