"Ce jeudi 4 mai 2023, le président de la transition, Ibrahim Traoré, a accordé une interview à la télévision nationale, relayée par les autres organes de presse audiovisuelle.
L’interview a été dirigée par un journaliste de la RTB et un journaliste d’une chaîne privée, Canal 3 en l’occurrence .
Deuxième du genre, l’interview du président de la transition a lieu à un moment où le pays s’enfonce dans la crise, avec en toile de fond, la sempiternelle crise sécuritaire qui ne fait que se métastaser comme un cancer.
Plus de six mois après l’arrivée des capitaines aux affaires, le peuple médusé se rend compte avec effroi, que ces jeunes officiers n’ont pas la solution pour mettre fin aux innombrables attaques qui endeuillent notre pays depuis 2015.
Courant mars, nous avons enregistré un nombre record d’attaques terroristes, occasionnant de nombreuses victimes, civiles et militaires. Ces attaques sont ponctuées par des exactions que certains observateurs attribuent aux FDS.
La dernière en date est celle de Karma, localité située à une quinzaine de kilomètres de Ouahigouya. Le bilan est effroyable. Pas moins de 146 civils, incluant femmes, enfants et vieillards, auraient été froidement assassinés par des hommes sans vergogne, vêtus de la tenue terre de l’armée burkinabè.
Vivement que l’enquête en cours puisse situer les responsabilités et que les responsables de cet acte ignoble soient jugés et punis à la hauteur de leur forfait.
Dans la foulée, une compagnie de FDS a été la cible d’une attaque à Ouragou, dans l’Est du pays. Bilan, plus 33 militaires ont péri suite aux combats.
Ces deux événements ont contribué à fragiliser le régime des capitaines et à entamer fortement leur crédibilité et leur relative popularité auprès d’une certaine opinion.
Dépassés par les événements, incapables d’apporter des réponses pertinentes et réalistes à la crise sécuritaire, submergés par les enjeux géopolitiques, les stratèges du MPSR 2 ont conçu une stratégie ou un pare-feu à trois paliers.
Le premier niveau a consisté à se servir de la cérémonie d’ouverture de la SNC à Bobo-Dioulasso, pour offrir un bain de foule au capitaine Ibrahim Traoré et montrer à l’opinion l’image d’un président populaire et proche du peuple. Le revers de cette stratégie, c’est que le bain de foule a été fait au mépris des victimes de Karma et de Ouragou, qui se comptent par centaines.
Le second pallier de la stratégie a consisté à faire monter au créneau, les ministres de la défense, de la sécurité et le ministre d’Etat, Bassolma Bazié. Ils ont rencontré au pas de charge, les forces vives de la nation pour avoir leur soutien et demander leur accompagnement. Il a fallu six mois pour qu’ils se rendent compte qu’ils ne peuvent pas réussir seuls.
Cela n’augure rien de bon pour la suite. Surtout quand le ministre de la défense évoque un complot international contre le Burkina. Sachant qu’au plan national, le régime est loin de faire l’unanimité. L’évidence qui saute aux yeux, c’est que le régime a ouvert naïvement de nombreux fronts dont il aurait pu faire l’économie, aussi bien au plan national qu’à l’international.
Enfin, le troisième niveau de la manœuvre en vue de tenter de sauver le régime des capitaines, c’est l’interview du président IB.
Là aussi, l’effet escompté par cette sortie est loin d’avoir été atteint. Les populations meurtries ne veulent plus des discours, des promesses, des belles paroles. Le peuple attend des résultats concrets, tangibles, au plan sécuritaire. Car, c’est bien cela la priorité et c’est ce qui a justifié le coup d’Etat du MPSR 2.
L’interview de IB n’est rien d’autre qu’une sortie de plus.
Il est grand temps qu’il soit à la hauteur des attentes du peuple, ou de rendre le tablier. C’est aussi une option digne et honorable. Et le peuple lui sera reconnaissant. L’erreur étant humaine. C’est persévérer qui est « diabolique »".
Aboubakar Ouattara
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