Burkina: René BAGORO trahit par les déclarations de biens selon Issaka Lingani

Par deux fois, plutôt qu’une ! La publication des biens des membres du gouvernement nous libre le ministre BAGORO pieds et poings liés dans le scandale des deals de parcelles de Ouaga 2000. D’abord par sa propre déclaration de biens par laquelle il reconnait être acquéreur d’une parcelle à Ouaga 2000 ensuite par celle de son collègue Alpha BARRY qui prouve à l’envie qu’il y a eu manipulation sur les prix de cession. Autopsie.




Nous étions convaincus que le ministre BAGORO était mouillé dans le deal des parcelles. Une certitude que même les faits avaient du mal à faire accepter par une certaine opinion. Mais voilà que, un de ses collègues du gouvernement vient en donner une preuve irréfutable. Comparaison dit-on n’est pas raison mais là la chose pointe comme une bosse en plein milieu d’un front luisant et n’autorise aucun doute.

Lorsque nous avons levé le lièvre sur les deals de parcelles à Ouaga 2000, nous n’avons cessé de dire qu’il n’était pas possible que le DG de la SONATUR trempe dans cette sale affaire sans que son ministre de tutelle ne soit au courant, donc que le ministre BAGORO n’y était pas étranger. Et mieux, nous avons soutenu qu’au moins 18 autres ministres du gouvernement de Transition avaient bénéficié frauduleusement des parcelles de Ouaga 2000. De même que de grands acteurs des OSC qui ont grenouillé autour de la Transition, sans oublier d’autres hautes personnalités, notamment du côté du CNT. Aujourd’hui l’histoire et les faits nous donnent raison. Pas que nous doutions de nos informations, mais simplement parce que dans certaines chapelles d’OSC on a vite fait de tirer à boulets rouges sur nous en nous présentant comme des aigris, des « sycophantes grabataires » comme le disait cheriff SY, le Président du CNT (tiens celui-là on l’entend plus !), usant de délation pour nuire à d’honnêtes serviteurs de l’Etat ! Voilà que, parce qu’il est obligé de déclarer ses biens, le ministre BAGORO dévoile aux yeux du monde entier ce que nous avions toujours écrit. Dans cette déclaration, faite sur l’honneur, il annonce en effet une parcelle acquise le 30/04/2015 à Ouaga 2000 ! Un aveu on ne peut plus clair. En effet la constitution est sans nuage sur ce type d’acquisition qu’elle interdit formellement.

constL’article 72 de la Constitution stipule que « les membres du gouvernement ne doivent s’exposer à aucune situation susceptible de créer des conflits entre les devoirs de leur fonction et leurs intérêts privés ». L’article suivant (Article 73) est bien plus explicite : « Pendant la durée de leur fonction les membres du gouvernement ne peuvent directement, ni indirectement acheter ou prendre en bail tout ce qui appartient au domaine de l’Etat ». Il y a donc une violation flagrante de la Constitution ; le crime le plus grave en république puisque relevant de la haute trahison. Sur ce seul point, le ministre BAGORO devrait être inculpé, voire incarcéré en vue d’un procès. La faute est d’autant lourde que la SONATUR est sous on autorité ce qui induit un trafic d’influence indécent. Voilà pourquoi nous avions aux premiers abords cru que le DG de la SONATUR n’était qu’une simple victime dont on a voulu faire un fusible en le remerciant.

Selon la déclaration il a acquis ledit terrain à 3 500 000F donc à 8 750F le m2. L’information fait dresser les cheveux parce qu’il est incroyable d’avoir une parcelle à ce prix à Ouaga 2000. On a encore en mémoire les 8 000F/m2 de ZIDA en lieu et place de 40 000F/m2, ironie du sort, c’est son collègue Alpha BARRY, ministre des Affaires étrangères, qui enfonce le clou en nous donnant une preuve sur l’étendue du forfait. En effet, il ressort de la déclaration des biens du ministre BARRY, deux faits essentiels sur les acquisitions de parcelles qu'il a faites dans la zone de la SONATUR de Ouaga 2000. Il s’y est vu attribuer une parcelle de 300 m2 en 2014 : valeur de l’acquisition 5 millions 500 mille F CFA ; soit 18 333,33 FCFA le m2 et une autre de 800 m2 en 2015 à 132 millions de FCFA soit 165 000 FCFA le m2. Ces prix sont, vous l’aurez constaté, sans aucune commune mesure avec celui fait au ministre BAGORO. Ainsi donc non content de violer les articles 72 et 73 de la Constitution, M. le ministre se fait brader le patrimoine national ! Comment cela a-t-il pu même germer dans l’esprit du ministre et comment son chef du gouvernement peut-il rester de marbre devant tant de forfaitures !

Pourquoi le gouvernement communique-t-il à tout va sur le cas ZIDA et reste totalement muet sur ce cas incroyable de désinvolture ? Incroyable désinvolture car BAGORO était la tutelle de la SONATUR qui lui a octroyé cette parcelle et est aujourd’hui ministre de la Justice ! Assurément c’est plus qu’une injure aux citoyens que nous sommes et du mépris pour notre pays. C’est tout simplement renversant !

Dites-nous bonnes gens, Burkinabè de bonne volonté et épris de transparence et de probité sachant que le foncier a cet avantage formidable de prendre plus de valeur avec le temps, comment se fait-il que, en 2014 où le mètre carré à Ouaga 2000 fut 18 333,33 FCFA comme l'attestent les 300 m2 acquis à 5 500 000 FCFA par le ministre Alpha BARRY et qu’en 2015, comme par extraordinaire, il se ramène à 8750 FCFA pour le ministre René BAGORO ? En ayant tiré profit de sa situation, en tant que ministre de l'Habitat, la SONATUR, une société d'Etat placée directement sous sa tutelle, le ministre BAGORO a violé la Constitution en ses articles 73 et 74. Il doit en tirer les conséquences et rendre le tablier. C’est le moins qu’il puisse faire, puisque la procédure judiciaire devrait suivre son cours avec toutes les conséquences qu’elle devrait entraîner. Au regard de la jurisprudence des cas des maires incarcérés pour simple présomption de fraude, la réponse coule de source !

Issaka Lingani

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