Le Cadre de concertation du Chef de file de l’Opposition politique (CC/CFOP) a tenu une réunion ordinaire le mardi 30 octobre 2018 au siège du CFOP à Ouagadougou.
Présidée par le Chef de file de l’Opposition, M. Zéphirin DIABRE, la rencontre avait les points suivants inscrits à son ordre du jour :
– La commémoration de l’an IV de l’Insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014 ;
-La situation à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ;
– La participation de l’Opposition aux travaux sur la Charte nationale des valeurs sociales burkinabè ;
-Divers.
I – An IV de l’Insurrection populaire
Les participants se sont souvenus qu’il ya de cela quatre ans, notre pays a connu une insurrection populaire, événement qui a marqué à tous points de vue notre histoire récente, et symbolisé la quête de notre peuple pour une gouvernance vertueuse.
Au-delà de la revendication relative à la limitation des mandats, notre peuple s’est insurgé contre la mal gouvernance, et a décidé de tracer de nouveaux sillons, qui s’imposeraient désormais à tous ceux qui ont en charge les affaires du pays.
Par sa portée historique, l’Insurrection des 30 et 31 Octobre appartient désormais à l’héritage commun de tous les Burkinabè.
Mais l’anniversaire commémoré aujourd’hui ravive les douloureux souvenirs :
-celui de la trentaine de martyrs tombés au champ d’honneur, victimes d’une certaine barbarie infiltrée en son temps au sein des forces de maintien de l’ordre, dont nous saluons la mémoire et pour qui nous continuons de réclamer justice;
– celui des nombreux blessés, dont beaucoup sont abandonnés à leur sort, et à qui nous continuons de souhaiter un prompt rétablissement ;
– celui des victimes d’officines politico- mafieuses maintenant identifiées, qui ont profité du tumulte pour régler des comptes personnels, en procédant par exemple à l’incendie des domiciles de leurs adversaires.
Quatre ans après l’événement, les familles des martyrs réclament toujours justice, chose difficile à comprendre quand on sait que ceux qui nous gouvernent aujourd’hui étaient à leurs côtés sur les barricades, et sont même de ceux qui les ont appelés à sortir manifester.
La même soif de justice est présente chez de nombreux Burkinabè qui ont été victimes de la méchanceté gratuite de politiciens qui ont saisi l’occasion pour régler avec eux des comptes personnels.
De manière générale, quatre ans après, c’est la déception et la désillusion qui prévaut aujourd’hui dans l’opinion. Le rêve d’une meilleure gouvernance des Burkinabè a été trahi par le pouvoir du MPP, qui se complait dans les mêmes tares qui ont entrainé l’Insurrection.
C’est au regard de cette trahison des aspirations de l’insurrection, que l’Opposition politique a décidé de se démarquer des commémorations organisées par le pouvoir du MPP, lesquelles commémorations relèvent ni plus ni moins que de l’hypocrisie.
Pour nous, la meilleure façon d’honorer la mémoire de nos martyrs, surtout de la part de ceux qui sont arrivés au pouvoir grâce à leur sacrifice, c’est de gouverner le Burkina Faso dans le sens des aspirations pour lesquelles ils sont morts.
II – Situation à la CENI
L’Opposition est préoccupée par la situation qui prévaut à la CENI et dont les réseaux sociaux font écho depuis la plénière des commissaires du mardi 30 octobre. Cette rencontre a étalé au grand jour la divergence de point de vue qui existe entre le Président de la CENI d’une part, et les 14 commissaires d’autre part, sur la pertinence de la plateforme électronique d’enrôlement que le Président de la CENI propose.
Elle montre clairement que la proposition du Président de la CENI ne rencontre pas l’assentiment des 14 autres commissaires.
Cette situation conforte la position du CFOP sur la nécessité d’une collégialité et d’un surpassement du « moi » dans toute approche relative à la matière électorale au sein de cette institution.
Le CFOP appelle l’ensemble des acteurs à prendre acte de cette atmosphère délétère, en situer les responsabilités et tirer, en toute lucidité, les conséquences nécessaires.
C’est l’occasion pour l’Opposition politique burkinabè de redire ici son attachement aux valeurs républicaines et aux impératifs subséquents que sont, entre autres, l’organisation d’élections crédibles, transparentes et acceptées de tous. C’est pourquoi elle insiste sur la nécessité d’un consensus autour des règles du jeu démocratique et rejette par conséquent le code électoral adopté aux forceps par la Majorité au pouvoir.
Fort de cela, l’Opposition politique invite les apprentis, pseudo-juristes et autres experts du tas à s’abstenir de toute tentative de manipulation de l’opinion publique par des interprétations erronées des dispositions pertinentes de la loi.
En effet, l’Opposition politique a pris connaissance d’une déclaration intitulée « Déclaration à la plénière », non signée qui circule sur les réseaux sociaux, depuis le 30 Octobre 2018, et qui tend à faire croire que des dispositions du code électoral adopté récemment interdirait l’enrôlement des électeurs par la formule ancienne. Il n’en est rien !
En effet, aucun des articles 14, 50, 50 bis et 53, objet d’une interprétation rendue dans ledit document, n’empêche nullement que l’enrôlement tel qu’il se fait actuellement ne puisse se faire.
Quant à la référence à un article 165 septiès contenu dans la même déclaration, elle n’appelle pas de commentaire particulier ; une telle disposition n’existant pas dans le code électoral.
La méthode ancienne de l’enrôlement par l’envoi d’équipes sur le terrain a toujours fait l’unanimité et n’a enregistré, à ce jour, aucune récrimination de la part des acteurs du jeu électoral.
La même déclaration évoque l’article 53 dans une démarche de tromperie de l’Opinion. En effet, cet article détermine d’une part les documents pour le vote et, d’autre part, il est attributif de compétence et le siège de la détermination du mode d’enrôlement puisqu’il est ainsi libellé : « la carte nationale d’identité du Burkina Faso ou le passeport ordinaire en cours de validité tient lieu de carte d’électeur.
La commission électorale nationale indépendante prend les dispositions pratiques et techniques pour le recensement des majeurs détenteurs de la carte d’identité nationale ou du passeport. »
Enfin, contrairement à ce que ledit document veut laisser croire, le code électoral ne fait nullement obligation, pour la CENI, d’adosser l’enrôlement des électeurs à la base de données de l’ONI. Probablement encore un de ces amateurismes tendancieux dans la lecture de l’article 265 sexiès qui est ainsi libellé « Avant l’informatisation intégrale du système de l’état civil, les structures en charges des bases de données de la CNIB et des documents d’état civil mettent à la disposition de la CENI, les données nécessaires à l’opérationnalisation de la révision du fichier électoral ». Cela a toujours été le cas depuis l’établissement du fichier électoral biométrique.
En somme, aucun des articles cités n’est d’aucun secours à la volonté de l’auteur de l’écrit dans sa tentative de manipulation de l’opinion sur un mode de recensement qui serait imposé par le code électoral.
La prérogative du choix du mode de recensement des électeurs échoit à la plénière des commissaires. Et nul ne peut l’accuser de vouloir « fabriquer la loi » quand elle use de ses prérogatives.
C’est pourquoi, l’Opposition politique salue le professionnalisme et la maturité de tous les commissaires de la CENI, qui ont su surpasser toute considération partisane, pour adopter des positions de sagesse, conformément à leurs prérogatives, pour le grand bonheur du peuple burkinabè.
III – Travaux de la commission sur la Charte nationale des valeurs sociales
Le Président de l’ESPOIR, M. Jean-Hubert BAZIE, a fait un compte rendu d’étape des travaux de la commission sur la Charte nationale des valeurs sociales burkinabè, au sein de laquelle il représente l’Opposition politique.
Les participants ont hautement apprécié la pertinence des travaux de cette commission. Ils ont donné des orientations au représentant de l’Opposition pour la suite de sa participation aux travaux.
IV – Divers
Au chapitre des divers, le Président du CDP, M. Eddie KOMBOIGO, a informé ses pairs de la tenue de la rentrée politique de son parti le 18 novembre 2018 à la Maison du Peuple, à Ouagadougou.
En deuxième point de divers, le Président de l’ADF/RDA, Maitre Gilbert Noël Ouédraogo, a informé l’assistance de l’organisation à Ouahigouya, du 22 au 24 Novembre, du Festival Sports et Culture de la Ville de Ouahigouya (FESCO) dont il est le promoteur.
En troisiéme point de divers, les participants ont évoqué la comparution le 26 Octobre dernier du Secrétaire général de la CGTB, M. Bassolma BAZIE, devant le Tribunal de grande instance de Ouagadougou. Il devait y répondre des faits de délit commis par voie de presse suite à une plainte déposée par des candidats au concours annulé de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Une délégation du CFOP, composée des Présidents du MPJD, M. Patrice Z. SAMBARE, et de l’UFDB, M. Mahamadi KOLA, avait été dépêchée pour assister à l’audience, qui a été finalement renvoyée.
Pour l’Opposition politique, tout citoyen est justiciable, et nul n’est au-dessus de la loi. Cependant, l’Opposition s’inquiète de l’instrumentalisation grandissante de la justice par le pouvoir en place, en vue de régler ses comptes avec ceux qui le gênent.
L’Opposition souhaite que la justice fasse son travail en toute indépendance et impartialité. Elle apporte son soutien et ses encouragements à M. Bassolma BAZIE, et reste en alerte sur ce dossier.
Débutée à 18 heures, la réunion a pris fin à 21 heures.
Ouagadougou, le 31 octobre 2018
Le service de communication du Chef de file de l’Opposition politique