Le syndicat des pharmaciens du Burkina suit avec une attention particulière et beaucoup d’appréhension la situation qui prévaut actuellement au sein de la CAMEG. En effet, nous assistons depuis quelques temps à des velléités du Ministre de la santé de destituer l’actuel Directeur Général et le conseil d’administration de cette institution, cela en violation des textes réglementaires qui la régissent.
Dans ce cadre, le syndicat des pharmaciens a rencontré le ministre de la santé le 19 Juillet 2016 pour l’interpeller sur les conséquences graves que pourrait entraîner la dégradation de la situation au sein de la CAMEG.
Au cours de cette rencontre, le syndicat a invité le ministre de la santé de s’abstenir de poser des actes qui vont perturber le climat social au sein de la CAMEG et mettre en danger la confiance dont la centrale d’achat bénéficie de ses fournisseurs et des partenaires au développement. Le syndicat a attiré l’attention du ministre sur le fait que des agissements non muris auront de lourdes conséquences sur l’approvisionnement des populations en médicaments et constitué par conséquent un drame sanitaire pour le Burkina.
Nul n’ignore la place primordiale qu’occupe la CAMEG dans notre système sanitaire et son rôle dans la mise en œuvre des principaux programmes de santé du Burkina comme le VIH SIDA, Paludisme, Tuberculose.
Malheureusement nous avons observé avec consternation les interventions intempestives du ministre de la santé visant à contrôler les organes dirigeants de la CAMEG, par des nominations irrégulières de nouveaux administrateurs de l’Etat, alors que le mandat du conseil d’administration actuel expire en avril 2017.
Le contentieux porté devant le tribunal administratif a connu un début de dénouement ce 25 Aout 2016. En effet, le tribunal administratif délibérant sur un recours en annulation des actes relatifs au limogeage des administrateurs et de l’intérim du Directeur Général a donné un verdict clair : le ministre outrepasse ses prérogatives.
Comme si cela ne suffisait pas, et pour contourner insidieusement les difficultés judiciaires qui s’amoncelaient à l’horizon, le Ministère de la Santé se fait délivrer précipitamment et avec une facilité déconcertante un récépissé de reconnaissance pour une association dénommée CAMEG avec les mêmes objectifs et portant la même adresse que l’entité ancienne. Cela confirme encore la volonté manifeste du Ministre de la Santé de passer en force, au mépris du droit.
Le conseil des ministres du 17 février 2016 présentait la situation des créances clients et dettes fournisseurs de la CAMEG au 31 décembre 2015 avec des créances dues par l’Etat de dix milliards neuf cent trente-huit millions huit cent quarante mille huit cent vingt-quatre (10 938 840 824) francs CFA et un montant des dettes fournisseurs de la CAMEG qui s’élèverait à quinze milliards huit cent huit millions trois cent vingt-trois mille deux cent soixante-dix (15 808 323 270) francs CFA. Ce sont là les problèmes réels auxquels le ministre de la santé, le Dr. Smaila OUEDRAOGO, devrait s’attaquer afin de permettre à la structure de continuer à jouer pleinement son rôle de santé publique.
Monsieur le Ministre de la santé doit se rendre à l’évidence, que si la CAMEG est devenue de par ses performances le leader des centrales d’achat de médicaments essentiels génériques en Afrique et atteint ce niveau de développement (plus 35 milliards de chiffre d’affaire) c’est grâce d’une part aux compétences et la qualité des hommes qui y travaillent et à son statut qui a évolué, depuis 1998, en Association. En effet, cela lui a donné de droit l’autonomie de gestion financière et permis de faire les investissements structurants que nous connaissons aujourd’hui. Et voilà que, plus de vingt ans après sa création (21 mai 1992), cette structure qui fait la fierté des Burkinabè doit s’écrouler sous les décisions hasardeuses de Monsieur Smaïla OUEDRAOGO. Monsieur le Ministre, le respect des décisions judiciaires s’impose à tous et c’est bien le fondement de l’Etat que tous appelons de nos vœux.
Le syndicat des pharmaciens prend à témoin le gouvernement et l’opinion publique sur les conséquences sanitaires désastreuses que pourraient entrainer les actes du Ministre de la Santé. Le syndicat des pharmaciens tient le ministre pour responsable d’un éventuel échec de la politique de la gratuité des soins engagée par le gouvernement et le rejet aux calendes grecques de l’Assurance Maladie Universelle dont la CAMEG est le pilier central.
En effet, nous constatons déjà une augmentation des ruptures de stocks sur certains produits essentiels fournis par la centrale, et dont la résolution devrait être une préoccupation prioritaire du ministre de la santé.
Le Syndicat des Pharmaciens invite les autorités compétentes à engager très rapidement le processus d’adoption des nouveaux textes de la CAMEG qui ont été soumis au ministère de la santé depuis la fin de la transition.
Le Syndicat des Pharmaciens invite les partenaires au développement membres de la CAMEG à une vigilance pour ne pas se laisser embarquer dans une aventure qui à terme les rendront complices d’une situation dramatique pour nos pauvres populations.
Le Syndicat des Pharmaciens voudrait rassurer les différents partenaires et fournisseurs de la CAMEG que des démarches seront entreprises afin de ramener la sérénité au sein de la structure.
Le Syndicat des Pharmaciens invite tous les pharmaciens des secteurs publics et privés à se tenir prêts pour d’éventuels mots d’ordre qu’il viendrait à lancer pour défendre la préservation de l’instrument majeur de notre système sanitaire qu’est la CAMEG.
Le Syndicat des Pharmaciens réaffirme son engagement à contribuer à la promotion de la santé publique dans notre pays.
Fait à Ouagadougou le 29/08/2016
Le président du syndicat
Dr Camille KABORE
Chevalier de l’Ordre du Mérite Burkinabé