Excellence Monsieur le Président du Faso,
Les 18 et 19 mai 2017, Tialgho, localité située dans la commune de Tenado a été le théâtre d’affrontements violents couronnés par des pertes en vie humaines (6 morts), de nombreux blessés et disparus. Cette situation malheureuse a opposé la population de Tialgho à une cohorte de kolgweogos qui serait venue rançonner un habitant de la localité. La crise de Tialgho est le drame de trop qui vient remettre en cause l’existence des kolgweogos, une force dont la logique de fonctionnement s’apparente à une milice.
Les exigences d’un état de droit ne sauraient s’accommoder avec l’existence d’une force parallèle aux forces républicaines (police, gendarmerie, armée), créées et structurées par la loi. Combiens sont les Burkinabè, des personnes averties des questions de droit qui au temps fort du débat sur la légalité de l’existence d’un tel regroupement dans une république s’étaient opposés à la présence d’une telle force au Burkina Faso, appelant le gouvernement à mettre fin très vite à cette bombe à retardement ?
Excellence, votre réaction et celle du gouvernement notamment du ministre de la sécurité sur la question en son temps ont été ambigües. Après plusieurs rappels à l’ordre formels des kolgweogos par le ministre Simon Compaoré (ministre de la sécurité, ndlr) sur des dérives aux antipodes du respect des droits humains, ce dernier a fini par imposer à l’opinion ces ‘’justiciers’’ sur le prétexte qu’ils seront encadrés.
Excellence, mieux, nous avons senti une hésitation et une amertume de votre part lorsqu’il s’est agit de trancher définitivement sur l’opportunité de l’existence des kolgweogos dans un pays qui se veut un état de droit comme le Burkina Faso. Une révélation de responsables kolgweogos réunis le 22 juin 2016 en assemblée générale à kombissiri finira de nous convaincre sur l’existence d’un probable deal entre vous et ce regroupement. En effet, un reportage de la radio Omega sur cette assemblée générale avait énuméré ceci : « Au cours de cette rencontre, les chefs Kolgweogo ont révélé à leurs membres avoir rencontré le président Roch Kaboré lors de la campagne présidentielle. Ils affirment avoir assuré à l’époque M. Kaboré de leur soutien pour sa candidature en échange d’une reconnaissance officielle de leur mouvement en cas de victoire à la présidentielle de novembre 2015. Ces assertions n’ont encore pu être confirmées par d’autres sources ». Si ces dits n’ont pas été confirmés par d’autres sources, ils n’ont pas aussi été formellement démentis par la présidence du Faso.
A la lumière de cette révélation, nous sommes en droit de penser que votre laxisme sur la question kolgweogo vient de créer des pertes en vie humaine, blessés, tristesse et désolation. La sécurité nationale de notre pays ne saurait être sous-traitée sous l’autel d’une probable entente politique.
Excellence Monsieur le Président du Faso, dans nombre de domaines des dénonciations sont faites sur votre manque de réactivité avec en arrière plan la mise en cause de la pertinence de votre mandat. Face au désastre de Tialgho, l’heure est venue de vous assumer définitivement sur cette question devant le peuple et devant l’histoire. De votre décision dépendra l’avenir sécuritaire du Burkina Faso, débarrassé ou non d’une bombe à retardement à l’image de celle connue par la Centrafrique avec les milices balaka et anti balaka.
Ouagadougou, le 21 mai 2017
Pour l’association convergence citoyenne panafricaine (CCP) Ousmane SO