Drame de La Mecque : l’histoire se répète.

Plus de 700 fidèles ont été tués et des centaines blessés dans une bousculade jeudi à Mina près de La Mecque, l'un des pires drames à frapper le grand pèlerinage dans le premier lieu saint de l'islam. Depuis l'annonce le matin de cette tragédie, la plus meurtrière à endeuiller le hajj depuis 25 ans, le bilan des victimes n'a cessé de grimper.
La bousculade, qui coïncide avec l'Aïd al-Adha, la fête musulmane du sacrifice, s'est produite lors du rituel de la lapidation de Satan qui consiste, pour les pèlerins, à jeter des cailloux vers trois stèles le représentant. Un choc entre une marée humaine quittant l'une des stèles et une foule venant en sens inverse a provoqué le drame, selon un responsable du ministère de la Santé.

 

811218-the-bodies-of-muslim-pilgrims-are-seen-after-a-stampede-at-mina-outside-the-holy-muslim-city-of-meccCette gigantesque bousculade survient neuf ans après un précédent meurtrier, dans la même zone du pèlerinage. Le 6 janvier 2006, 364 pèlerins étaient morts dans une bousculade pendant le rituel de la lapidation. Deux semaines avant le début du pèlerinage 2015, un drame d'un autre genre était venu ternir le tableau: le 11 septembre, une grue avait chuté sur le chantier d'agrandissement de la Grande mosquée de La Mecque, entraînant la mort de 109 personnes tandis que 400 autres furent blessées. Des vents violents soufflaient au moment de l'effondrement. C’est dans la vallée de Mina, lieu du rituel de lapidation, que se concentrent la majorité des drames qui ont endeuillé le hadj. Ces quinze dernières années, environ 3 500 pèlerins y sont morts lors de mouvements de foule.

L’incident le plus grave remonte au 2 juillet 1990, quand les systèmes de ventilation du tunnel de Mina, long d’un kilomètre, tombent tour à tour en panne. La chaleur devient vite insupportable pour les milliers de fidèles qui s’y trouvent et, rapidement, paniquent. Après avoir vainement tenté de minimiser le drame, le ministère saoudien de l’Intérieur annoncera un bilan de 1 426 morts. La plupart des accidentés ont été victimes d’hémorragies internes après avoir été piétinés.

Les bousculades se succéderont les années suivantes. En 1997, c’est un incendie provoqué par un réchaud à gaz qui avait ravagé des campements de toile dans la vallée de Mina, causant la mort de 343 fidèles. A chaque fois, le royaume est mis en cause pour son incapacité à organiser un pèlerinage suivi par 2 millions de personnes. En 1987, Riyad avait en revanche pu se défausser sur Téhéran. Cette année-là, 402 personnes, dont 275 Iraniens, avaient été tuées lors d’affrontements entre des pèlerins iraniens et des policiers saoudiens. Deux ans plus tard, des chiites koweïtiens étaient accusés d’avoir perpétré un double attentat aux abords de la Grande Mosquée. L’attaque avait fait un mort et 16 blessés. Quelques mois plus tard, la justice saoudienne fera exécuter 16 Koweïtiens accusés d’être les auteurs des attentats.

Cinquième pilier de l’islam, qui fait obligation à chaque musulman ayant les moyens matériels et physiques de s’y rendre au moins une fois dans sa vie, le pèlerinage de La Mecque (le hadj, en arabe) constitue chaque année un défi sécuritaire et logistique pour l’Arabie saoudite. Mais c’est aussi le point culminant d’un tourisme religieux dont le royaume tire des ressources substantielles.

 

 

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