Cette sortie sur les réseaux sociaux fera a coup sur des remous. En effet Nestorine Sangaré, ex ministre en charge de la femme, de Blaise Compaoré, a publié le 25 novembre 2017, sur son profil Facebook sa compréhension du travail gouvernemental. Elle n'hésite pas à indexé les SG, les DG, les DAAF ... comme les saboteurs du travail gouvernemental. Voici son post
Depuis que je suis sur Facebook, je reçois parfois quelques messages "amicaux" de "simples citoyens" qui m’interpellent et me laissent percevoir qu’ils ignorent complètement comment se fait le travail gouvernemental. Dans l’équipe gouvernementale, chaque ministre est nommé comme spécialiste, responsable de la gestion technique et financière d’un département précis. A ce titre, il fait monter les dossiers de projets par ses services et conseillers techniques et les soumet ensuite en Conseil pour approbation. En tant que spécialiste et responsable du dossier, chaque ministre vient défendre ses dossiers en conseil auprès des collègues, du PM et du PF. En conseil des ministres, on prend 5 à 15 minutes maximum pour discuter un seul dossier selon le nombre de dossiers à l’ordre du jour. Autant dire que le temps est insuffisant pour aller au fonds des dossiers. C’est pourquoi, avant chaque conseil des ministres, les conseillers techniques de chaque ministre, du PM et du PF doivent analyser les dossiers soumis par tous les ministères (s’ils ont les compétences) et donner des avis techniques à leurs patrons pour permettre à ce dernier de participer aux discussions en CM. Les dossiers trop complexes ou impliquant plusieurs ministères font l’objet d’un examen en conseil de cabinet sous la présidence du Premier Ministre pour favoriser un consensus avant le conseil des ministres.
La mauvaise gouvernance survient quand des techniciens d’un ministère montent intentionnellement mal un dossier avec ou sans l’aval de leur ministre. Si celui-ci le soumet en Conseil des Ministres, les autres ministres présents ainsi que le PM et le PF vont l’examiner et discuter. Souvent, après des discussions houleuses, les membres du Conseil vont critiquer et recaler un dossier 1, 2, 3 fois pour insuffisances et des corrections de fonds à faire. Mais, il arrive que les membres du CM n’aient pas toutes les informations sur un dossier ou l’expertise requise pour détecter toutes les erreurs. Dans ces cas, un ministère peut dissimuler des informations et passer outre les recommandations du Conseil des Ministres. Il va alors ficeler ses dossiers avec ses partenaires ou ses prestataires en échappant à la vigilance des collègues qui sont occupés à suivre les dossiers de leurs propres départements. Quand après examen en CM, un ministre déclare au PM avoir corrigé son dossier sans l’avoir fait, il faut que quelqu’un refasse un examen intégral du dossier pour vérifier, comme à l’école, et ce n’est toujours évident. En réalité, sur une trentaine de ministères qui soumettent en moyenne 1 à 2 dossiers par CM, le véritable casse-tête du travail gouvernemental consiste à faire le suivi-contrôle de la prise en compte effective des critiques et recommandations du Conseil des Ministres (corrections mineures ou de fonds, données à compléter, validation préalable avec le public cible, recentrage, implication d’autres ministères).
Au nom de la solidarité gouvernementale, les gens ont tendance à accuser globalement tous les ministres comme étant des décideurs collectifs et des malfaiteurs. Mais, il faut toujours, sur chaque dossier, situer les responsabilités techniques, financières et politiques au sens légal du terme. Il convient désormais d’inclure les saboteurs en puissance du travail gouvernemental que sont les SG, les DG, les DAAF, les PRM, et les membres des Commissions d’attribution des Marchés (CAM) indélicats qui conspirent, dissimulent et dealent très souvent à l’insu à leurs hiérarchies lors des passations des marchés. La bonne gouvernance est l’affaire de toute la chaine administrative, financière et technique et pas seulement des premiers responsables qui sont trop souvent roulés dans la farine. Aujourd’hui encore, ces faits sont perceptibles au sein de notre administration.
Tout de même !!! Ce n’est pas parce qu’on est sur Facebook, qu’il faut oublier d’observer les règles minimales de savoir-vivre en s’adressant à ma personne au simple motif que j’ai occupé un poste ministériel. Combien d’anciens ministres peuplent les rues de Ouaga sans être inquiétés dans leurs droits de citoyens ? La vie continue pour tout le monde et la mienne aussi. L’épisode gouvernementale est derrière moi et j’assume mon statut tout en refusant d’être emprisonnée dans ce passé révolu.
Merci beaucoup à ceux qui ont pris la peine de lire ce long message. Dr Nestorine SANGARE
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