Ceci est une analyse du Dr Abdoul Karim Saidou sur la volonté de l'Etat Malien de vouloir négocier avec les terroristes Iyad Ag Gali et Amadou Koufa.
"Doit-on négocier avec des terroristes? La conférence d'entente nationale récemment organisée au Mali recommande d'engager le dialogue avec les terroristes Iyad Ag Gali et Amadou Koufa. Je suis surpris d'une telle option, car il m'a semblé que les Etats de la région avaient convenu d'harmoniser leurs stratégies de lutte anti-terroristes. Je suis aussi surpris que même l'association malienne des droits de l’homme soutienne cette initiative. Doit-on comprendre que le Burkina aussi peut engager un dialogue avec Malam Dicko et sa bande ? Doit-on comprendre que le Niger aussi doit réactiver ses réseaux pour entrer en discussion avec les terroristes ? Doit-on comprendre que c’est Blaise Compaoré qui avait raison et qu’on doit reprendre sa stratégie d’alliance avec les groupes armés ? Si le Mali engage le dialogue avec les terroristes, l’implication pour la sécurité des autres pays, c’est quoi ? C’est que désormais le Mali sera épargné et toutes les attaques vont cibler les autres pays qui combattent les terroristes. C’était exactement la stratégie de Blaise Compaoré : dialoguer avec les terroristes, voire pactiser avec eux, et en retour ils épargnent le Burkina. Du reste, que peut-on attendre d’une négociation avec quelqu’un comme Iyad ? Comment d’accords de paix a-t-il signé avec le Mali depuis les années 90, et qu’il n’a pas respecté ? Est-ce à dire que la laïcité est négociable ? Je pense que l’option du Mali va constituer un dangereux précédent qui aura des conséquences graves pour le Mali et pour la région. Est-ce cela l’honneur du Mali dont parlait IBK pendant la campagne électorale ? A quoi ça sert alors de mettre en place une force mixte anti-terroriste dans le cadre du G5 Sahel ? A quoi servent nos armées nationales si nous devons dialoguer avec nos ennemis ? A quoi servent les milliards que les contribuables paient pour entretenir l’armée ? A quoi servent ces dizaines de généraux de salon assis à Bamako ? L’option que s’apprête à prendre le Mali est un aveu d’échec de l’Etat, et c’est le lieu de s’interroger encore sur la pertinence de la présence militaire française au Sahel. Pendant que les troupes étrangères sont massées dans nos pays, ce sont les mêmes pays occidentaux, à travers les Nations-Unies, qui recommandent au Mali de négocier avec les terroristes. Soit nous sommes des Etats et là nous nous assumons, soit nous sommes encore des départements français, et donc des Etats incapables de s’autodéterminer, et en ce moment, nous allons arrêter de nous faire des illusions…."