Bonjour Mesdames et Messieurs de la presse ! Tout le plaisir est pour nous de vous retrouver dans la maison commune de l’Opposition, pour échanger sur des sujets de l’heure. Ce mardi, nos échanges porteront sur l’ordre du jour ci-après :
-La crise à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ;
-La plate-forme d’enrôlement des électeurs ;
-Les marches-meetings organisées par le MPP.
DE LA CRISE A LA CENI
Ce n’est plus un secret : la CENI traverse une crise interne ces derniers temps. Cette crise oppose le Président de l’institution, M. Newton Ahmed BARRY, aux cinq commissaires représentants l’Opposition.
De prime abord, nous nous gardons d’entrée dans le fond des débats. Nos commissaires qui sont à la CENI, sont mieux placés que nous pour en parler avec moult détails. Cependant, les faits tels que décrits dans le mémorandum de nos commissaires, indiquent que le Président de la CENI gère seul l’institution, et prend des décisions qui outrepassent ses prérogatives.
Du reste, dans une première déclaration des commissaires de l’Opposition, datée du 27 juillet 2018, ceux-ci révélaient que le Président de la CENI défendait publiquement des positions contraires à ce qui a été retenu par la plénière des commissaires. C’est assez grave.
L’un des faits symptomatiques de cette manière de gérer, c’est la sortie médiatique de Mr. BARRY pour annoncer la date du référendum, en violation de la loi électorale.
Cette situation de crise interne pouvait peut-être trouver une solution, si Mr. BARRY s’asseyait humblement avec ses commissaires, pour les entendre. Du reste, cette proposition a également été faite par un Commissaire siégeant au titre de la société civile.
Pour l’Opposition politique, ce sont les graves positions défendues par Mr. BARRY au sujet de la plate-forme d’enrôlement et des documents de votes, qui inquiètent le plus.
Par ailleurs, nous regrettons que le Président de la CENI fasse de sa plate-forme une affaire d’honneur personnel, une affaire d’égo. Que vaut l’égo d’un individu fasse à des risques de crises dans un pays?
Mr. BARRY s’érige également en parangon de la vertu, en s’appuyant sur le fait qu’il faut organiser des élections moins chères que de par le passé. Les milliards économisés pourront-ils ramener la paix une fois qu’elle est remise en cause ? Est-ce le rôle du Président de la CENI d’enseigner à la classe politique comment économiser ?
Sur le même sujet, l’erreur du Président de la CENI, c’est de penser que seul le Chef de file de l’Opposition est contre son idée. C’est pourquoi il a été virulent à l’endroit du CFOP. Nous le disons ici et de manière claire : Toute l’Opposition politique est contre les réformes proposées et défendues par le Président de la CENI. Toute l’Opposition soutient fermement ses cinq commissaires dans leur lutte pour un processus électoral crédible et impartiale.
DE LA PLATEFORME D’ENROLEMENT DES ELCETURS
Mesdames et Messieurs, abordons à présent le deuxième thème de ce point de presse.
Dans ce système proposé et défendu par le Président de la CENI, la CENI adosse le fichier électoral à celui de l’Office National d’Identification(ONI). Concrètement, la CENI prend avec l’ONI, les données des personnes qui ont fait établir une carte nationale d’identité burkinabè (CNIB).
Après ceci, la CENI extrait les noms des citoyens qui ont l’âge de voter, puis des opérateurs les contactent par SMS ou appel téléphonique, en français ou dans l’une des trois langues que sont le mooré, le dioula et le fulfuldé.
Les opérateurs de la CENI interagissent avec ces électeurs potentiels qui doivent formuler leur souhait de figurer ou non sur le fichier électoral. Lorsque l’interlocuteur donne son accord pour figurer sur le fichier, il précise par ailleurs le bureau où il aimerait voter. À la fin de l’entretien, la CENI imprime un récépissé d’enrôlement.
Ce récépissé a les mêmes informations et le même format que la carte d’électeur, à l’exception de la photo qu’il ne comporte pas. Ensuite, à la fin de la période d’enrôlement, la CENI dépêche des équipes sur le terrain à la recherche des nouveaux électeurs enrôlés pour leur remettre leurs récépissés qui n’ont autre fonction que de confirmer l’enrôlement.
Pour le Burkinabè qui réside hors du pays, le seul moyen de se faire enrôler c’est de se connecter au site de la CENI pour le faire à partir de boîtes de dialogue.
Sur le territoire national ou à l’étranger, l’électeur, une fois inscrit sur le fichier électoral, devrait présenter soit une CNIB, soit un passeport en cours de validité pour voter.
Les risques liés à la plate-forme d’enrôlement sont nombreux. D’abord, seront exclus du processus électoral:
Les Burkinabè qui ne parlent aucune des langues citées ou ne savent ni lire ni écrire en français : Le nombre d’analphabètes atteint plus de 70 pour cent selon le dernier recensement de 2006;
Les Burkinabè qui n’ont pas de téléphone ou ont changé de numéro ;
Ceux qui vivent dans des localités non encore couvertes ou mal couvertes par les opérateurs de téléphonie ;
Les Burkinabè vivant avec un handicap auditif et/ou visuel ;
Les citoyens qui résident hors du pays et doivent s’inscrire sur le fichier électoral via le site Internet de la CENI. En effet, les sites internet au Burkina sont vite saturés et deviennent inaccessibles quand seulement quelques centaines de personnes se connectent au même moment. En rappel, le potentiel attendu à l’extérieur est de près de 3 millions d’électeurs.
Ensuite, le fichier électoral sera ce que voudrait l’ONI. Par exemple, si une localité enregistre 200 000 individus qui ont fait établir leur CNIB, l’ONI peut décider, pour une raison ou pour une autre, de ne transférer à la CENI que les données de 10 000 personnes. La CENI n’a aucun moyen de contrôle et ne peut qu’enrôler ces 10 000.
Le Code électoral dispose que les partis politiques peuvent suivre le processus d’enrôlement des électeurs. Mais avec ce système, ils ne pourront pas jouir de ce droit. L’ONI, faut-il le rappeler, est entre les mains du pouvoir.
L’actuel Directeur Général de l’ONI est un membre du Bureau Politique National du MPP. Il a été nommé à ce poste par le Ministre de la sécurité, qui n’est autre que le 1er Vice-Président du MPP. En clair, avec la fameuse plate-forme, le MPP a une mainmise sur le fichier électoral.
Or, qui peut manipuler le fichier électoral, peut s’assurer de sa victoire à toute élection. Il faut donc réviser le Code électoral par une approche consensuelle, pour en extraire les germes de crises. Pour nous, la plate-forme idéale, c’est non seulement celle qui coûte moins chère, mais surtout, celle qui nous éloigne des conflits post-électoraux.
DES MARCHES-MEETINGS ORGANISEES PAR LE MPP
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Suite à la marche-meeting des forces vives sous l’égide de l’Opposition politique, et à l’appel qui a été lancé à cette occasion de soutenir nos FDS, le MPP a organisé récemment des marches à Ouaga, Bobo et Manga. Nous nous réjouissons de ce que le MPP et sa majorité ont répondu favorablement à l’appel de l’Opposition politique. A Bobo notamment, ils ont collecté 5 millions de francs pour l’effort de guerre, comme l’a demandé le Chef de file de l’Opposition.
Ce qui nous a surpris, c’est ce soit disant soutien aux autorités en place, qui est ressorti lors des marches du MPP. Cela voudrait dire que les manifestants appellent au maintien des ministres incompétents de la sécurité et de la défense, dont le limogeage a été réclamé lors de la marche-meeting des forces vives de la Nation. C’est regrettable !
Quand l’Opposition avait annoncé sa marche-meeting, des individus et des partis de la Majorité sont montés au créneau pour dénoncer la soi-disant inopportunité de l’activité. A présent, que ces personnes nous félicitent vivement, puisque le MPP vient de nous donner raison.