L’enlèvement de Me Mohamed Traoré a bouleversé l’opinion publique en Guinée. L’ancien bâtonnier, connu pour ses positions tranchées, a été séquestré par des inconnus le week-end dernier. Dans un message publié sur Facebook, il a exprimé sa gratitude envers ceux qui lui ont manifesté leur solidarité. Il a également partagé les émotions profondes qu’il a ressenties au cours de cette douloureuse épreuve.
« Je ne pensais pas commettre un crime en m’exprimant sur la conduite des affaires de mon pays », écrit-il. Il reconnaît avoir sous-estimé les risques que courent ceux qui prennent la parole publiquement. S’il a survécu, il affirme que c’est par la volonté divine, estimant que seul Dieu détient le destin des hommes.
Conscient des répercussions sur ses proches, Me Traoré a décidé de suspendre ses activités professionnelles. Cette décision n’est pas motivée par la peur, mais par la nécessité de protéger sa famille. Sa fille ayant été agressée et traumatisée par les événements, l’avocat met désormais la sécurité de ses enfants au-dessus de tout engagement.
Un boycott général déclenché par les avocats
Face à cet enlèvement de Me Mohamed Traoré, les avocats du barreau de Guinée ont réagi avec fermeté. Réunis en assemblée générale extraordinaire ce lundi au tribunal de Kaloum, ils ont adopté trois mesures fortes pour marquer leur indignation.
D’abord, un boycott de deux semaines de toutes les audiences judiciaires et des convocations par la police judiciaire a été voté. Pendant cette période, aucun avocat ne participera aux procédures en cours, à l’exception du dépôt de recours. Des sanctions disciplinaires sont prévues pour tout contrevenant à cette résolution.
Ensuite, une nouvelle assemblée générale sera convoquée à l’issue du boycott. Cette réunion servira à faire le point et envisager d’autres actions si la situation reste inchangée.
Enfin, les avocats se sont retirés de toutes les institutions et commissions de la transition, notamment du Conseil national de la transition (CNT). Ce retrait symbolique traduit leur volonté de dénoncer l’inaction des autorités face à l’agression d’un membre du barreau.
Enlèvement de Me Mohamed Traoré : plainte imminente contre les auteurs
Au-delà de ce boycott provoqué par l’enlèvement de Me Mohamed Traoré, les avocats comptent aller plus loin. Le barreau prévoit de porter plainte contre les auteurs de cette agression qualifiée d’« illégale et cruelle ». Une commission spéciale sera mise en place pour suivre le dossier judiciaire jusqu’à son terme.
Une rencontre officielle est également prévue avec le ministre de la Justice. Lors de cet échange, le barreau exigera l’ouverture d’une enquête sérieuse et des poursuites judiciaires contre les responsables. Pour les avocats, cet enlèvement constitue une attaque contre la justice elle-même, et il est impératif d’y répondre avec rigueur.