Les élections couplées présidentielle et législatives auront lieu à bonne date, en 2020, et les municipales en 2021

Déclaration liminaire de la conférence de presse CFOP du 23 juillet 2019

Avant-hier, onze personnes ont été assassinées à Dablo, dans le Sanmatenga. Et hier nuit, deux autres ont été tuées à Gagara 2, dans la commune de Gorom-Gorom. Pour le repos de leurs âmes, nous demandons une minute de silence. Merci !
L’Opposition politique vous souhaite une chaleureuse bienvenue dans la maison commune.

La présente conférence de presse, comme cela vous a été annoncé, porte sur le Dialogue politique qui s’est achevé hier lundi.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez-nous d’avoir une pensée pieuse et pleine d’émotion pour l’ensemble des victimes du massacre de Yirgou. 204 jours se sont écoulés, et il n’y a toujours pas l’ombre d’une justice à l’horizon. Justice doit être rendue à ces femmes et hommes sauvagement tués, ainsi qu’à toutes les autres victimes de massacres à caractère ethnique.

Cela dit et comme vous le savez, l’Opposition politique burkinabè a pris part au Dialogue politique initié par le Président du Faso. Il y avait autour de la table, d’un côté l’Alliance des partis et formations politiques de la Majorité présidentielle (APMP) et de l’autre, les partis affiliés au Chef de file de l’Opposition politique (CFOP). Deux grands points étaient inscrits à l’ordre du jour. Il s’agissait d’une part, du Code électoral et des élections de 2020, et d’autre part de la situation nationale.

En rappel, le 04 avril dernier, le Président du Faso avait reçu, à sa demande, l’Opposition politique et la Majorité présidentielle pour échanger sur le Code électoral et les élections de 2020. A l’occasion, la délégation de l’Opposition avait fait observer que ces seuls points ne pouvaient pas être abordés, sans prendre en compte prioritairement la situation nationale, marquée par la question sécuritaire, notamment le terrorisme, l’extrémisme violent, le communautarisme, la radicalisation, et d’autres questions importantes dont, entre autres, la fronde sociale et l’impératif de réconciliation nationale.

Suite à des concertations directes et des échanges de correspondances entre le Président du Faso, le Chef de file de l’Opposition et la Majorité Présidentielle, il a été convenu la mise en place d’un comité préparatoire comprenant deux membres de chaque composante, et présidé par le Ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la cohésion sociale.
Chers journalistes,

Vous en avez été témoins, le Dialogue politique a conclu ses travaux par des résolutions, des recommandations et des décisions consensuelles. Il a également mis en place un Comité de suivi qui est un organe de régulation, et qui lie désormais les composantes dans le cadre de la concertation nécessaire au renforcement de la démocratie au Burkina Faso. Au terme des travaux, plusieurs positions opposées préalablement ont obtenu un consensus. D’autres, par contre, pour une raison ou une autre, n’ont pas fait d’objet d’entente.
Ainsi, au chapitre du Code électoral et des élections de 2020, le Dialogue a pu obtenir le consensus autour des questions suivantes :
-Le maintien du calendrier électoral en l’état : Les élections couplées présidentielle et législatives auront lieu à bonne date, en 2020, et les municipales en 2021. Le référendum se tiendra à une date laissée à la discrétion du Président du Faso, sans toutefois qu’il soit possible de le coupler avec une quelconque autre élection.
-Le maintien en vigueur de la carte électorale de façon transitoire jusqu’en 2021. En plus de cela, dans cette période transitoire, ceux qui ont des cartes d’électeurs établis avec des documents périmés à la date des élections pourront voter.
-La prise en compte de la situation des déplacés forcés dans les élections générales.
-La solution au problème de lieux de vote des Burkinabè de l’étranger : On revient à l’ancienne disposition, c’est-à-dire que désormais, le vote de la Diaspora se fera non seulement dans l’enceinte des ambassades et des consulats, mais aussi en tout autre lieu en accord avec le pays hôte.
-L’utilisation de la carte électorale, ce qui induit naturellement la suppression du récépissé. Autrement, le récépissé sera retiré de la liste des documents électoraux.
-Le maintien de l’horaire du scrutin de 6 h à 18 h au Burkina et dans les pays extérieurs, en tenant compte du fuseau horaire.
-Le maintien de la méthode de compilation en vigueur, avec toutefois la recommandation de couplage de la compilation manuelle et de la compilation électronique.
-La remise instantanée des copies du message VSAT portant résultats des communes à chaque candidat ou à son représentant à l’élection présidentielle, et pour les élections législatives, à chaque représentant de composantes et/ou regroupements d’indépendants.
-L’annonce par la CENI des résultats présidentielles, commune par commune, de sorte à obtenir les résultats par région.
-Le renouvèlement de la CENI aux 2/5ème de ses membres par composante.
En ce qui concerne le genre, les deux composantes se sont mis d’accord pour l’instauration des listes zébrées et du principe de 30 pour-cent de têtes de liste femmes. Par contre, il n’y aura pas de rejet des listes ne respectant pas le quota genre. En lieu et place, il est prévu une sanction positive et la prise de mesures d’accompagnement des femmes engagées en politique.
Chers amis de la presse,
Au titre de la situation nationale, les composantes ont fait des propositions pertinentes, à même de contribuer à trouver des solutions aux problèmes que connait le pays. Ainsi :
-Sur la situation sécuritaire, la Majorité et l’Opposition ont pris la résolution de contribuer davantage à la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Cette question a des implications endogènes. C’est pourquoi les participants ont proposé que nos compatriotes érudits des sciences sociales puissent réfléchir et cerner de manière holistique la question sécuritaire, afin d’apporter des explications et des réponses scientifiques adéquates.
-Le Dialogue a dénoncé la stigmatisation des communautés, et recommandé de l’ériger en délit. Il a aussi recommandé la diligence dans le traitement des dossiers des conflits communautaires (Yirgou, Arbinda, Kain, Banh, Zoaga, etc.)
- L’Opposition et la Majorité ont renouvelé leur ferme soutien aux Forces de défense et de sécurité. Elles ont plaidé pour le renforcement de la capacité opérationnelle et des moyens financiers et matériels des FDS. En plus, des propositions concrètes ont été formulées, pour une mieux faire face aux forces ennemies ;
- Un appel à la réconciliation nationale a été lancé par le Dialogue. Tous les fils et filles du Burkina ont été invités à s’impliquer dans le processus, de réconciliation, et le Chef de l’Etat à redoubler d’effort pour l’aboutissement de la réconciliation, impliquant le retour des Burkinabè qui sont à l’extérieur pour des raisons politiques.
-Pour la relance économique, le Dialogue a proposé des mesures à prendre pour relever les entreprises en difficulté et pour assainir le climat des affaires, lutter contre la corruption, le blanchiment d’argent et la politisation de l’Administration.
En plus de ces questions, les participants ont fait des recommandations sur les questions du Dialogue sociale, la gestion du Foncier et la législation sur le financement des partis politiques.
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Nous relevons un seul point non consensuel : la question de l’utilisation de la carte consulaire comme document d’enrôlement et de votation pour les Burkinabè de l’Etranger.
En outre, plusieurs questions ont fait l’objet de retrait de l’ordre du jour, faute d’accord. Ce sont, entre autres : la règlementation des réseaux sociaux, l’utilisation de l’acte de naissance comme pièce d’enrôlement, le renforcement des pouvoirs de l’ASCE et la relecture de la Loi 045 sur le droit de grève.
Mesdames et Messieurs,
Les travaux se sont tenus dans une très bonne ambiance. De part et d’autres, les participants ont su taire leurs différences et leurs divergences, pour ensemble voir comment ramener la paix dans notre cher Burkina Faso, comment renforcer la démocratie, et comment trouver des solutions aux problèmes qui assaillent les Burkinabè.
L’Opposition salue l’initiative du Chef de l’Etat de convoquer ce dialogue. C’est un acte de grandeur. Tout en souhaitant que le fil du dialogue ne soit pas rompu, l’Opposition promet de répondre présente à chaque fois qu’elle sera invitée à discuter des questions d’intérêt national. Car les intérêts de politiciens doivent être relégués au second plan, lorsque les fondements de la Nation sont menacés.
L’Opposition en participant à ce dialogue en toute bonne foi a joué sa participation. Il appartient désormais au pouvoir de traduire les engagements pris en réalité pour donner tout son sens à ce dialogue conformément aux engagements du Chef de l’Etat.
Chers journalistes,
Le Dialogue politique a certes obtenu un consensus sur des revendications de l’Opposition. Mais cela ne doit pas être interprété comme une pose d’armes de l’Opposition, ou une raison pour l’Opposition de se taire quand ça ne va pas. La Majorité continuera à gouverner, et nous continuerons de jouer notre rôle de veille et de critique constructive, pour le bien de notre Nation.

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