Seidou Ouédraogo, le président de la chambre de première instance du tribunal militaire, devait comparaître, en citation directe, devant la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Ouagadougou le jeudi 27 septembre 2018.
Il y est poursuivi pour détournement de bien d'autrui. Cette action, est intentée par Mamadou Lallou. Au centre du litige, la saisie et la vente d'un immeuble appartenant au plaignant. La transaction litigieuse a eu lieu le 13 avril 2011 et la procédure y ayant conduit a été menée par le juge Seidou Ouédraogo lorsquil officiait au tribunal de grande instance de Ouagadougou.
Juridiquement cédé à la banque à près de 68 millions FCFA, limmeuble a été revendu dans la foulée à 130 millions. Mamadou Lallou soutient n'avoir été mis au courant de la vente de son immeuble que plus de 2 ans après et après qu'une somme de cinquante millions FCFA, représentant la différence entre les 13,2 millions qu'il devait à la banque et le prix (68 millions) auquel sa maison a été cédée à la banque, ne lui a pas été reversée et cela au mépris des textes législatifs.
Cette plainte pour détournement a été déposée à l'encontre de celui qui juge présentement les putschistes dans la salle des banquets de Ouaga 2000. Mais elle concerne également, au nom de la collégialité, tous les autres magistrats (Moriba Traoré et Christine Compaoré) ou auxiliaires de justice (le greffier en chef Olivier Somé, l'huissier Oumarou Sawadogo) qui ont eu à jouer un rôle dans la vente de l'immeuble et, bien entendu, aussi l'acquéreur qu'est Franck Alain Kaboré.
Appelée une première fois le 16 août dernier, laffaire a été renvoyée au 27 septembre. Hier, le dossier a été appelé à 9h38 à la barre. Mais en dehors du plaignant, les prévenus nétaient pas présents. Un des avocats de la défense a expliqué labsence de Seidou Ouédraogo en ces termes : « Il a une mission de lEtat à Ouaga 2000 où il juge le dossier du putsch manqué ». Mais pour Mamadou Lallou cette thèse ne tient pas la route puisque « tout le monde sait que le jeudi, il ny a pas daudience du putsch ». Alors il a voulu savoir ce qui empêchait Seidou Ouédraogo dêtre présent.
Un autre avocat de la défense a demandé au tribunal dexcuser labsence des prévenus. Il a ajouté navoir pas pu échanger avec ses clients et quà ce jour il ne connaît pas létat du dossier.
Me Seydou Roger Yamba sest constitué à laudience pour assurer la défense des prévenus. Il a demandé le renvoi pour pouvoir prendre connaissance du dossier.
Prenant la parole à son tour, le procureur a voulu savoir si le renvoi demandé en chur par les avocats des prévenus était pour mieux défendre les intérêts de leurs clients. Si cest vraiment le cas, il a déclaré ny être pas opposé.
Dans ces conditions, la présidente du tribunal, dans le souci de permettre aux avocats de prendre connaissance de l'affaire, a renvoyé le dossier au rôle général. En clair, il devra être reprogrammé pour jugement à une date indéterminée pour l'heure.
Mais aucun mot na été dit sur les mesures conservatoires que le plaignant avait demandé de prendre.
Récit de l'observateur Paalga