Crise Univsersitaire: les présidents d’Universités menacent de démissionner si le DG partait !

A peine sortis du coup d’état que d’aucuns ont qualifié « de plus bête au monde » orchestré par le désormais ex RSP, nous sommes de nouveau confrontés à une crise dite des cités universitaires. Cette crise qui au départ n’était qu’un simple saut d’humeur d’une poignée d’étudiants prend des proportions de plus en plus inquiétantes.

  En effet lorsque le 02 Octobre, face au report de la rentrée et surtout au vu de la situation sécuritaire que traverse notre pays, les autorités en charge du CENOU ont décidé de reporter la réouverture des citées universitaires au 06 octobre, seule une poignée d’étudiants apparemment non organisés décident de passer à des actes que l’on qualifierait de vandalisme. Mais force est de constater que depuis lors le nombre d’acteurs dans cette crise a évolué.

Il est une constante dans toutes les crises qu’à connu les universités publiques du Burkina Faso : la récupération politicienne à des fins machiavéliques et la manipulation subtile et organisée.

Sinon comment comprendre de tels agissements dans une république ? Sans même vouloir polémiquer sur les différentes infractions et manquements que l’on constate dans cette affaire, le simple fait d’outre passer une décision administrative, de briser des chaines de la porte d’entrée de la citée, de s’installer de force dans les chambres, de prendre en otage des agents de l’administration et le comble de tout de détenir par devers eux les clés d’une administration publique, jette sur ces étudiants un discrédit et donne à souhait les mobiles d’une plainte et de poursuites.

Les étudiants ont beau s’expliquer, l’opinion nationale dans sa grande majorité n’approuve pas et même pire condamne ces actes. Et ce surtout juste après le déni de démocratie et de liberté que le RSP (Régiment Supprimé par le Peuple) a fait vivre au peuple.
Cette situation donc qui au départ était juste un problème entre les locataires de la citée et du CENOU se mue petit à petit en une crise universitaire.

Si l’ANEB au départ avait observé un mutisme pesant, force est de constater que depuis sa déclaration elle a pris faits et causes pour cette poignée d’étudiants hors la loi. Il est vrai que cette association a le droit d’être solidaire avec des étudiants, mais notons quand même le fait troublant qu’elle n’a pas condamné les actes anti républicains posés par ces étudiants et mieux elle s’est évertuée dans une justification complice de ces actes. Toute chose qui laisse perplexe plus d’un.

Fort heureusement comme il fallait s’y attendre le SYNADEC a aussitôt réagi en soutien au directeur général du CENOU par des mots on ne peut plus clairs. Sans oublier la grève illimitée lancée par le personnel du CENOU et le soutien du Conseil d’Administration. Et à ce qu’on dit les présidents d’Universités menacent de démissionner si toutefois le DG partait.
Tout cela montre si besoin en était l’état de crise profonde dans laquelle se trouve l’université.

Mais désormais une autre donne s’ajoute à cela comme pour ne rien arranger. En effet on observe l’entrée en scène de certaines OSC que l’on qualifierait de « mange mil »ou encore d’OSC « tubes digestifs » aux cotés des étudiants comme révélé dans le journal Le Quotidien dans sa parution du Lundi 26 octobre 2015 . Mieux encore certains partis politiques y sont mêlés à ce que l’on dit. Profitant de cette crise, ces loups ont vite fait de se déguiser en agneaux au but de profiter du pourrissement de la situation pour atteindre leurs desseins inavoués.

Et par-dessus tout s’ajoute incontestablement la main des affidés ayant soutenu le coup d’état du tristement célèbre Diendéré.

Il ne faut pas non plus occulter certaines personnes qui voient leur avantage pécuniaire diminuer avec les différentes reformes engagées par le CENOU aux fins de mieux gérer les restaurants universitaires. Voila pourquoi il est logique de penser qu’il ya péril en la demeure si rien n’est fait.

Dans ce bourbier estudiantin plusieurs scénarii se pointent à l’horizon :
-  Le premier est sans doute la position de fermeté du gouvernement et le passage en force pour régler la situation. Si force doit rester à la loi, cette solution semble non souhaitable car ce sera du pain béni pour ceux qui cherchent à empêcher la tenue des élections. Il est à parier que ces derniers se saisiront de cela et embraseront tout le système éducatif.
-  Le deuxième scenario est la fermeture pure et simple de l’université (Sport favori du régime déchu) jusqu’à la tenue des élections du 29 novembre 2015. Cette variante porte en elle-même des germes de conflits car elle lance un discrédit sur la transition et ouvre à des futures contestations.
Il est à noter aussi que pour l’instant le conflit n’est pas au stade académique ; les cours se poursuivant normalement.
-  Le troisième scénario qui semble être le plus raisonnable est celui du dialogue. Mais ce dialogue ne peut se faire que si les conditions sont totalement réunies. L’impérieuse action qui peut déclencher ce dialogue est le repentir sincère des étudiants et des excuses aux agents qui ont été séquestrés. Les étudiants se sont rendus compte par eux-mêmes qu’ils ne détiennent pas le monopole du rapport de force et la grève des agents du CENOU a prouvé que d’autres acteurs peuvent également modifier la donne. En effet le préalable de l’ouverture des restaurants posé par les étudiants n’est plus une question qui peut être réglée ni par l’administration du CENOU ni par le ministère mais uniquement par la reprise effective du service par les agents du CENOU qui disent être en insécurité par le fait des étudiants.

Certainement que l’un des points sur lequel il faille urgemment négocier est l’abandon des poursuites pénales mais comme la faute est commise et que des gens devront répondre il faut pour l’histoire et que de telles actes ne se posent plus qu’au moins des sanctions disciplinaires soient envisagées pour rassurer les agents de l’état qui exercent dans ce milieu.

D’ores et déjà il est évident que l’ordre doit être rétabli dans l’attribution des chambres au niveau des citées universitaires. Car nul ne doit et ne peut établir sa loi fusse t-il étudiant. Que ceux qui ont terminé leur contrat de deux ans acceptent de libérer les chambres au profit des nouveaux bacheliers certainement plus vulnérables dans cette ville de Ouagadougou.

Osons donc espérer que le bon sens prendra le dessus sur les différentes passions des uns et des autres.
Que Dieu bénisse le Burkina Faso.


Noba Pascal, Universitaire
nobapascal794@gmail.com

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