Insécurité/Education: « A cause de l’insécurité , d’autres parents ont préféré marier leurs filles »

Une équipe de la Direction de la Communication du ministère en charge de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales, avec l’appui financier de l’UNICEF, s’est rendue le 30 juin dernier à Ouahigouya à l’école Gondologo A, au lycée El Fati et au Centre de formation pour malvoyants au secteur 14, auprès des élèves déplacés internes réinscrits dans le système éducatif.

Au cœur d’une nouvelle donne familiale, scolaire et professionnelle imposée par les terroristes, élèves et enseignants font de la résistance non sans peines. Nous avons donné la parole à quelques acteurs déplacés qui témoignent de leur situation.

La vie des Personnes Déplacées Internes rime avec précarité et cela l’est encore plus pour les élèves et leurs enseignants réintégrés dans des établissements d’accueil. Monsieur Kindo, Professeur d’EPS venu de Rim témoigne des faits survenus dans le village de Silga non loin de Rim ‘’ C’est l’insécurité qui nous a amené ici. Ils sont arrivés dans le village où l’établissement était en construction et ils ont dit aux maçons d’abandonner le chantier car il n’y aura pas cours cette année dans la localité’’. Il propose une prise en charge financière et morale de la part du ministère pour les enseignants au regard des charges engendrées par cette situation.
Porgo Moustapha élève de la classe de 1ère , au secteur 14 de Ouahigouya est arrivé aussi du village de Rim. ‘’ L’année passée nous étions au nombre de 600 élèves mais avec le déplacement, on a eu à débuter les cours ici avec 300 élèves… ‘’

Pour sa part, Ouédraogo Aziz de Namsiguya a laissé ses parents sur place et est en location avec ses frères, contraints qu’ils sont de faire des allers et retours au village pour ramener des vivres ‘’ Ils sont venus nous chasser en disant que l’école est interdite. Nous avons besoin de soutien’’, nous confie-t-il avec un brin d’amertume .

Également de la même localité, Ouédraogo Aminata, a un regard des plus lucides sur leur situation. ‘’J’ai eu la chance de trouver un tuteur mais c’est pas comme chez les parents. La plupart du temps on arrive en retard à cause de la distance et dans les quartiers périphériques il n’y a pas d’électricité . On a des problèmes d’alimentation car nous devons faire la cuisine nous-mêmes. A cause de l’insécurité , d’autres parents ont préféré marier leurs filles’’, finit-elle par lâcher avec plein de hantise.

Un état des lieux bien confirmé par madame Drabo Awa , professeur d’histoire géographie venue de Namsiguya ‘’ Ça n’a pas été facile l’intégration, on a changé de sites deux fois. Actuellement on fait la navette entre deux sites… Des mineures ont été mariées. ‘’

Toutefois, malgré cette situation on constate que l’école burkinabè est résiliente grâce non seulement à l’engagement des acteurs de l’éducation et des communautés mais aussi grâce aux actions du Ministère en charge de l’éducation nationale à travers le Secrétariat technique de l’éducation en situation d’urgence et l’accompagnement des partenaires tels que l’UNICEF. L’alternative de l’Education en situation d’urgence donne un second souffle à une école résiliente grâce au courage et aux sacrifices de ses acteurs. Le ton de leur cri de cœur peut varier d’une personne à l’autre mais le leitmotiv commun est l’appel au soutien pour de meilleures conditions de vie et de travail en attendant des lendemains de paix.

DCPM/MENAPLN

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