Municipales 2016: L’abstention profite au MPP et sanctionne l’opposition !

Le message politique du dernier scrutin municipal est fort énigmatique. Le taux d’abstention faible est en soit un message. Mais lequel ?




C’est l’histoire du crapaud qui est violemment jeté dans une mare par quelqu’un qui ne lui voulait pas de bien. Or le crapaud dans la mare est bien chez lui. D’aucuns avaient souhaité une bouderie des urnes pour sanctionner le pouvoir du MPP. Il apparait que l’abstention lui a plutôt profitée.
Les municipales du 22 mai sont-elles une sanction, par le minable taux de participation ? C’est l’expression, à tout le moins, d’une désaffection pour la politique telle qu’elle apparait aux yeux des citoyens. Il y a donc un problème avec le système. Par contre ceux qui l’incarnent le mieux, (faut-il y voir un paradoxe ?) continue de tirer leur épingle du jeu. Le MPP sera, sans aucun doute, le grand gagnant de ces municipales. Il se produit la chose suivante ; le système ne satisfait pas les burkinabè, mais ceux-ci s’abstiennent d’en contrarier les effets. L’insurrection est passée et les gens sont retournés à leurs habitudes ; « vivre en marge du système ». Le système représentatif a visiblement du mal à s’ancrer dans notre pays.

Un taux proche de la moyenne !

A l’avant dernière municipale, celle avant les couplées de 2012, le taux de participation était d’environ 49%. Celle du 22 mai devrait franchir difficilement le seuil des 40%. Dans les deux grandes villes du pays, Ouagadougou et Bobo Dioulasso, la participation sera aux alentours de 25%. C’est-à-dire seul un électeur sur quatre est allé voter. Mais de façon globale donc, cette faiblesse du taux de participation à ce type de scrutin, n’est pas exceptionnel.
Un échiquier politique recomposé largement autour de la principale force politique qui a régenté le pays pendant près de 27 ans. Les scores cumulés MPP et CDP ramènent aux proportions des années Blaise. Il est symptomatique qu’en dehors du PDS/METBA, avec son fief de Dori, c’est le CDP qui a pu aussi conquérir un chef-lieu de région ; Ziniairé, le fief de Blaise Compaoré (comme par hasard !!!). L’opposition, dans son ensemble est à la traine. L’UPC pourrait diriger plus de mairies qu’en 2012. Mais aucun chef-lieu de région. Ni Manga, ni Tenkodogo pour Zéphirin. Zones qu’on peut considérer comme ses fiefs naturels. Comme lot de consolation, probablement quatre arrondissements de Ouagadougou, en alliance avec le CDP principalement. On le voit donc, le CDP reste une force politique de l’échiquier et un faiseur de roi.

Les insurgés « halal » s’effondrent !

Les municipales ne réhabilitent pas les « authentiques » insurgés. L’Unir/PS ne s’en sort pas. Même cette fois, il n’a pas pu conquérir Yako. Pourtant c’était l’occasion. En terme de contrôle des communes, les résultats provisoires officiels de la CENI, sauf erreur, ne laissent pas entrevoir que le parti de Benewendé va faire mieux qu’en 2012. Le PAREN de Tahirou Barry ne profite pas de l’effet présidentiel. Il devrait récolter peu de conseillers et se consoler probablement d’une commune rurale. A Ouagadougou, c’est zéro conseiller pour le PAREN. L’AJIR de Kanazoé non plus ne va pas mieux. Le Faso Autrement ne brille pas non plus. Surement un conseiller de-ci, de-là, mais guerre mieux. Au Kadiogo, il a pu pêcher un conseiller à l’arrondissement 3. Pas plus.

Les endurants et les émergents

Les endurants, au Kadiogo c’est sans conteste l’ODT de l’insubmersible Anatole de l’arrondissement 4, qu’il a toutes les chances de diriger encore. Il est en pole position et fait jeu égal avec le MPP. Le CDP en position d’arbitre. Les émergeants ce sont la NAFA, incontestablement qui remporte Réo, fief de son fondateur, le NTD, allié du MPP, qui engrange 3 postes de conseillers au Kadiogo. La NAFA, encore, dans l’arrondissement 7, celui de l’incident de la campagne électoral, s’en sort avec un conseiller. Même à l’intérieur du pays, à Yagha et Gorom le parti de Djibril Bassolé fait bonne figure.

Ceux qui s’effondrent !

L’ADF/RDA globalement s’effondre. Aucun conseiller dans les douze arrondissements de la capitale. A Ouahigouya, l’activiste Tass-Tass passe les mailles du filet, presque en solitaire. Dans le Yatenga, dernier bastion de l’Eléphant, aucune commune conquise. A Bobo Dioulasso, l’autre place forte de ce parti, les résultats n’ont pas été bons.
Une nouvelle législature et pas encore de rupture !
La première législature municipale de l’après Blaise, reste marquée par la domination de ses ex ouailles. MPP et CDP mènent la danse. L’UPC n’a pas réalisé de percée. Les insurgés « authentiques » non plus. Les bastions n’ont pas été renouvelés. Le PDS/METBA garde Dori. Le CDP s’emmure à Ziniaré.
Le MPP est le grand gagnant de cette élection. Il devrait contrôler 11 chefs-lieux de région sur les treize que compte le pays. Seuls Dori et Ziniairé lui échappe. Bobo Dioulasso, la deuxième ville du Burkina, lui a fait totalement allégeance. Tous les six arrondissements sont MPP. Salia Sanou, accueilli triomphalement après sa libération de prison n’a pas pu conserver la capitale économique dans le giron du CDP.
Koudougou la rebelle a aussi succombé. Il faut dire que le MPP a pu débaucher un gros poisson local, Beréwoudgou Boukaré. C’était l’auteur de la bonne performance du CDP aux législatives à Koudougou. Mais l’intéressé lui-même s’en défend. Il n’était pas présent pendant la campagne des municipales et cela a été « difficile pour ses camarades » admet-il.

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NAB

 

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