Plus d’une semaine après l’attaque meurtrière de la brigade territoriale de gendarmerie de Samorogouan, les assaillants sont toujours introuvables. Sur le terrain, les forces de l’ordre multiplient les patrouilles en collaboration avec la population, pour les traquer. La vie a également repris son cours dans la localité, mais timidement. Nous y avons fait un tour le mercredi 14 octobre 2015.
Samorogouan le 14 octobre 2015. A notre arrivée à la brigade territoriale de gendarmerie, le soleil est au zénith. On n’entend que le bruit du groupe électrogène qui alimente ladite brigade en électricité, mêlé aux cris d’oiseaux. Dans la cour, on note la présence de quelques éléments des forces de l’ordre et des véhicules militaires mobilisés depuis l’événement tragique. Le véhicule et la moto incendiés par les assaillants sont toujours stationnés sur les lieux du drame. L’ambiance est tendue. A l’extérieur, tout comme à l’intérieur de la brigade, se trouvent des gendarmes armés et postés par endroits. Présent à Samorogouan depuis le jour de l’attaque, le commandant de la 2e Région de gendarmerie, le colonel Omer Tapsoba, entouré de quelques-uns de ses hommes, est assis sous un arbre et coordonne toutes les actions. C’est là qu’il nous fait savoir qu’une importante quantité d’explosifs a été découverte, le lundi 12 octobre 2015, dans la forêt de Tenasso, localité située à 12 km de là. Ces explosifs sont constitués de détonateurs, de fils électriques, du sel, d'engins artisanaux, de composantes chimiques d’une poudre noire, de piquets et de pièges. Ce sont donc des spécialistes en la matière qui sont venus les désactiver et les convoyer à Bobo-Dioulasso pour expertise. Enfin, le colonel Tapsoba nous a rassuré en ces termes : « Les recherches continuent. Ça avance. Tous les indices sont exploités. La population collabore».
La vie reprend timidement
C’est un village calme et silencieux qui nous accueille sous un soleil de plomb. Le climat est lourd, donnant l’impression qu’une pluie se prépare. Mais il n’en est rien. Depuis les événements douloureux du vendredi 9 octobre 2015, la vie tourne au ralenti à Samorogouan. L’administration publique est également paralysée. Aujourd’hui, avec la présence des forces de l’ordre, la population commence à reprendre confiance, confie le préfet du département de Samorogouan, Dominique Kouda. « Le village, explique-t-il, se porte bien. Le calme semble être revenu, même s’il n’est pas totalement serein. Les populations ont commencé à vaquer à leurs occupations, et les fonctionnaires ont également repris service ». Malgré tout, la peur est bien réelle chez certains habitants qui hésitent encore à se rendre en brousse ou dans les champs pour la récolte du maïs et des arachides. Au cours de notre périple, il nous est revenu qu’aux premières heures de l’attaque, les populations s’étaient imposées un couvre-feu et rentraient très tôt. Djouma Traoré, restauratrice, confirme : « La situation a beaucoup joué sur notre activité. La nuit, les gens rentrent très tôt. Il n’y a pas de clientèle ni d’ambiance». Aux dires des uns et des autres, cette attaque a beaucoup pesé sur les activités économiques, et cela se ressentait lors de notre passage. La zone commerciale, notamment le marché, se « réveillait » timidement, avec l’ouverture de quelques boutiques et de petits étals par-ci et par-là.
A Samorogouan, les gens sont peu bavards sur le sujet de l'attaque, et se prêter aux questions de la presse est un véritable calvaire. Un jeune homme, avec qui nous avons pu arracher quelques mots, a préféré tout simplement garder l’anonymat. «Ce n’est pas parce qu’on refuse de parler, mais seulement on a peur de nous faire identifier par ces gens-là », justifie-t-il. A quand donc la fin de cette peur ?
Il est encore tôt de trouver une réponse à cette question. Par ailleurs, le souhait de Soma Traoré, chef coutumier de Samorogouan, est que les forces de l’ordre puissent retrouver vite ces bandits armés. Pour ce faire, il demande aux populations de collaborer avec les forces de défense et de sécurité, et surtout de dénoncer tout individu suspect dans le village.