Excellence Monsieur le Président du Faso,
Suite aux graves accusations proférées contre ma personne par le présidium de l’Alliance des Partis de la Majorité Présidentielle (APMP) au cours de sa conférence de presse du 21 novembre 2019 ; au sujet de mon implication dans la perpétration des attaques terroristes au Burkina Faso, je me fais le devoir de vous adresser la présente afin de vous rendre compte de mon appréciation y relative et de formuler des suggestions.
Les accusations publiques portées à la connaissance de l’opinion par M. Clément P. SAWADOGO sont si graves et diffamatoires qu’elles mériteraient de faire l’objet d’une plainte en justice de ma part. Mais une bataille judiciaire entre nous par les temps qui courent prendrait les allures d’un conflit politico-médiatique au sein de la classe politique et nous offrirait un spectacle désolant concernant une question aussi sérieuse et délicate que la lutte contre l’extrémisme violent. C’est pourquoi, j’ai choisi de vous saisir personnellement afin que vous usiez de votre autorité pour calmer ce qui me semble être un jeu politicien et ramener à la raison les auteurs de ces accusations récurrentes, sans fondement. De telles accusations si on n’y prend garde, auront pour seules conséquences d’éloigner notre pays de l’adoption de solutions efficientes dans la lutte contre le phénomène terroriste.
Monsieur le Président du Faso ;
Vous avez-vous-même émis le vœu que les Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur s’unissent dans un élan patriotique pour constituer avec les Forces Armées nationales, un front robuste contre les forces du mal. Les déclarations de l’APMP au sujet de mon implication dans les agressions terroristes sont aux antipodes de ce qui m’était apparu comme une ouverture et une démarche consensuelle de votre part.
Toute ma carrière durant, au plan national et international, j’ai toujours œuvré pour la paix et la stabilité au Burkina Faso et en Afrique.
Avant mon incarcération à caractère politique, j’exerçais les fonctions d’Envoyé Spécial de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) pour le Mali et le Sahel ; précisément pour rechercher sur le terrain l’instauration de la paix et la promotion d’un développement durable.
Je suis meurtri de voir le Burkina Faso et la sous-région ouest africaine sombrer dans un chaos sécuritaire sans pouvoir mettre mon expérience à profit afin d’aider les forces militaires et paramilitaires dans l’exécution de leurs difficiles missions et de mettre ensemble nos populations à l’abri des conséquences dramatiques des agressions criminelles récurrentes. Je suis confiné pour l’instant d’une part, à prouver mon innocence totale au cours de mon procès en appel dans l’affaire dite du putsch manqué qui se déroulera bientôt je l’espère vivement et, d’autre part, à recouvrer ma santé.
Monsieur le Président du Faso ;
Pour réaliser l’union sacrée que vous souhaitez, il est impératif de calmer les tensions liées aux confrontations politiciennes inconvenantes d’où qu’elles viennent. Les propos et les comportements inutilement agressifs et provocateurs entameront sans aucun doute la sérénité dont nous avons tous besoin pour contribuer positivement à la restauration de la paix au Burkina Faso. Pour ma part, je ne voudrais entretenir aucune polémique partisane et enflammée qui nous éloignerait de nos nobles objectifs communsà savoir, faire du Burkina Faso un pays de paix, de sécurité et de prospérité.
Si à l’encontre de ma personne, ainsi que de mes camarades de l’ancien régime qui sont régulièrement pris à partie, il existe le moindre indice d’une participation à des actions terroristes, il serait plus judicieux de faire saisir la justice afin que devant le juge et le peuple burkinabè, les accusations soient clarifiées et que les éventuels auteurs de crimes soient confondus et poursuivis conformément à la rigueur de la loi. Si à l’inverse, comme j’en suis persuadé, rien ne prouve une quelconque culpabilité, la Nation entière gagnerait à bénéficier de notre contribution à l’effort national du retour à une situation de paix et de quiétude.
Monsieur le Président du Faso ;
Les accusations officielles formulées par l’APMP et relatives à ma supposéeimplication dans les attaques terroristes sont faites pour continuer à ternir mon imageet me priver de mes droits les plus basiques.
Le temps permettra au peuple burkinabé de connaître toute la vérité et de comprendre les véritables motivations de toutes ces accusations sans fondement fortement médiatisées et régulièrement servies à l’opinion publique.
Pour l’instant, l’urgence qui s’impose à tous devrait être la mobilisation de toutes les bonnes volontés, de toutes les ressources humaines et matérielles de notre pays afin de faire cesser les agressions terroristes multiformes dont la violence et la récurrence compromettront irrémédiablement les intérêts vitaux de la nation et partant, ceux de la région ouest africaine.
En attendant d’apporter utilement ma contribution à cette dynamique de paix si tel est votre désir, je voudrais réitérer Monsieur le Président, la requête à vous formulée par mes avocats de me permettre de sortir momentanément du Burkina Faso afin d’accéder aux soins de santé dans un hôpital spécialisé tel que prescrit par mes médecins traitants et autoriséepar la justice. Je me ferai l’honneur de répondre présent aux devoirs et aux obligations qui m’incombent, en particulier, de me présenter devant la chambre d’appel du Tribunal militaire dès qu’il me convoquera. J’attends ce procès avec impatience.
Puisse Dieu veillersur le Burkina Faso et nous armer de lucidité, de courage et de sagesse pour réaliser la paix et l’harmonie dans notre pays au profit de nos concitoyens !
DjibrillYipènè BASSOLE