Vote des Burkinabé de l’extérieur: 2 ministres, deux versions.

 » Les cartes consulaires qu’on a délivrées n’ont pas de numéro de série. L’objectif de cette carte au départ était seulement de pouvoir vivre tranquillement en Côte d’ivoire et au Gabon ».

Ce sont-là les propos du ministre des Transports et président du NTD sur Omega Fm. Sur cette même chaîne de Radio, au lendemain, c’est Alpha Barry ministre des Affaires étrangère qui affirme que la carte consulaire biométrique est fiable et que l’État n’a aucun reproche à faire à ce document raison pour laquelle sa production va continuer.

Le ministre Barry cependant estime que cette carte n’attestant pas de la nationalité de ses détenteurs, il leur faut donc s’établir des CNIB pour pouvoir s’inscrire et voter. Tout en remerciant le ministre Barry pour ces éclairages, personnellement j’avais publié un article lui adressant à lui et ses collègues Siméon et Clément des questions, je voudrais cependant faire l’analyse suivante: Monsieur Alpha Barry, vos propos sont aussi dangereux que ceux de Simon Compaore et Siméon Sawadogo concernant le fait identitaire quand vous soutenez et manipuler la question de nationalité de plusieurs millions de ressortissants de manière aussi triviale.

C’est anachronique et illogique de dire comme vous le dites que la carte consulaire sert d’identification de vos ressortissants tout en ne leur reconnaissant pas d’être réellement vos ressortissants au même moment. Ainsi donc vous dites aux autorités des pays d’accueil que tous ceux qui se prévalent d’être burkinabé ne le sont pas.

En plus vous leur dites que l’Etat du Burkina fait du faux puisqu’il s’identifie à des personnes comme étant les siens et leur délivre des documents officiels sans vraiment en être sûr. CEST DONC UN MENSONGE DIPLOMATIQUE. Quoique vous puissiez jurer sur votre bonne foi, ce que vous craignez dans vos propos à savoir jeter en insécurité les compatriotes va arriver car le Gouvernement a fini de discréditer inutilement la carte consulaire.

La même qui est reconnue fiable et d’une grande utilité internationale par notre diplomatie. Sur quel pied danser alors? Par voie de conséquence, comment entendez-vous que les autorités comprennent votre message qui révèle une GROSSE FALSIFICATION D’IDENTITE dont le Burkina serait passé maître en donnant des documents à des inconnus qui servent aux données statistiques macro économiques, démographiques et diplomatiques dont utilisent les États d’accueil dans leurs politiques intérieures.

L’amalgame entre nationalité et droit de vote autour de la carte consulaire est simplement une inconséquence politique et désormais diplomatique. D’une part, parceque le gouvernement pouvait justifier l’utilisation ou le retour à la CNIB pour la diaspora sans embrayer la thèse fumeuse de la nationalité avec tous les risques subséquents pour cette diaspora. D’autre part, si la fiabilité de cette carte n’est pas en doute et qu’elle est fiable au sens que ce sont des burkinabé reconnus par l’État, pourquoi le fichier électoral lui ne deviendrait il pas fiable ? En quoi il y a une incapacité quelconque pour un burkinabé qui n’a pas fait la preuve de la nationalité de pouvoir voter si tant est qu’il est reconnu comme appartenant à ce pays?

Autrement dit si la carte consulaire n’est qu’une pièce d’identification à l’extérieur pourquoi porte- elle la mention « CARTE NATIONALE D’IDENTITÉ BURKINABÉ » ? A quoi sert cette précision? Ce ne doit pas être un ornement ou une futilité. Il faut rappeler qu’au Burkina c’est la première fois que le droit de vote est assujetti à la preuve préalable de la nationalité chez les citoyens et ce jusqu’aux élections de 2015 qui ont désigné le président Kaboré et les députés au parlement.

Par le passé, les autorités actuelles sont témoins et acteurs de ce fait, les livrets de famille, permis de conduire, actes naissance etc., servaient à s’inscrire et voter. On n’a jamais parlé de nationalité. Dieu merci si devons performer nos processus par la fiabilité. Mais, pour autant, au travers d’une politique d’EPURATION CIVIQUE ? J’invite le gouvernement et M. Alpha Barry à relire les documents officielles notamment les rapports tel que celui du conseil des ministres du 31 juillet 2013 sur l’operationnalisation de la carte consulaire biométrique en côte d’Ivoire.

De lire aussi les documents officiels de la CENI à la disposition du gouvernement. L’Etat est une continuité nous dit-on. A l’analyse de toute la documentation officielle, la conclusion est celle-ci: La carte consulaire biométrique était établie pour servir directement à la constitution du fichier électoral. Une proposition de la CENI a l’époque avait été de mener concomitamment les deux opérations carte consulaire/fichier électoral.

La solution de deux pièces dont, une pour voyer et une pour résider à l’extérieur est saugrenue et une fuite en avant. La vraie question c’est pourquoi un document officiel reconnu fiable et authentique par l’État et agrée par la CENI qui connait mieux que quiconque la sécurité informatique en matière électorale est rejetée ? Dont les implications sont nombreuses et les questionnements aussi: Pourquoi le vote choisi ?

Pourquoi le mensonge d’Etat? Pourquoi cette tentative de dénie de nationalité? Pourquoi l’insécurité diplomatique ? Alors que toute la latitude ainsi que la dictature de la majorité en démocratie étaient données au pouvoir Kaboré, au MPP et au gouvernement de refuser le vote de la diaspora et de l’assumer politiquement en s’abstenant de cette politique scabreuse et hasardeuse lourde de conséquences à l’extérieur comme à l’intérieur.

Lookman Sawadogo. (Source: Le Soir)

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