Football: crise au sein de la fédération,Gernot Rohr sur une corde raide

Nommé à la tête des Etalons le 24 février 2015 au sortir d’une CAN chaotique, le franco-germanique avait pour mission de créer un électrochoc et de ramener l’équipe nationale burkinabè à redécouvrir l’ambition. Près de huit mois après sa nomination sa magie tarde à produire ses effets. Est-il déjà au bout du rouleau ?

Gernot Rohr est parti avec une longueur d’avance par rapport à la concurrence au moment de faire le choix de celui qui s’asseoira désormais sur le banc de touche des Etalons. Il avait suivi de près la prestation des Etalons en Guinée Equatoriale et avait clairement diagnostiqué le mal qui ronge cette formation. Il a donc été recruté pour apporter la thérapie idoine et inoculer à nouveau la culture de la gagne aux vices-champions d’Afrique 2013. Sa mentalité germanique et sa bonne connaissance du football français réputé pour la qualité de sa formation lui conféraient donc le profil idéal pour remplir cette mission. Mais quatre matchs plus tard, force est de reconnaître que son bilan est famélique. Défaites face au Cameroun (3-2) le 6 juin 2015, devant le Botswana (1-0), le 5 septembre 2015 et contre le Mali (4-1) le 9 octobre dernier. Sa seule victoire sur sa nouvelle page avec les Etalons c’était le 13 juin au stade du 4-Août face aux Îles Comores comptant pour la première journée des éliminatoires de la CAN 2017. Gernot Rohr avait subtilement reconnu que lors de sa sortie initiale au Maroc (victoire des Etalons devant les Lions de l’Atlas version locaux par 2-1), il avait laissé le soin à Brama Traoré d’opérer la sélection et de conduire l’équipe pour cette mission. Cette victoire ne saurait donc être prise à son compte. Si jusque-là, celui qui est sensé apporté un renouveau au sein de la sélection nationale peine encore à cerner les contours des maux qui minent les Etalons, c’est qu’il a posé un mauvais diagnostic au moment de sa signature. Pire, il y a une fracture encore plus profonde au sein de l’équipe et la lourde défaite face aux Aigles du Mali vendredi dernier n’est pas faite pour rasséréner le groupe et rabibocher l’équipe avec son public. C’est même à se demander si le technicien franco-germanique a véritablement une mainmise sur les Etalons. Tactiquement il n’a rien apporté de plus qui puisse influencé le jeu des Etalons. Le système de jeu expérimental mis en place face au Mali avec un milieu en losange s’est très tôt liquéfié car pas bien assimilé par l’équipe. A en croire les témoignages de certaines personnes proches de l’équipe son autorité serait même bafouée. Et pour ne pas arranger les choses, il a marginalisé ses collaborateurs locaux qui pouvaient être un relais, sinon une courroie de transmission entre lui et les joueurs pour aseptiser et pacifier le milieu. A l’aube du match face au Bénin comptant pour les éliminatoires de la coupe du monde Russie 2018, Gernot Rohr est sur une corde raide. A moins que l’actuelle tête pensante ne prenne des décisions fortes pour reprendre la main à travers un retour de la discipline et le sérieux dans l’équipe. Les Etalons avaient construit leur succès en 2013 en se fixant comme ciment, la discipline, la cohésion de groupe et la combativité. Aujourd’hui, toutes ces vertus sont en train de foutre le camp sous la houlette de Gernot Rohr. Plus on avance dans le temps avec le franco- germanique, plus les Etalons proposent un ersatz de football à travers des prestations indignes et indigestes de leur rang. A la fédération, l’on en est encore à vouloir se régler des comptes avec certains joueurs plutôt que de trancher dans le vif. Le match contre le Bénin avance à grande vapeur. Si le fossé se creuse davantage entre Rohr et son groupe, il va falloir que le premier responsable de la Fédération burkinabè de football, à défaut de démettre son coach, trouve une personne idoine à adjoindre au staff afin qu’elle serve de pont entre l’entraîneur et ses joueurs pour recoller les morceaux. Cette personne pourrait être un Etalon qui vient de prendre sa retraite et qui a une bonne connaissance du groupe actuel. Le Gabon a expérimenté cette façon de faire avec Daniel Cousin qui sert de relais entre le coach Jorge Costa et les joueurs et ça fonctionne à merveille. Le football burkinabè n’a-t-il pas besoin de se remettre vite sur les rails ?
sidwaya

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