C'est un secret pour personne que la nomination de Yacouba Isaac Zida comme Général a crée une vague de protestation au sein de l'armée. Selon certaines indicretions « tout le monde savait que la nouvelle loi sur le statut des forces armées nationales visait à offrir une récompense de fin de transition au Lieutenant-Colonel Zida ».
Selon nos confreres du courrier confidentiels Cette loi, votée par le CNT, affirme très expressément que le chef de l’Etat peut user de son pouvoir discrétionnaire pour élever au grade de Général les officiers supérieurs portant la tunique de Lieutenant-Colonel. « C’est du Zida tout craché ! », ironise un haut gradé de l’armée. Et voilà qu’à deux mois de la fin de la transition, Zida a été nommé Général de Division.
Mais cette nomination a paru comme un « scandale » dans la haute sphère de l’armée. Au point que le nouveau Général était très mal à l’aise dans sa nouvelle tunique. Très vite, un projet de loi rectificatif de la loi portant statut des forces armées nationales a été conçu. Il a même été déposé sur la table du conseil des ministres. Correction majeur : il était prévu la possibilité, pour le chef de l’Etat, d’élever, en plus des Lieutenants Colonels, les Colonels au grade de général. Mais on ne sait pas trop par quelle acrobatie, le président Kafando a demandé de mettre le texte à l’écart. Plusieurs ministres affirment avoir été surpris par ce rétropédalage du chef de l’Etat. Pour tenter de calmer la grogne au sein de l’armée sans « brûler » les nouveaux galons de Zida, le président a décidé de nommer d’autres Généraux. Mais lorsqu’il a engagé les consultations très restreintes afin de « réparer le tort », le climat est devenu délétère au sein de la « grande muette ». Certains officiers, qui ont occupé d’importantes responsabilités pendant la transition, et qui ne savent pas a quelle sauce ils pourraient être mangés sous le régime Kaboré, ont tapé du poing sur la table, estimant que la grosse part du gâteau devait leur revenir. Ils étaient bien conscients que les divergences entre eux et certains militaires de l’ex-RSP pouvaient rebondir. Ils avaient donc besoin d’être mieux sécurisés et avoir un certain contrôle des forces armées nationales. Et pour cela, « il fallait les élever au grade de Général ; le sujet a été clairement posé au chef de l’Etat », confie une source militaire bien au parfum du dossier. Kafando a donc dressé, probablement sous le regard vigilant du Général Zida, une liste de neuf officiers qui devaient être promus, à titre exceptionnel, au grade de Général. Tous de « grands amis » de Zida ! Parmi eux, l’ancien ministre de la sécurité, le Colonel Denise Auguste Barry, l’actuel ministre des sports, le Colonel David Kabré, celui des Mines et de l’Energie, le Colonel Boubacar Bâ, le premier vice-président du conseil national de la transition (CNT), le colonel Honoré Lucien Nombré, et le président de la commission des affaires étrangères, de la sécurité et de la défense du CNT, le Colonel Boureima Ouedraogo. Les décrets de nominations devaient être officialisés le 23 décembre, juste après le dernier Conseil des ministres du gouvernement de transition. Mais le président a dû remettre sa liste dans la poche. Les vives critiques engendrées les récentes nominations d’ambassadeurs ont dû le dissuader. Le chef de l’Etat n’a pas voulu franchir la ligne rouge.
Source courrier confidentiel
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