Lettre ouverte de Me Paul KERE à son Excellence Monsieur le Président Blaise Compaoré, ex-Président du Burkina Faso

Excellence, Monsieur Le Président du Burkina Faso et Bien Cher Frère Aîné,

C’est la première fois, depuis votre intelligente démission afin d’éviter un « bain de sang » inutile à notre peuple que je m’adresse à vous, même si, très souvent, je prends, à l’instar de nombreux autres burkinabè anonymes, de vos nouvelles en espérant que Dieu vous accorde, dans son infinie grâce, une longue vie et un bonheur familial.

À l’entame de la présente lettre qui vous est ouverte et aux burkinabè entiers, je souhaite faire, « in limine », trois observations essentielles :

La première, lors de votre avant dernier voyage à Paris, j’ai sollicité en vain de votre service de protocole à l’époque, une audience pour vous dire en face ce que j’avais sur le cœur, savoir vous dissuader simplement de l’opportunité de la modification de l’article 37 de la Constitution même si la dite modification était légalement admissible. Seuls son opportunité et le contexte politique étaient inconcevables.

En désespoir de cause, je m’étais résolu à vous adresser une lettre par la voie hiérarchique de l’ambassadeur de l’époque du Burkina Faso à Paris ainsi que par l’intermédiaire du premier responsable du département Ministériel en charge des Réformes Institutionnelles.

En vain! Et c’est vraiment dommage!

Certes, ce qui est passé est passé et je vous suggère, si ce n’est déjà fait, ainsi qu’à tous les burkinabè de nous tourner tous désormais et résolument vers l’avenir de notre beau pays en ayant à l’esprit comme seule boussole et seul objectif, l’intérêt supérieur du peuple burkinabè. L’erreur n’est jamais diabolique…

En revanche, la persistance dans l’erreur l’est. « Que celui qui n’a jamais péché lève le doigt »? Personne !

En second lieu, vous avez dû certainement lire ma lettre ouverte au Président actuel du Faso, votre ancien premier ministre, ancien Président de l’Assemblée Nationale, et beau-frère avec lequel vous avez partagé 25 ans de collaboration politique sans discontinuer ni désemparer, j’ai nommé son Excellence Monsieur Le Président Roch Marc Christian KABORÉ.

Le regretté, Salif Diallo vous disait de lui et c’est avéré qu’il « n’est pas travailleur ». Pourtant c’est lui qui préside aujourd’hui à la destinée de notre pays. Seul Dieu donne le pouvoir et personne d’autre!

Quoi qu’il en soit, il semble que l’idée même que le Président KABORÉ vienne vous rencontrer à Abidjan, à Niangoloko ou à Ferkéssédougou soit largement partagée à l’heure actuelle par une grande majorité écrasante de nos compatriotes. (90%). C’est un signe que les burkinabè constituent un grand peuple, prompt au pardon, lent à la colère conformément aux écritures saintes du Coran et de la bible même si je ne suis pas un théologien. C’est peut-être un peuple béni de Dieu à côté du peuple choisi d’Israël.

La troisième et dernière observation avant mon propos tient au fait qu’après la publication de la lettre ouverte à votre successeur, un burkinabè, tout aussi lambda que moi m’a appelé pour me dire ceci: « Jeune frère, ne croyez pas que cette lettre au Président KABORE, approuvée par une écrasante majorité de nos concitoyens est le fruit de votre intelligence, mais, bien au contraire celui du saint esprit qui vous a visité». Il m’a ainsi ému en concluant qu’il avait « versé des larmes à la lecture de la lettre ». Par ailleurs, un autre compatriote burkinabè m’a persuadé qu’il fallait que je vous adresse également une lettre ouverte. Mais avant, je tenais à confesser devant vous ainsi que mes frères et sœurs burkinabè que j’ai « péché » par omission en ne vous ayant jamais rendu visite à Abidjan. « La boum ka Mandé, ti Wend ka gulsè Wakat yé, la Wend YAM ka nisalib raab yé ». En traduction de Moore facile, rien ne se fait sans la volonté de Dieu et le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes.

Voici enfin le message du fin fond de mon cœur que je tiens à vous délivrer : Si Le Président Roch Marc Christian KABORÉ prenait, le cas échéant, l’initiative de vous rencontrer à Abidjan, je vous suggère, malgré la tentation que les portes de votre maison soient grandement ouvertes et qu’il trouve auprès de vous la sève vivifiante du ciment de la paix sociale dans notre pays.

Certes une minorité de trouble-faits (qu’il convient de tolérer parce qu’ils sont des nôtres) de part et d’autre tenteront vainement de saquer et de saboter cette belle initiative pour la paix dans notre pays. Et comme je l’ai antérieurement suggéré au Président Roch Marc Christian KABORÉ, n’y accordez aucune forme d’importance à ces renégats de la haine fraternelle qui n’ont d’autres objectifs que leur panse personnelle.

En effet, l’intérêt supérieur du peuple burkinabè est au-dessus de ces considérations bassement égoïstes et haineuses. Pour avoir joué un rôle de premier plan dans certaines médiations ouest-africaines, je suis convaincu que vous mesurez d’ores et déjà, à sa juste valeur, la nécessité d’une telle rencontre fructueuse au cours de laquelle vous prodiguerez certainement des conseils précieux pour la paix au Burkina Faso. La mort des personnes civiles et nos forces de défense et de sécurité est insoutenable pour notre peuple et aucune solution ne doit être négligée ou économisée.

En espérant une précieuse collaboration avec les autorités actuelles de notre pays pour la recherche de la paix pour une cohésion sociale en paix dans notre pays, je vous prie de croire, Excellence Monsieur Le Président à l’assurance de la plus grande estime en laquelle je vous tiens.

Paul KÉRÉ

Citoyen Lambda

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