Politique: la CENI capable d’organiser les élections à bonne date selon l’opposition

Sur invitation du Président du Faso, l’Opposition politique a participé à deux rencontres le vendredi 17 et le jeudi 23 avril 2020.

Le sujet à l’ordre du jour à la première rencontre était les élections de 2020, et le second sur le Covid-19. A ces rencontres, l’Opposition a assisté aux exposés du Président de la CENI, du Directeur général de l’ONI, et des membres du Gouvernement.

Sur le premier sujet, à savoir le double scrutin présidentiel et législatif de novembre 2020, le Président de la CENI a fait l’exposé de trois scénarii. Le scénario fondamental est la reprise des opérations d’enrôlement et la tenue des élections à bonne date en tenant compte des dispositions de l’article 165 (intangible) de la loi constitutionnelle n°072-2015/CNT du 05 novembre 2015 portant révision de la Constitution qui stipule que :

« Aucun projet ou proposition de révision de la Constitution n’est recevable lorsqu’il remet en cause :
la clause limitative du nombre de mandat présidentiel ;
la durée du mandat présidentiel ;
la nature et la forme républicaine de l’Etat ;
le système multipartiste ;
l’intégrité du territoire national.

Dans les échanges, la CENI a dit qu'elle était capable d'organiser les élections à bonne date. Mais, a-t-elle relevé, si elle accusait un quelconque retard, cela allait jouer sur certains aspects du Code électoral. Et dans ce cas, elle aurait besoin que la classe politique fasse les modifications appropriées.

Sur ce plan, il y a eu consensus et il a été demandé à la CENI de transmettre aux deux composantes les points juridiques précis sur lesquels elle pourrait être amenée à solliciter la classe politique pour des aménagements du code électoral.

L’Opposition a réaffirmé sa position qui est que les élections couplées présidentielle et législatives doivent se tenir en Novembre 2020, conformément à la Constitution, au Code électoral et aux conclusions du Dialogue politique. Aucun autre scénario n’est envisageable, et aucun prétexte ne doit être trouvé pour tomber dans des artifices juridiques permettant d’aller au-delà des mandats du peuple.

Concernant la gestion du Covid-19 dans notre pays, l’Opposition politique est allée à la rencontre avec sept principales préoccupations : Les mesures de préparation à la crise, le mécanisme global de riposte, la gouvernance politique de la riposte, la riposte sanitaire, les mesures économiques et sociales, le débat sur le budget de la riposte, et la communication institutionnelle.

- Les mesures de préparation à la crise

Notre préoccupation était de savoir si le pays était préparé à la crise, et quelles étaient les dispositions initiales qui ont été prises. Nous avons fait la remarque que l’expérience de la prévention de l’épidémie d’Ebola n’a pas été capitalisée pour prévenir le Covid-19.

- Le mécanisme de coordination

Nous avons souligné le fait que l’action technique contre le Covid-19 ne semble pas s’appuyer sur l’organisation et le fonctionnement du système national de santé. Le système actuel est vertical, et la question du Covid-19 est traitée comme une question spéciale. En outre, on assiste à un foisonnement d’initiatives, notamment autour de la collecte de fonds et des dons. A cela, il faut ajouter les contradictions qui ont entouré la relecture du plan national de riposte.

- La gouvernance globale

Nous avons rappelé qu’il est bon que le Gouvernement cherche l’apaisement avec les partenaires sociaux. Nous avons aussi déploré le déficit de concertation au sein de la classe politique. Par ailleurs, la concertation avec les populations doit être permanente, pour éviter que les décisions ne soient inefficaces
La gestion centralisée de la pandémie limite la prise en main de la riposte par les institutions locales. Les plans locaux de riposte doivent aussi être financés, à travers une décentralisation du financement.

- Les mesures sanitaires

Nous avons fait plusieurs observations relatives à la faible capacité, à la centralisation et à la lenteur du dépistage et de la prise en charge des malades. Nous avons aussi critiqué le manque de rationalité de certaines décisions, comme la location des hôtels et la gestion du confinement des malades.
Nous avons également plaidé pour que les agents de santé soient mieux protégés et équipés, qu’il y ait un renforcement du personnel si nécessaire (avec la mobilisation des étudiants). Nous avons suggéré que soit instituées une prime de motivation et une indemnisation en cas de décès par la maladie, au bénéfice des agents de santé en première ligne.
Nous sommes revenus sur des sujets à débat comme les scandales à Tengandogo, le port obligatoire des masques, la question des personnes à la santé fragile, la question de la Chloroquine et de l’Apivirine.

- Les mesures de riposte économique

Nous avons pris acte des mesures sociales prises par le Président du Faso. Concernant les mesures fiscales, nous avons voulu savoir, point par point, le nombre de personnes qui en seront bénéficiaires, et l’impact de ces mesures.
Nous avons par ailleurs souligné que certaines mesures, notamment celles concernant les banques et les médias, sont des vœux pieux.
Concernant les mesures de relance économique, nous avons voulu en savoir plus sur les critères de choix des bénéficiaires, et sur la transparence de la démarche.
Enfin, nous avons évoqué les sujets brûlants relatifs au Covid-19, à savoir la réouverture des marchés, la question du transport urbain, des activités académiques, des restaurants, des lieux de culte, etc.
L'opposition est d’accord pour la réouverture de ces structures économiques, sociales et religieuses, mais a souhaité que l'Etat et les mairies prennent les mesures appropriées pour faire respecter les consignes de distanciation et de nettoyage.

- Débat sur le budget de riposte

Sur ce sujet, nous avons non seulement critiqué le manque de rationalité et de réalisme du budget, avec des velléités de malversations, mais nous avons aussi fait des suggestions pour une meilleure mobilisation des ressources et une gestion transparente desdites ressources.

- La communication institutionnelle

Sur cette question, nous avons relevé la multiplicité de voix officielles parlant du coronavirus, les contradictions entre les membres du Gouvernement, et l’inadaptation des canaux de communication utilisés.

Extrait de la déclaration liminaire du point de presse du CFOP

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