Procès du putsch manqué: «Diendéré ne doit pas faire la prison…»

Dans cette tribune, Alfred Kaboré, ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina de février 1976 à janvier 1977 plaide pour l’acquittement du Général Gilbert Diendéré, cerveau présumé du putsch manqué de septembre 2015, dont l’interrogatoire se déroule actuellement à la barre du tribunal militaire de Ouagadougou.

Le procès que l’on pourrait appeler procès du régime militaire au Burkina Faso, le procès le plus attendu depuis l’indépendance, le procès qui est accusé de plus de victimes, est enfin entrain de se dérouler sous nos yeux. Les burkinabé sont divisés et nos juges et avocats ont la patate chaude dans leurs mains.

Tout le monde est mis à l’épreuve et personne n’est indifférent dans ce procès. L’accusé en chef est enfin à la barre. Il avait promis des révélations et il a tenu parole. Les burkinabé se prononcent : les uns pour condamner, les autres en s’appuyant sur un esprit critique constructif pour apprécier positivement l’évènement... Je suis de ces derniers, et je me suis posé la question en fin d’analyse : Faut – il condamner ou acquitter le général qui mérite fortement son grade ?

Le Président Macron a-t-il tort de reconnaitre à posteriori le mérite du Maréchal Pétain à un moment donné de l’histoire de la France ?

En écoutant les dépositions des proches du Général et en analysant objectivement les déclarations de l’accusé principal, je ne puis m’empêcher de penser et de dire que ce grand serviteur de l’état a servi de bouc émissaire à certaines personnes qui voulaient faire « une omelette avec des œufs durs » comme dit l’autre. Diendéré n’est pas un criminel qui a prémédité son crime, sinon le coup d’état « le plus bête » n’aurait pas échoué.

La majorité des villes, dans la fureur aveugle, a cru devoir « boxer le hérisson » comme dit l’adage, avec toutes les conséquences pour un peuple déchiré, perverti, sans repère, appauvri financièrement et culturellement. Une économie en lambeaux avec une perte post insurrectionnelle de près de Trois Cent Milliards (300 000 000 000) de Francs CFA aux dires de certains experts. Les efforts de 27 ans sont anéantis en deux jours.

La transition, à travers le CNT, agissant dans la colère et l’exclusion et s’appuyant sur les forces nouvelles (OSC) et étrangères, ne nous a pas rendu service... Ce sont là quelques constats malheureux. Des questions objectives se posent, le peuple insurgé, si furieux qu’il fut, pouvait-il avoir raison du régime de Blaise Compaoré, sans massacre historique, s’il n’avait pas à ses côtés des hommes de la trempe de Diendéré pour le convaincre de ne pas « insister » et surtout qui ne voulait pas détourner le mouvement populaire à son profit et au profit du RSP dont il était le cerveau. Diendéré est un militaire loyal, sans ambition.

A l’image du GIGN français, le RSP était le groupe le plus formé, le plus expérimenté, le plus entretenu... Il disposait de plus de moyens dissuasifs que les régions militaires.

Le général qui a obtenu ses grades par le chemin normal, et sans manipulation, était l’homme le plus informé (la localisation de la catastrophe de l’avion au Mali) était le militaire le plus averti, le plus formé, le plus autoritaire. A – t-il voulu exploiter cette situation? A-t-il voulu s’opposer à la suppression catastrophique et suicidaire du RSP ? Assurément non! En aucune manière ! Et en aucun moment selon mes observations personnelles.

Les putschistes de la trempe de Diendéré ne ratent pas un coup d’Etat s’ils s’y sont préparés militairement avec pour objectif de prendre le pouvoir. Les militaires spécialisés du RSP radiés ou pas pouvaient tenir tête à l’armée nationale avec Diendéré et autres Zida à leur tête. A mon avis, Diendéré n’était pas le cerveau du putsch manqué. Il était utilisé par « ceux qui voulaient griller l’oiseau sans brûlé ses pattes »

L’insurrection dévastatrice a surpris tout le monde au Burkina Faso. Elle aurait pu être évitée si les acteurs principaux avaient consulté le peuple souverain. Le pouvoir revanchard de la transition qui s’en est suivi, reconnaissons-le, nous a fait plus de mal que de bien. Le pouvoir républicaine démocratique et laïc de RMCK peine à assumer sa mission. L’incivisme, le non-respect de l’autorité, l’indiscipline, la violence gratuite sont devenus la règle au Burkina Faso.

A l’heure où les terroristes en complicité avec nos traitres intérieurs endeuillent nos familles et bloquent le fonctionnement de nos régions, le parti au pouvoir à intérêt à utiliser la citoyenneté, la compétence des grands soldats comme Diendéré et autres ailleurs que derrière les Barreau.

Je me permets en ma qualité d’ancien responsable au sommet de l’Etat et citoyen du 3ème âge, de dire que Diendéré doit être acquitté. La demande de pardon formulée par Diendéré est un acte à sa décharge. Le coup d’Etat pouvait se limiter à l’arrestation et à l’assassinat de hautes personnalités...

Il ne l’a pas fait. Avec tant de circonstances atténuantes. Diendéré ne doit pas faire la prison. J’ose aussi penser et dire que le gouvernement civil actuel du Burkina Faso, après tant d’années de pouvoir militaire, ne doit et ne peut pas se déconnecter aussi vite et aussi brutalement de notre armée pour faire exception dans le monde.

Beaucoup de gouvernement ont des militaires dans leur rang. « L’armée dans les casernes ne rime plus avec la grande muette». Respectons la justice avec toutes ses exigences, mais ne la plaçons pas au-dessus de notre paix et de notre sécurité. Qui veut la paix prépare la guerre dit – on mais tout le monde le sait, la guerre qui tue, qui brûle, qui viole, sans distinction, n’est pas la justice, même quand elle est juste. Diendéré, dis – je n’a pas sa place derrière les barreaux de la maca dans le présent procès.

Ce grand militaire, ce commando sans peur et plein d’expérience pourrait réorganiser notre « grande muette » qui nous

Ce grand militaire, ce commando sans peur et plein d’expérience pourrait réorganiser notre « grande muette » qui nous gouverne depuis cinq décennies, qui est repartie géographiquement dans des régions militaires, pour sécuriser nos frontières pourrait être mieux redéployée. Rapprochons l’armée des citoyens frontaliers opprimés. Diendéré peut nous sauver en purgeant utilement sa peine si il était condamné par erreur judiciaire comme il y en eu de par le monde. Il peut arrêter le griottage meurtrier de notre territoire par nos ennemis.

L’on se rappelle ce fait divers dans les journaux français il y a quatre (04) ans : un petit français tombe dans la seine ... «un refugié sans papiers», dans la clandestinité, se jette dans le fleuve et sauve l’enfant. Il obtint quelques jours après, toute procédure judiciaire cessante, ses papiers accompagnés de félicitations et de décorations.

Acquittez Diendéré sans plus tarder pour qu’il agisse à nos frontières comme ce refugié. Diendéré en prison dans notre situation actuelle fragilisera à coup sûr et dangereusement le parti au pouvoir et favorisera l’opposition impuissante et désunis qui fait flèche de tout bois pour le pouvoir en 2020. La paix et la sécurité d’abord, la justice après.

Notre justice se porte mal et dit souvent mal le droit. Elle est minée par toutes sortes de pressions, des menaces, la corruption passive et active. Les radios en parlent, j’en ai été personnellement victime. Dans un pays « où la morale agonise », l’honnête citoyen a peur de celui qui se comporte mal dans le service...

En conséquence, notre justice n’est ni libre, ni indépendante. Je comprends mal que certains organisateurs de la société civile, pour des raisons inavouables, se laissent corrompre et se permettent de menacer de brûler le palais de justice.

Manifestement l’amour de l’argent, la cupidité et la tendance à oublier, les petits gouvernent nos affaires publiques en lieu et place du pouvoir d’Etat.

Je n’attends pas que le droit soit dit dans le présent procès

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