Une fuite massive de documents révélée dimanche par plus de 100 journaux à travers la planète a mis au jour des avoirs de 140 responsables politiques ou personnalités dans les paradis fiscaux, dont des proches Vladimir Poutine, le roi d’Arabie Saoudite et encore Michel Platini.
Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) précise sur son site internet que plus de 214.000 entités offshore apparaissent dans ces documents liés à plus de 200 pays et territoires à travers le monde.
Parmi les personnalités mentionnées dans cette enquête portant sur 11,5 millions de documents et qui a duré environ un an figurent notamment un cercle rapproché de personnalités autour du président sud-africain Jacob Zuma, dont son neveu.
L’ex-président soudanais al-Mirghani décédé en 2008 est directement impliqué dans ce scandale.
En Afrique de l’ouest on note la présence de Mamadie Conté, la veuve de l’ex-chef d’Etat guinéen Lansana Conté. On oublie pas le banquier ivoirien Jean-Claude N’Da Ametchi, ancien proche du président Laurent Gbagbo et aujourd’hui proche de Charles Konan Banny, détient, selon les documents du ICIJ, des actifs dans une société offshore et un compte à Monaco. On retrouve aussi dans cette liste John Addo Kufuor, le fils aîné de l’ancien président ghanéen John Kufuour et Sénégalais Pape Mamadou Pouye. Arrêté en avril 2013 avec Karim Wade, il a été condamné à cinq ans pour complicité d’enrichissement illégal.
L’Afrique du nord n’est pas épargnée puisque le secrétaire particulier du Roi du Maroc et le ministre algérien de l’Industrie et des mines y sont cités.
Une dizaine de ministres et hauts fonctionnaires sont également cités, notamment Jaynet Désiré Kabila Kyungu, députée et sœur du président congolais, Emmanuel Ndahiro, ancien directeur du renseignement rwandais ou encore Bruno Jean-Richard Itoua, ministre de la Recherche scientifique et de l’innovation technologique du Congo-Brazzaville.
Les documents, d’abord obtenus par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung avant d’être répartis au sein du consortium ICIJ, proviennent du cabinet d’avocats Mossack Fonseca, qui a opéré pendant 40 ans sans jamais avoir d’ennuis avec la justice, selon la BBC.“Ces révélations montrent à quel point des pratiques nocives et la criminalité sont profondément enracinées dans les places offshore », selon Gabriel Zucman, un économiste de l’université de Californie à Berkeley cité par l’ICIJ.
Ces révélations rappellent celles de Wikileaks, site spécialisé dans la diffusion de documents secrets créé en 2006, qui s’est attiré les foudres de nombreux pays, Etats-Unis en tête.
En Afrique ces révélations feront couler beaucoup d’encre dans deux pays en particulier. Tout d’abord l’Afrique du Sud où le Président Zuma fait face à une procédure de destitution, et en République démocratique du Congo où le doute continue de planer sur la tenue de la présidentielle en fin d’année.
« La plus grande fuite de l’histoire du journalisme vient de voir le jour, et elle concerne la corruption », a commenté de son côté Edward Snowden, principal lanceur d’alerte sur les activités du renseignement américain.