Le 29 août 2018, la présidente du cadre de concertation national des organisations de la société civile (CCNOSC), Safiatou Zongo Lopez, a été interpelée à son domicile par l’unité d’élite de la gendarmerie.
Cette interpellation qui s’est effectuée sans un mandat dûment délivré par un juge a enregistré le déploiement d’un impressionnant arsenal de guerre.
Mieux, l’activiste de la société civile a été arrêté sans qu’aucune charge ne lui soit notifiée. Face à l’indignation de l’opinion sur les circonstances et l’absence de mobile officiel de cette arrestation, le premier substitut du procureur, Harouna Yoda, à travers un communiqué tentera de convaincre en annonçant que les droits de Safiatou Zongo Lopez auraient été respectés et la procédure d’interpellation se serait déroulée en présence de son avocat.
Me Silvère Kiemtarboum, avocat de la présidente du CCNOSC, interrogé par la presse sur le communiqué du substitut du procureur va s’inscrire en faux en affirmant avoir été empêché par les éléments de la gendarmerie présents sur les lieux d’avoir accès à sa cliente.
Contre toute attente, c’est le tribunal militaire qui va se saisir en définitif du dossier Lopez après l’épisode du communiqué approximatif et polémique du substitut du procureur. Tous ces impairs et tâtonnements dans la procédure d’interpellation démontrent à souhait la cabale dont est victime l’activiste de la société civile.
Inculpé par la justice militaire pour complot et incitation à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline, Safiatou Zongo Lopez est déférée à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) où elle partage une cellule avec plus de cinquante deux (52) femmes. La détention de la présidente du CCNOSC à la MACO marquerait ainsi l’ouverture d’une enquête sur ce qu’on peut désormais appeler le dossier Lopez.
Quelle aberration ! Quelle est donc cette justice qui consiste à détenir une citoyenne en prison sur la base d’accusations graves sans ouvrir au préalable une enquête approfondie. Nous dénonçons tout aussi les conditions de détention difficile de l’activiste de la société civile à la MACO. Cette condition difficile de détention vient s’ajouter à la longue liste de ses droits violés.
Depuis la MACO, Safiatou Zongo Lopez, s’est déjà vu refusée une liberté provisoire par le juge militaire. Le juge militaire avance comme arguments entre autres la nécessité d’assurer la sécurité de l’activisme de la société civile et la dynamique d’éviter une subordination de témoins.
Comment peut-on assurer la sécurité d’une citoyenne en la détenant en prison? La sécurité de Safiatou Zongo Lopez aurait pu être assurée hors de la prison en prenant la précaution de lui trouver une sécurité. Aussi, la question de subordination de témoin montre la précipitation avec laquelle la présidente du CCNOSC a été envoyée en prison avant l’ouverture d’une enquête sérieuse sur ce dont elle est accusée.
Après trois mois de détention dans des conditions difficiles sans une avancée notable sur l’instruction de son dossier, Safiatou Zongo Lopez est cloué au lit dans une clinique de la place depuis plus de deux semaines. Des images de l’activiste de la société civile se déplaçant en fauteuil roulant dans une clinique ont été données à voir la semaine dernière sur les réseaux sociaux.
Tous ces impairs énumérés ci-dessus finissent de nous convaincre que Safiatou Zongo Lopez est une prisonnière politique victime de son regard critique sans complaisance de la gouvernance du président Roch Marc Christian Kaboré et du pouvoir en place. C’est l’occasion d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur l’enracinement d’une nouvelle dictature au Burkina Faso.
Le mouvement citoyen pour la démocratie (MCD) tiendra pour responsable le pouvoir en place sur la dégradation continue de la santé de la présidente de la CCNOSC. Avant qu’un probable drame se produise, le MCD trouve opportune qu’une liberté provisoire soit accordée le plus vite possible à Safiatou Zongo Lopez afin qu’elle puisse conséquemment bénéficier de soins de santé adéquats.
Ouagadougou, le 12 décembre 2018
Pour le Mouvement Citoyen pour la Démocratie (MCD)
Sylvain Ouedraogo (Porte Parole)