A la faveur de la marche initiée par le mouvement «U Gulmu fi» qui signifie «Gulmu lève-toi» en langue gourmancema, les manifestants n’ont pas pu remettre leur message au gouverneur de l’Est, le Colonel T. P. Saïdou Sanou. Ceux-ci crient au scandale, l’autorité administrative s’explique.
C’est après avoir arpenté quelques artères de la ville de Fada N’Gourma que les marcheurs ont rallié le gouvernorat où les attendaient plusieurs autorités administratives. Ils ont été stoppés à l’entrée par un dispositif sécuritaire alors qu’ils désiraient tous y pénétrer pour remettre leur mémo.
Le gouverneur a laissé entendre qu’il était disposé à recevoir une délégation des manifestants, mais pas toute la foule. Malgré des pourparlers, une demi-heure durant, les deux parties n’ont trouvé aucun compromis. Une situation qui a suscité la colère des marcheurs, visiblement frustrés.
Le coordonnateur du mouvement « U Gulmu fi », Emmanuel Ouoba, y voit du mépris vis-à-vis de la foule. Mais, s’est-il exclamé, les manifestants ont démontré qu’ils sont « suffisamment disciplinés et consciencieux » pour prêter le flanc à toute provocation et, ainsi, remettre en cause le caractère pacifique de la marche.
Pour Adolph Tankoano, membre du mouvement « U Gulmu fi », c’est un spectacle désolant et triste de la part de l’autorité. « Nous avons acheminé une demande de manifestation. Mais le gouverneur ne nous a pas répondu clairement en disant qu’il ne pouvait recevoir qu’une délégation. Si c’était le cas, nous aurions pu prendre des dispositions», fulmine-t-il.
Pour Moussa Thiombiano dit Django, venu marcher, cela ne coutait rien au colonel Sanou de recevoir les manifestants et de prendre leur message pour le transmettre à qui de droit. Comme lui, l’ancien député, Ernest Thiombiano, s’est dit consterné par l’attitude de l’autorité.
Face aux multiples interprétations de la situation, le colonel Sanou a réagi : « Le gouvernorat n’est pas une voie publique. En matière de manifestation, ce n’est pas tout le cortège qui vient remettre le message. Le principe voudrait que ce soit une délégation filtrée par la police qui le fasse.
Mais le mouvement n’a pas voulu se conformer à ce principe. Tous les marcheurs ne peuvent pas entrer au gouvernorat et en la matière nous sommes stricts. Si nous sommes là c’est parce que nous étions prêts à les recevoir. Pourquoi vouloir obligatoirement que tous les manifestants accèdent au gouvernorat.
Peuvent-ils nous assurer que tout ce monde est potable ? Rien ne prouve qu’il n’y a pas de marcheurs dans la foule qui portent des armes blanches. S’ils s’adonnent à des actes de vandalisme, qui sera responsable ? Le maintien de l’ordre incombe à l’autorité administrative et nous prenons nos responsabilités. Qu’ils sachent que les libertés publiques obéissent à des règles au Burkina Faso. De ce fait, il est important à tous de se les approprier».
Cette marche du mouvement « U Gulmu fi », deuxième du genre, pour exprimer son ras-le-bol du mauvais état du réseau routier, de la situation « défectueuse » du Centre hospitalier régional (CHR) de Fada, de l’insécurité généralisée dans la région et de la gestion du phosphate de Kotchari, a eu lieu dans les chefs-lieux des cinq provinces de la région de l’Est.
Agence d’information du Burkina