Économie: Radio Oméga charge la Direction général des Impôts

Le Directeur général des impôts s’est fendu, samedi, d’un communiqué défendant ses agents « qui ne font que leur travail » pour avoir fermé mercredi Radio Omega.

Mais il n’a pas dit mot sur le chantage répugnant que subi Radio Omega depuis des mois de la part de quelques agents publics, qui affichent leur volonté de fermer Radio Omega pour avoir fait bouger les lignes dans le débat national sur le Fonds Commun.

« On va vous fermer, ne serait-ce-que pour un ou deux jours pour que vous vous taisez. Les autres vont publier sur les réseaux sociaux que les impôts vous ont fermé à cause de 9 millions ».

Des propos décevants de la part d’agents de l’Etat que même Badelson Leonard Bado, directeur des Moyennes Entreprises du service des Impôts avait déplorés en septembre dernier lorsqu’Omega s’était plainte à son niveau.

Mais dans son communiqué samedi pour « rétablir la vérité des faits », ces comportements répugnants ont été passés sous silence par Adama Badolo qui a réaffirmé son soutien et celui des membres du comité de direction à tout le personnel de la DME CII, « en particulier aux agents nommément incriminés par Radio Omega dans son communiqué ».

Sauf que jeudi le même DG au téléphone à Oméga s’est excusé du comportement de quelques "agents zélés sur les 2000" qu'il a sous sa coupe car "comme avec des arachides, si vous avez des grains pourris dans la bouche, vous êtes obligés de tout cracher (sic)" nous a t-il dit. C’est justement contre ces grains pourris que nous sommes remontés.

« L’administration fiscale ne cédera à aucun chantage », a martelé le directeur des impôts alors que tout ce qu’on leur demande c’est de respecter la liberté d’information et de cesser de nous menacer à chaque fois qu’on parle du Fonds Commun.

Le DG lui-même reconnaît qu’il s’agit bien d«’impôts et taxes déclarés mais non payés ». En clair, Omega a déclaré des impôts sur des sommes qu’elle n’a pas encore reçues de ses clients, y compris l’Etat qui lui doit plus de 68 millions de FCFA. C’est la loi et c’est ce que nous avons fait.

Et contrairement aux propos du DG, c’est bien un avis de crédit et non un ordre de virement qu’Omega a présenté à l’agent des impôts venu fermer la radio. La date de signature du dit document prouve que le paiement a été fait à bonne date. Alors qu’il s’apprêtait à retourner aux impôts, l’ordre lui a été donné, devant nous, au téléphone de fermer la radio quelque soit alpha.

C’est regrettable, que dans leur volonté d’humilier, les impôts n’aient même pas été capables de respecter leur propre mise en demeure de 24 heures : il fallait nous tomber dessus à bras raccourcis coûte que coûte.

Dans un décompte précis, le patron des impôts burkinabè souligne qu'à la date du 16 novembre 2018, et après la prise en compte de son paiement de 6 000 000 F CFA effectué le 14 novembre 2018, la dette du contribuable Radio Omega est de 15 810 313 F CFA. A ce niveau, deux faits troublants :
1. Ce sont bien 9 millions qui ont été réclamés comme dette à la même date
2. Ce ne sont 3 millions de Radio Oméga mais 5 millions de fcfa (paiement de deux clients) qui ont été l'objet de retenue à la source. Au finish c’est plus de 11 millions qu’Omega a payé avant de se voir fermée avant le fameux délai de 24h.
Nous sommes convaincus que même avec un délai de mise en demeure de 12heures, Oméga allait être fermée avant le dit délai surtout quand nous nous referons à la jubilation des agents des impôts après leur « exploit » d’avoir cloué le bec à Oméga (enregistrements audio et vidéo).

Et on le répète, comme face au RSP en 2015, personne ne réussira à nous faire taire.

Dans son écrit, le directeur des Impôts est revenu sur certaines performances de ses services ces derniers mois, des performances qui nous laissent perplexes.

Au 3ème trimestre 2018, la DME-C II, dit-il, a recouvré « le montant de ‪366 517 476‬ FCFA sur une prévision de ‪185 361 400‬ FCFA soit un taux de réalisation de 197.73% faisant d’elle, l’unité la plus performante de la Direction Générale des impôts sur la période ci-dessus indiquée ».

Sans enlever au travail remarquable des agents des impôts, avouons que ce taux de réalisation n’a absolument rien à voir avec la performance. Il s’agit plutôt de prévisions douteuses et mal faites puisque n’ayant rien à voir avec la réalité. Si on peut doubler ses prévisions, c’est qu’il ne s’agit plus de prévision. Et bien sûr ce genre de « performance manufacturée» servira à gonfler le montant du Fonds Commun, une somme faramineuse hors contrôle qu’une poignée de fonctionnaires se partagent.

Nous partageons l’avis du DG des Impôts lorsqu’il martèle que « nul n’est au dessus de la loi et chacun doit payer ce qu’il doit au fisc ». Et Omega n’a jamais cherché à être une exception : nous payons et nous paierons toujours ce que nous devons.

Mais nous refusons, que des individus qui devraient donner l’exemple en matière fiscale, et qui ne paient aucun impôt sur des dizaines et des dizaines de milliards de fonds commun, nous fassent des leçons de civisme fiscal.

Comme la question de l’« impunité fiscale » préoccupe tant le DG, on voudrait savoir quel code des impôts oblige l’enseignant de Matiacoali ou l’infirmier de Yalgado à payer ses taxes sur tous ses revenus, et pas Monique Meda, (receveur adjoint à la direction des moyennes entreprises du centre ii) qui ne paie rien sur les millions de francs qu’elle reçoit régulièrement comme sa part du fonds commun.
On n’apprend rien au DG et à ses agents, que « tout revenu est imposable ». C’est pourquoi ça fait vomir de savoir qu’à Zabré Daaga ici à Ouagadougou, il y a des commerçants qui vendent des chaussettes, et qui paient leurs impôts sur les miettes qu’ils font. Et qu’au même moment une poignée de « super fonctionnaires » se partage plus de 55 milliards de Fcfa sur lequel ils ne paient aucun impôt.

Non seulement rien ne justifie qu’un fonctionnaire reçoive, en plus de son salaire, plus de 10 millions de FCFA de bonus l’année, et plus grave rien ne peut justifier que ce bonus ne soit pas imposable. Si c’est de ça qu’on veut qu’Omega cesse de parler, c’est peine perdue.
Les impôts gagneraient à bien traiter les contribuables comme des clients et non comme des adversaires, ne serait-ce que pour le Fonds Commun.

Fidèle Tamini, directeur général Radio Oméga

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