Burkina: un coud d’état de l’ex RSP déjoué

Tout est parti d’un contrôle de routine sur le pont Nazinon à Po. Des gendarmes interceptent quatre individus qui avaient des comportements suspects, transportant dans leurs sacs, « un lot d’amulettes et de gris-gris ».



Pendant qu’ils étaient transférés à la brigade territoriale de Po pour « vérifications approfondies », un incident survient : les suspects tentent de désarmer les gendarmes. Deux sont tués, un gendarme reçoit une balle au ventre. Commence alors l’enquête.

« Des auditions menées à l’issue de ce forfait, il ressort que les quatre suspects sont un groupe de miliaires de l’ex RSP dont trois sont des déserteurs recherchés pour leur participation dans l’attaque de la poudrière de l’armée de Yimdi en janvier 2016, et qui revenaient d’un pays voisin pour participer à une action d’atteinte à la sureté de l’Etat », précise Simon Compaoré.

Poussant plus loin les investigations, les enquêteurs de la police judiciaire découvrent l’autre partie de l’iceberg. Un « vaste complot » qui visait la déstabilisation des institutions de la république et la prise du pouvoir par la force des armes, était en préparation.

« Selon les dénonciations, suivies d’explications faites par certains membres du groupe et corroborés par d’autres ex RSP contactés par les organisateurs de cette action de déstabilisation mais qui ont refusé d’y adhérer, l’adjudant-chef Coulibaly Gaston, secondé par le sergent Zerbo Kalifa et le soldat de 1ère classe Yelemou Issaka, tous de l’ex RSP, ont travaillé à recruter une trentaine de militaires ex RSP à qui ils ont tenté de faire croire que l’armée et les autres militaires les marginalisaient dans les corps de troupes », a poursuivi le ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure(MATDSI).

Certains adhèrent au plan en préparation et des réunions sont tenues à Ouagadougou et dans d’autres garnisons. Environ 30 hommes, composés essentiellement de sous-officiers et de militaires de rang de l’Ex RSP font partie du coup.

Leur plan est clair. D’abord, attaquer la caserne de la gendarmerie à Ouagadougou. Ensuite, attaquer la Maison d’arrêt et de correction des armées pour libérer les détenus, séquestrer certaines autorités ; et enfin s’attaquer à la présidence pour prendre le pouvoir par les armes. Le 8 octobre à minuit donc, le pouvoir aurait pu changer de main.

Là c’était le plan A, si tout marchait bien. Mais puisqu’il y a eu l’incident du pont Nazion qui a occasionné la mort « des deux hommes du noyau dur du groupe », Gaston Coulibaly, « chef des opérations », met en branle le plan B. Là une mutinerie dans l’armée est prévue. « Ses éléments devraient s’emparer des armes des militaires dans les postes de garde et effectuer des tirs tous azimuts dans les toutes les garnisons afin de créer le chaos », explique Simon Compaoré. Cette solution de rechange devrait être testée dès le lendemain de l’échec du plan A. Le 9 octobre, également à minuit. Mais « par la prompte réaction du commandement militaire qui avait déjà instruit la vigilance à toutes les unités », le plan B est étouffé dans l’œuf.

« Face à ce énième échec, l’adjudant-Chef Coulibaly, aux dires de ses complices, avait projeté un plan C, qui était de créer une rébellion armée en opposant les différentes entités de l’armée nationale par des actions de désinformation via les réseaux sociaux et directement dans les casernes », foi du MATDSI.

Depuis, et à ce jour, 32 militaires ont été entendus dans cette affaire, 19 militaires sont gardés à vue. 10 d’entre eux ont été déférés et présentés au commissaire du gouvernement. 10 civils également ont été entendus.

Ils sont poursuivis pour haute trahison, attentat à la sureté de l’Etat, rébellion, complicité d’attentat, meurtre, tentative de meurtre, association de malfaiteurs, coups et blessures volontaires, désertion en bande armée, détention illégale d’armes et de munitions de guerre, violation de consignes.

Par contre, le cerveau, l’adjudant-chef Coulibaly Gaston, est toujours en fuite. Les investigations se poursuivent et d’autres interpellations et saisines ne sont pas exclues dans les jours à venir, a terminé Simon Compaoré.

Le Chef d’Etat-major général des armées, Pingrenoma Zagré a précisé qu’il s’agit de quelques éléments de l’ex RSP qui n’ont pas encore compris le message et qui se nourrissent d’illusions. Sinon, la majorité des 1300 hommes qui composaient le régiment sont bien intégrés et ont « une conduite irréprochable ».

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