Le jeudi 08 novembre 2018, le gouvernement a procédé à une augmentation du prix du litre du super 91 et du gasoil.
Pour justifier cette mesure grave et impopulaire, qui intervient dans un contexte difficile pour les populations et de remise en cause de biens d’acquis démocratiques et sociaux, le gouvernement évoque, pêle-mêle, la hausse du prix du pétrole au plan international, la situation difficile de la trésorerie de la SONABHY et la nécessité de soutenir l’effort de guerre, etc.
Si aujourd’hui notre gouvernement peine à convaincre, c’est que bien de raisons rendent inexplicable et inacceptable sa mesure brusque, unilatérale et cynique d’augmentation des prix des hydrocarbures.
En effet, s’il est vrai que ces dernières années le prix du baril de pétrole a certes connu une relative hausse, l’on retiendra cependant que chez nous, au Burkina, la dernière baisse de prix des hydrocarbures, qui date du 11 mai 2016, avait été limitée à 50F, sous prétexte qu’il fallait permettre à la SONABHY de se refaire une santé financière.
Ensuite, le gouvernement lui-même reconnaît que les difficultés de trésorerie de la SONABHY sont liées à un cumul de dette de l’Etat vis-à-vis de la société, qui s’élèverait à près de 240 milliards de francs CFA !
La question que l’on est en droit de se poser alors est de savoir pourquoi et depuis quand l’Etat ne paie-y-il pas ce qu’il doit à la SONABHY, alors que cette société prélève sur les produits pétroliers, des droits de douane, des impôts et taxes, etc, dont le cumul atteint 264F par litre d’essence et de gasoil.
Fait curieux et contradictoire, il ressort d’autre part que, des bilans faits lors des Assemblées générales des sociétés d’Etat des trois dernières années, des bénéfices importants auraient été réalisés notamment par la SONABHY et la SONABEL.
A titre d’illustration, sur une contribution des sociétés d’Etat au budget de l’Etat de l’ordre de 215 milliards de francs en 2016, la contribution de la seule SONABHY représenterait 157 milliards de francs.
En 2017, cette contribution des sociétés d’Etat serait montée à 444 milliards de francs avec comme principal contributeur la SONABHY.
Au fait, où se situe la vérité ou alors, que nous cache-t-on sur la situation réelle de la SONABHY ?
Sur l’argument de l’effort de guerre, et quand bien même les burkinabè pourraient consentir à y participer, il convient toutefois de relever que l’on ne saurait faire porter un effort de guerre à un peuple qu’on affame et qu’on paupérise à longueur d’années, alors même qu’on accroît le train de vie de l’Etat à travers des dépenses faramineuses et somptueuses en achats de véhicules de luxe, ainsi qu’à travers une création à tour de bras, d’institutions inutiles et budgétivores.
Mesdames, messieurs les journalistes,
A l’évidence, par l’effet d’augmentations en cascade des prix de biens et services, cette importante hausse des prix des hydrocarbures aura des conséquences dommageables sur la vie de la très grande majorité de nos populations, qui croupit déjà sous la misère.
Mesdames, messieurs les journalistes,
Il importe de souligner quant au fond, que cette mesure, comme bien d’autres mesures, procèdent d’injonctions du FMI, à l’exemple de l’avant-projet de loi organique prévoyant une révision de la grille des fonctionnaires, en vue de diminuer la masse salariale, de l’application de l’IUTS sur les primes et indemnités des agents publics, du recouvrement forcé de la taxe de résidence, de l’instauration de nouvelles taxes, etc.
Un train de mesures qui visent à pressurer les populations pour honorer le service de la dette, une dette constituée pour l’essentiel de prêts, dont on ne ressent nullement les retombées de l’utilisation sur le développement de notre pays.
Pendant ce temps, rien ne semble entrepris pour recouvrer les centaines de milliards que doivent à l’Etat des dignitaires du régime COMPAORE, de grandes entreprises, des sociétés minières, des auteurs de fraudes et de corruption, débusqués et épinglés par des enquêtes journalistiques ou à travers des rapports d’institutions de lutte anti-corruption.
Face à cette situation d’ensemble, que vient aggraver la mesure gouvernementale d’augmenter les prix des hydrocarbures, la CCVC organise sur l’ensemble du territoire national, des manifestations publiques, le jeudi 29 novembre 2018.
A Ouagadougou, il s’agira d’une marche qui ira de la Bourse du Travail au ministère du commerce, où une plate-forme revendicative minimale sera transmise au gouvernement.
Un appel à la mobilisation est ainsi lancé aux structures délocalisées de la CCVC, ainsi qu’à l’ensemble des forces sociales soucieuses du bien-être de nos populations, afin de faire de cette journée du 29 novembre 2018, une journée nationale de protestation contre la hausse des prix des hydrocarbures et ses conséquences, en attendant toutes autres formes d’actions que commanderait l’évolution de la situation.
• Non à la hausse des prix des hydrocarbures !
• Non à la duplicité du gouvernement, appelant à la paix sociale, mais prompt à prendre des mesures antisociales !
• Contre le renchérissement du coût de la vie, mobilisation et lutte !
Ouagadougou, le 17 novembre 2018
Je vous remercie
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COALITION NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA VIE CHERE, LA CORRUPTION, LA FRAUDE, L’IMPUNITE ET POUR LES LIBERTES (CCVC)
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