L'ancien président de la cote d'ivoire Laurent Gbagbo était devant les Juges de la Cour Pénale Internationale (CPI) ce matin. L’audience d’ouverture de ce jeudi 28 janvier 2016 vise à faire la lumière sur la participation effective ou pas de l’ex-chef de l’Etat ivoirien dans la crise post-électorale de 2010.
L’ancien dirigeant ivoirien a plaidé non coupable à l’ouverture de son procès devant la Cour, cinq ans après des violences postélectorales qui ont déchiré une Côte d’Ivoire toujours en quête de « vérité ».
Le greffe a d’entrée de jeu fait la lecture des charges qui pèsent sur Laurent Gbagbo notamment les crimes contre l’humanité que constituent le meurtre, le viol, les autres actes inhumains ou à titre subsidiaire la tentative de meurtre, et la persécution perpétrés dans le contexte des violences post-électorales en Côte d’Ivoire.
La procureure Fatou Bensouda a révélé l’origine de ses témoins lors de l’ouverture du procès. Selon cette dernière , qui détiendrait des preuves suffisantes contre les accusés , car elle aurait en sa possession des documents du gouvernement ivoirien, des ex Forces de Défense et de Sécurité (FDS) de la RTI , des extraits vidéos et des registres des visiteurs trouvés à la résidence de Gbagbo après sa chute en 2011.
En ce qui concerne les témoins , la Gambienne a révélé à la barre , que en plus des anonymes , des hommes politiques, des jeunes issus de l’ex galaxie patriotique, des ex FDS , des proches des deux accusés , des cinéastes et des experts feraient partie de ses 138 témoins.
Fatou Bensouda a appelé un témoin à la barre en ces termes : « Un témoin nommé P350 va venir expliquer comment, le 16 décembre 2010, elle faisait partie d’une manifestation soutenant le président actuel ivoirien Alassane Ouattara et a été emprisonnée durant 3 jours par la préfecture de police. Durant ces jours, elle a été violée, ainsi que d’autres femmes présentes, par des gendarmes armés. »
Mobilisation monstre
Quelques centaines de partisans de l’ex-président avaient fait le déplacement et chantaient jeudi matin leur soutien devant la bâtiment de la CPI, arborant des écharpes, chapeaux et autres apparats aux couleurs de la Côte d’Ivoire: vert, blanc et orange. « Libérez Gbagbo! », « Procès de la honte! », « Gbagbo président! » scandaient-ils au rythme de tambours, se réchauffant dans la fraîcheur matinale néerlandaise.Pour le camp Gbagbo, ce dernier est un chantre du multipartisme et la France, ancienne puissance coloniale, est derrière le « complot » qui a entraîné la chute de ce farouche nationaliste.
Partis de la Côte d’Ivoire, France, Belgique, Danemark, en passant par les Etats Unis et autres ceux qui croient à l’innocence de l’ancien chef d’Etat ivoirien, ont fait le déplacement des Pays Bas. A en croire nos sources, leur déplacement a été possible grâce à l’apport financier du gendre de Laurent Gbagbo, Stéphane Kipré.
« Grand Merci à ceux qui ont rendu cet important voyage possible, principalement au président Stéphane Kipré qui ne manque aucune occasion de soutenir l’action commune. Nous chantons, dansons ici devant cette juridiction des blancs, a pris en otage notre leader dont nous sommes sûr recouvrera la liberté à l’issue de ce procès», a indiqué un partisan sur place .
Human Rights Watch
Aucun membre du camp Ouattara n’a encore été inquiété par la CPI, ce qui lui vaut parfois d’être taxée de « justice des vainqueurs », mais le bureau du procureur a promis d’intensifier son travail d’enquête, alors que les avocats d’un millier de victimes présumées s’inquiètent de « l’impunité » dont jouissent les partisans de l’actuel président ivoirien. « Village après village, dans l’ouest lointain, des membres des forces républicaines loyales à Ouattara ont tué des civils de groupes ethniques associées à Gbagbo », dénonce l’ONG Human Rights Watch dans un communiqué.
la procédure
Le procès devrait durer près de quatre ans. Les grandes étapes après l'ouverture: audition des 138 témoins prévus du procureur, visite des sites de crimes, puis témoins des défenses Gbagbo et Blé, témoignages probable des deux accusés, plaidoiries finales, verdict et sentence.
Suspendu, le procès reprendra dès demain à 9h30 (heure locale) et 8h30 (heure GMT).
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