Le Sénégal est encore sous le choc de la tuerie en Casamance, qui a fait 13 morts samedi dernier, dans une forêt. La piste du trafic de bois dans un Sénégal semi-désertique est pointée du doigt par certains. En effet, le bois cristallise les attentions au pays de Macky Sall. Tentative d’explications.
A regarder les faits de plus près, l’on pourrait conclure à un règlement de comptes opposant des villageois à des exploitants clandestins de la forêt classée de Toubacouta. En tout cas, selon les témoignages qui ne manquent pas sur place.
Les jeunes gens de Toubacouta ont la lourde et délicate charge de la surveillance de la forêt classée de leur village et sont regroupés au sein d’un comité de vigilance. Comité qui, entre autres, procède au recouvrement de taxes sur chaque arbre abattu.
L’un des survivants de la tuerie de samedi (qui, pour des raisons évidentes de sécurité n’a pas dit son nom) témoigne : « Les membres de ce comité sont, eux aussi, des exploitants clandestins comme nous. Ce sont eux qui nous vendent des troncs et, depuis plus de 20 ans, tout le monde est au courant. Nous payons 10 000 francs CFA (environ 16 euros) pour la patente et 2 500 francs CFA (environ 4 euros) pour la caisse du village. Cela fait 20 ans que cela dure. Mais depuis que nous avons compris que la forêt nous appartient tous, nous avons refusé de payer les taxes. Voilà la cause du malentendu… »
Selon le gouvernement sénégalais, l'attaque a «occasionné la mort de treize jeunes hommes, dont dix par balle, deux par arme blanche et un brûlé». Le ministre de l'Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a promis une traque «rude et sans répit» pour arrêter les responsables du massacre, survenu dans une région en proie à une rébellion depuis 35 ans mais qui avait connu une accalmie depuis plusieurs années.