L’expulsion de migrants ouest-africains des États-Unis vers le Ghana suscite une vive controverse depuis l’annonce faite par le président John Dramani Mahama. Le 10 septembre 2025, il a confirmé l’arrivée à Accra de 14 migrants expulsés d’Amérique, conformément à un protocole d’accord signé entre Washington et Accra. Ces personnes, originaires du Nigéria, de Gambie et d’autres pays de la sous-région, devaient ensuite être réacheminées vers leur pays d’origine.
Mais cinq d’entre elles ont saisi la justice américaine pour contester la légalité de leur transfert, qualifié de « trompeur » par leurs avocats. Cette contestation judiciaire a relancé le débat sur la conformité constitutionnelle et la transparence de cet accord migratoire.
Expulsion critiquée par l’opposition
Au Ghana, l’opposition parlementaire dénonce une violation des règles institutionnelles. Selon le Nouveau parti patriotique, l’expulsion de migrants ouest-africains des États-Unis aurait dû faire l’objet d’une ratification parlementaire, comme l’exige la Constitution. Pour eux, le gouvernement a agi unilatéralement en engageant le pays dans un accord de portée internationale. Les critiques vont plus loin : plusieurs élus craignent que le Ghana apparaisse comme un pays aligné sur la politique migratoire controversée de Donald Trump, souvent accusée de discrimination et de brutalité. Le ministre des Affaires étrangères, Samuel Okudzeto Ablakwa, a rejeté ces accusations. En effet il affirme que le protocole a été soigneusement validé par le cabinet présidentiel et le procureur général. Il précise que le Ghana n’a reçu aucune compensation financière et que sa décision visait uniquement à réduire les souffrances humaines.
Expulsion de migrants ouest-africains contestée en justice
Pendant ce temps, aux États-Unis, la justice a été saisie par cinq migrants concernés par l’expulsion de migrants ouest-africains des États-Unis. Trois Nigérians et deux Gambiens affirment avoir été embarqués de force dans un avion militaire depuis la Louisiane sans information préalable sur leur destination. Selon la plainte, ils auraient été immobilisés pendant plus de 16 heures avant d’être envoyés à Accra. L’un d’entre eux, un homme bisexuel, a déjà été renvoyé en Gambie, où il se cache désormais, l’homosexualité étant criminalisée. Les avocats dénoncent des expulsions « trompeuses » permettant de contourner les protections judiciaires existantes. La juge saisie du dossier a reconnu son incompétence pour ordonner le retour des plaignants aux États-Unis. Néanmoins elle a exigé du gouvernement américain une garantie écrite assurant que les migrants ne seront pas renvoyés vers des pays où ils risquent persécution ou violences.
Cette affaire qui met en lumière les limites des accords migratoires bilatéraux, risque d’alimenter encore le débat politique au Ghana. Elle soulève aussi des questions sur la protection des droits fondamentaux des migrants. Notamment dans un contexte international marqué par une gestion de plus en plus restrictive des flux migratoires.