Condamné à cinq ans de prison ferme pour une présomption de complicité d’attentat à la sûreté de l’État dans le cadre du procès du putsch de septembre 2015, mon client, le journaliste Adama Ouedraogo dit Damiss, croupit depuis le 2 septembre 2019 à la Maison d’arrêt et de correction des armées ( MACA), date du verdict de la chambre de première instance du Tribunal Militaire de Ouagadougou.
Mais depuis son incarcération, l’état de santé de Damiss ne cesse de se dégrader. Il est de notoriété publique qu’il souffre d’un asthme sévère et il est arrivé que son avocat que je suis lui apporte des médicaments de la France en raison d’une rupture dans les officines pharmaceutique du Burkina. Je connais donc son mal. Et tout cela a été expliqué fermement au Tribunal Militaire.
C’est pourquoi, je voudrais lancer un cri de cœur afin qu’il soit libéré au moins en liberté provisoire compte tenu de l’appel interjeté et ce, dans les meilleurs délais avant que l’irréparable ne se produise. Du reste, il m’est revenu de bonne source que dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 octobre 2019, à minuit, il a dû réveiller ses codétenus suite à une détresse respiratoire. Il a fallu tambouriner la porte de la cellule pour alerter la garde qui a rendu compte rapidement à la hiérarchie en vue d’obtenir l’autorisation d’ouvrir la cellule. Damiss a pu sortir pour humer l’air et respirer un tant soit peu à plein poumon. Tout ceci n’émeut ni les services de la MACA qui avaient l’obligation d’alerter le Tribunal Militaire parce qu’en cas de cas, personne n’éludera sérieusement sa responsabilité professionnelle.
Hier c’était à la police des stupéfiants à Ouagadougou où des détenus sont morts asphyxiés alors qu’ils ont lancé un appel au secours parce qu’ils manquaient visiblement d’air pour respirer. Ce scandale a secoué la nation toute entière. Aujourd’hui, c’est le journaliste Adama Ouedraogo Damiss qui est régulièrement en détresse respiratoire la nuit parce que confiné en cellule avec un mal arratique incompatible avec la détention. Si on y prend garde, on se retrouvera un beau matin avec un autre gros scandale. Damiss doit donc être libéré au moins en liberté provisoire ( la requête ayant d’ores et déjà déposée…).
D’ailleurs, et dans l’attente des débats devant la juridiction de second degré en attendant le verdict de la cour de cassation sa condamnation est unique et injuste car il n’y a rien en fait et en droit qui l’implique dans le coup d’État et pire qui peut lui valoir une prison sèvere de cinq ans ferme alors que des acteurs militaires sont aujourd’hui en liberté. Des mains tapies dans le noir ont certainement bataillé pour avoir la « tête » de mon client. Ouagadougou est un gros village et tout se sait et chacun payera à la hauteur de sa bienfaisance ou sa malfaisance. En outre, comme il a été indiqué antérieurement Monsieur Adama Ouédraogo a fait appel du jugement de la chambre de première instance du tribunal militaire. Rien ne s’oppose donc à sa libération d’autant que depuis 4 ans, il est en liberté, était présent au procès et à régulièrement voyagé hors du pays sans jamais chercher à se soustraire de la justice.
En attendant que les juges de second degré de la chambre d’appel lui accorde une liberté provisoire, le parquet militaire peut bien lui aménager des permissions étalées sur plusieurs semaines afin qu’il soit dans de meilleures conditions à domicile. On a l’art de faire le médecin après la mort dans ce pays. Ne faites pas la sourde oreille. Ne dites pas après que vous ne saviez pas. N’ignorez pas tous ces appels de nombreux citoyens et des personnalités politiques et de la société civile qui ne cessent d’alerter en public et en privé sur la santé du journaliste Adama Ouedraogo Damiss.
Me Paul Kéré
Paul KÉRÉ
Docteur en Droit
Avocat à la Cour
Barreau de NANCY (France)
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