Insurrection Populaire des 30 et 31 Octobre 2014: , événement de la RTB Yacouba Isaac Zida fortement impliqué




...La protection du siège de la RTB (télé) est généralement assurée par le RSP, en l’occurrence le Groupement des Unités d`Intervention.

Le 30 octobre 2014, il a été relevé des coups et blessures au siège de la Télé. Apres l’incendie de l’Assemblée, un groupe de manifestants’ s’y est rendu. Les éléments du RSP qui étaient de garde ce jour-Ià, dans le cadre de la protection des lieux gardés se sont confrontés à eux. Il n’a été enregistré aucun décès au 30 octobre 2014. De nombreuses personnes auditionnées ont déclaré y avoir été violentées ou blessées.

Le 02 novembre 2014, des manifestants étaient  attroupés au siège de la RTB télé. Outre les éléments du GUI du RSP qui y assuraient habituellement la garde, d’autres éléments du RSP (Une quinzaine environs) sont allés en renfort aux 5 à 6 éléments qui y étaient en poste. L’ensemble de ces éléments ont été placés sous le commandement du Lieutenant Etienne Batfo BADO, instruit d’assurer in situ ces fonctions, par le Capitaine Flavien KABORE.

Il y avait en plus, sur les lieux, des éléments de la Gendarmerie dirigés par le Lieutenant de Gendarmerie Hermann N’DO. Ont aussi été aperçus sur les lieux, Saran SERE SEREME, présidente du Parti pour la Démocratie et le Changement (PDC), le Général Kouamé LOUGUE, le Capitaine de Gendarmerie Moctar MAIGA et le Colonel Auguste Denise BARRY.

Alors que Saran SERE SEREME déclare y avoir été emmenée de force par des manifestants en colère  pour y « faire une déclaration » tendant à prendre le pouvoir, le Général Kouamé LOUGUE y a déclaré prendre le pouvoir des ledit jour (Cf vidéo).

Quant a Capitaine Moctar MAIGA, il affirme s’y être rendu pour calmer les manifestants après en avoir avisé sa hiérarchie. Pour ce qui est du Colonel Auguste Denise BARRY, il affirme s’y être rendu d’initiative, pour calmer les manifestants, et ce, après un entretien téléphonique avec le Colonel Boubacar BA qui l’a avisé de la situation qui y prévalait. Le Capitaine  Flavien KABORE du RSP y a aussi été aperçu avant  que les tirs n’aient lieu. Entre temps, des tirs ont éclaté entrainant une dispersion des manifestants et occasionnant des blessés et deux décès dont un décès sur place (Moubarak BELEM) et un blessé décédé en cours d’évacuation au CHUYO (Ouébidoua AOUEDRI). Le siège de la RTB étant désormais sous le contrôle du RSP, le lieutenant colonel Yacouba Isaac ZIDA a envoyé le Commandant Théophile NIKIEMA chercher Satan SEREME.

le Général Kouamé LOUGUE aurait quitté précipitamment les lieux. Il résulte des auditions et des éléments de preuves examinés que :

  • les éléments qui y sont intervenus ne sont pas ceux qui étaient de garde à  la RTB ce 02 novembre 2014.
  • les tirs du 02 novembre 2014 sont le fait d’éléments du RSP qui ont surgi du coté du ministère des finances à bord de véhicules militaires.
  • Le Capitaine Hamidou KOUDA et le Lieutenant Rélwindé CGMPOARE qui commandaient des, éléments du RSP en provenance de Ouaga 2000 pour maintenir l’ordre, ont déclaré avoir entendu les tirs avant même d’arriver sur les lieux. Ils auraient constaté à  leur arrivée que les manifestants avaient déjà été dispersés par d’autres éléments du RSP, sans dire lesquels.
  • Le Capitaine Hamidou KOUDA affirme avoir eu des échanges avec le Lieutenant-colonel Yacouba lsaac ZIDA et Boureima KERE au sujet des attroupèrent à la RTB et aurait été instruit par eux pour y intervenir et éviter des débordements.

De ce qui précède, qu’en considérant les déclarations du Capitaine Hamidou KOUDA et  du lieutenant Relwindé COMPAORE ce serait, soit les éléments au poste de garde qui auraient tiré, soit d’autres éléments non déterminés venus d’ailleurs.

Or, la première hypothèse est à écarter, la majorité des personnes auditionnées ayant indiqué que les tirs n’ont guère été le fait des éléments du RSP qui étaient à l’intérieur de la cour de la RTB.

La seconde hypothèse qui voudrait que ce soit des éléments du RSP autres que ceux venus du camp Naaba Koom qui soient intervenus avant l’arrivée du Capitaine Hamidou KOUDA et de ses éléments ne peut être non plus créditée. En effet, le seul mouvement d’hommes armés, embarqués dans des véhicules militaires et qui soient intervenus à la RTB le 02 Novembre 2014 est le cortège dirigé par le Capitaine Hamidou KOUDA et le Lieutenant Relwindé COMPAORE. Cela est d’autant plus concordant que dans leur cortège a été aperçu par le lieutenant Etienne Baffo BADO du RSP, une 14.5 (arme lourde montée sur un véhicule) notoirement aperçue et dont les tirs ont été entendus ce jour (ci vidéo).

Au vu des éléments d’informations colletées, la Commission retient donc, que ce sont les éléments dirigés par le Capitaine Hamidou KOUDA et le Lieutenant Relwindé COMPAORE qui sont intervenus à la RTB et qui ont effectué les tirs depuis l’extérieur de la cour de la RTB.

Toutefois, hormis les premiers responsables sur le terrain, la CEI n’a pu identifier formellement les éléments qui y sont intervenus, et ce, du fait d’un manque de coopération de ceux-là qui détenaient l’autorité de l‘Etat. En effet, le Colonel Boubacar BA a déclaré tout ignorer de cette intervention alors que le Colonel Auguste Denise BARRY affirme ne rien savoir de cette intervention qui l’a surpris et même qu’il s’en serait plaint (il ne comprendrait pas pourquoi des éléments armés seraient intervenus alors qu’en tant qu’officier sur les lieux, il n’en a pas été avisé) lors d’une réunion, en présence du Lieutenant-colonel Yacouba Isaac ZIDA, aujourd’hui Général de division qui n’aurait pas réagi.

Ce dernier n’a pu être joint dans le cadre de la présente enquête. La Commission a adressé des courriers sans suite au MDNAC. Ii a été indiqué, en février 2016, qu’il rentrerait « incessamment », mais il n’y a plus eu de suite. La Commission a fini par lui adresser à  son domicile le 06 avril 2016 une convocation (reçue par Kossi YARO, agent de sécurité) à comparaitre pour être entendu. La Commission a estimé que le contact gardé avec le domicile provoquerait la réaction du Général, mais là aussi, sans suite. La Commission a dû rechercher son adresse électronique et lui a envoyé un ultime courriel afin d’échanger avec lui, étant donné qu’il n’est pas joignable sur son numéro de téléphone connu sur les derniers documents officiels qu’il a lui-même renseigné, notamment, sa déclaration de biens de fin de mission gouvernementale.

Là non plus, la Commission n’a eu aucune suite. En tout état de cause, il résulte de l’analyse des auditions que les éléments qui sont intervenus violemment A la RTB et qui ont occasionné les décès de Moubarak BELEM et AOUEDRI Ouébidoua sont des éléments du RSP venus du camp Naaba Kom sur instructions du Lieutenant-colonel Yacouba Isaac ZIDA et dirigés par le Capitaine Hamidou KOUDA et le Lieutenant Rélwindé COMPAORE. En plus de ces éléments factuels, il y a lieu de noter que le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac ZIDA était devenu le seul Chef du RSP, outre sa qualité de Chef de l’Etat depuis le 31 octobre 2014, puisque selon des membres du RSP auditionnés, devenu Chef de l’Etat, il  aurait relevé le même jour, le Colonel -Major Boureima KERE de ses  Fonctions de Chef  de Corps du RSP et lui aurait donné l’ordre de rejoindre le Général Gilbert DIENDERE.

En l’absence d`un Premier Ministre au 02 novembre 2014 à même de réquisitionner l’intervention du RSP en tant que force de troisième catégorie, et en l’absence de toute autre autorité établie et les éléments du RSP déclarant n’obéir qu’aux ordres de leur chef, seul le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac ZIDA avait la possibilité de provoquer l’intervention du RSP à la RTB ou, s’il n`en était pas informé, l’interdire.

Du reste, c’est ce qu’a affirmé en partie le Capitaine Hamidou KOUDA, même s’il dit par ailleurs que c’était une intervention spontanée de soldats par solidarité ai leurs frères d’armes assaillis par des manifestants. Pis est, après les décès enregistrés à la RTB le 02 Novembre 20l4, aucune procédure disciplinaire n’a été engagée, aucune explication n’a été demandée à personne, aucun rapport sur Ia situation n’a été établi et personne n’a été présenté aux autorités de poursuites...

Extrait du rapport de la commission d'enquête indépendante

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