Burkina : près de 3000 personnes à la Maison du peuple de Ouagadougou pour dire «NON» à la Françafrique

Ancien domicile du feu président Thomas Sankara, la Maison du peuple de Ouagadougou est un symbole «fort» de la révolution burkinabè. C’est ce lieu que le président de l’ONG Urgences panafricanistes, Kemi Seba et Hervé Ouattara, président du Mouvement Africain pour la renaissance (CAR), ont choisi pour installer les «Tribunaux populaires civiles» contre le colonialisme français ce samedi 17 novembre 2018.

Pleine comme un œuf, la Maison du peuple de Ouagadougou a été transformée le temps d’un après-midi, en tribunal. Un tribunal qui selon ses initiateurs, n’a autre mission que de «juger» et «sanctionner» l’impérialisme français en Afrique. Tout comme les «Tribunaux populaires révolutionnaires», les «Tribunaux populaires civiles» selon Kemi Seba, ont pour objectif de porter un jugement sur l’impérialisme français et ce, sur plusieurs thématiques.

Notamment l’exploitation des ressources africaines, les crimes politiques de la Françafrique, le Franc CFA, les médias Françafriques, les bases militaires françaises, les crimes moraux (prostitution, pédérastie, corruption), l’aide au développement, les crimes spirituels et blasphèmes des traditions africaines etc.

Pour Kemi Seba, cette mobilisation politique de masse d’un nouveau genre a pour but, de prendre à bras le corps la question plus globale de la Françafrique et de juger non pas un ou quelques crimes, mais l’intégralité des exactions du néocolonialisme et de ses affidés nègres. Après avoir entendu les différents plaignants, Imotèque Bayala, le procureur (de circonstance), a dans son réquisitoire, requis la peine à perpétuité pour la France et ses vallées. Le président du tribunal, Kemi Seba, dit avoir pris bonne note et entend faire le tour de toute l’Afrique francophone avant de prononcer le verdict final.

«Il était nécessaire pour nous de donner la parole au peuple et de faire en sorte que ce peuple puisse s’exprimer sur les crimes du néocolonialisme. Le peuple africain a pris conscience parce que la corruption de nos élites est un Sida, un véritable problème mais aussi sur le pillage de nos ressources minières, naturelles, effectué par l’oligarchie française et ce système bicéphale s’appelle la Françafrique.

Le combat ne m’appartient pas, je ne suis le leader de personne, je ne suis qu’un porte-voix et si le peuple s’est réuni aujourd’hui en masse, c’est parce que les ancêtres nous poussent aujourd’hui et veulent que nous nous relevions contre ce système prédateur. Et même si je suis réprimé, le peuple s’organisera et le combat se mènera d’une façon ou d’une autre.

Pour Kemi Seba, ce combat est plus que jamais rallumé et «les colons et traitres seront déguerpis.»

En instaurant ces tribunaux populaires, c’est un double pari que se lance Kemi Seba et la cohorte d’associations de la société civile qui l’accompagnent dans ce projet politique dont le CAR qui est le représentant de Urgences panafricanistes au Burkina.

Première d’une longue série, ce vaste mouvement de contestations de la présence française en Afrique va s’étendre dans chaque pays d’Afrique francophone et des Antilles. Après Ouagadougou, l’équipe de Kemi Seba abordera l’étape de la Centrafrique. Cette mobilisation aussi symbolique qu’elle soit, sonne ainsi le début de la «révolution africaine» contre l’impérialisme française.

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